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Il y a un an, comme des millions de personnes, j’étais rivée à mon écran, béate face aux images qui défilaient devant mes yeux. Des centaines de manifestants devenus émeutiers envahissaient violemment le Capitole, siège de la démocratie américaine.
Cette attaque, que plusieurs décrivent comme une insurrection, aurait pratiquement pu se produire aujourd'hui que nous aurions eu le même résultat : beaucoup de questions, peu de réponses.
Comment a-t-on pu ignorer tous les signaux d’alarme de cette catastrophe annoncée ?
Quelques minutes avant le début de l'assaut par les manifestants, l’ancien président Donald Trump leur avait demandé de « marcher vers le Capitole » en ajoutant qu’il était impossible de reprendre le contrôle du pays « avec de la faiblesse ». Un seul objectif ce jour-là : empêcher à tout prix la certification du vote qui confirmait la victoire de Joe Biden comme 46e président des États-Unis.
Un an plus tard, c'est toujours « the big lie »
Janvier 2022, les allégations de fraudes électorales, « the big lie », sont toujours bien ancrées dans l'imaginaire d'une importante partie de la population qui croit que Donald Trump s’est tout simplement fait voler l’élection par un vaste complot.
Un an plus tard, aucune fraude à grande échelle n’a été prouvée, malgré les recomptages dans plusieurs États où la course avait été plus serrée. Recomptages parfois payés disons-le par le camp Trump et qui n’ont pas donné les résultats escomptés.
Un an plus tard, une commission partisane (à majorité démocrate) tente toujours de faire témoigner des membres de l’entourage de l’ancien président pour faire la lumière sur la gestion (ou non-gestion) de la crise.
Nous avons appris dans les derniers jours que deux de ses enfants auraient implorés leur père en lui demandant de calmer le jeu, ce qui n’a pas été fait. Rappelons-nous que certains casseurs scandaient que l’ancien vice-président Mike Pence devait être pendu pour avoir refusé de freiner la certification.
Un an plus tard, peu de responsables derrière l'assaut du Capitole sont derrière les barreaux et plusieurs centaines de casseurs sont en attente d’un procès. Les preuves présentées par les procureurs sont massives : des milliers de vidéos diffusées par les manifestants sur les réseaux sociaux et des tonnes de messages de casseurs se préparant au pire. Jusqu’à maintenant, plus de 150 personnes ont plaidé coupables et quelques-uns sont déjà derrière les barreaux.
Photo: The Associated Press
Surnommé le «QAnon Shaman», Jacob Chansley (à droite, avec le couvre-chef en fourrure), était parmi les partisans de Donald Trump qui ont participé à l’attaque du 6 janvier 2021. Il a reçu en novembre dernier une sentence de 41 mois de prison.
Trump toujours banni des médias sociaux
Or, la situation aurait pu être pire : des armes à feu et des bombes artisanales ont été retrouvées. Impossible de deviner qu'elle aurait été l’issue de cette journée si des policiers et gardiens de sécurité n’avaient pas risqué leurs vies pour empêcher les casseurs de pénétrer dans l'enceinte du capitole et atteindre les élus. On déplore cinq morts suite à cette l’attaque, mais le bilan aurait pu être beaucoup plus important.
Un an plus tard, Donald Trump est toujours banni des réseaux sociaux pour avoir incité à la violence. C’est à ce jour la plus importante conséquence qu’il ait eue à subir après le procès en destitution, procès qui s'est soldé par un verdict de non-culpabilité.
Et maintenant ?
Selon un récent sondage du Washington Post et de l’Université du Maryland, un américain sur trois croit que la violence envers le gouvernement peut être justifiable dans certaines circonstances. De ce nombre, 40 % sont d’allégeance républicaine et 41 % se décrivent comme indépendants.
Dans un autre sondage, cette fois-ci de CBS-YouGov, 62 % des Américains s’attendent à un retour de la violence à la suite d’une future défaite électorale.
On ne sait donc pas quoi à s’attendre pour la suite. Certains vont jusqu’à prédire une éventuelle guerre civile américaine, d’autres croient qu’il y aurait une attaque à la démocratie si l’élection de 2024 ne penche pas en la faveur des républicains.
Mais peu prédisent un retour au calme accompagné d'une baisse de la polarisation du peuple américain.
Mais bon, on peut toujours rêver.