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Une infirmière qui a prodigué des soins à Shaikh trois mois avant les événements tragiques a dit n’avoir jamais remarqué de comportement inadéquat et ne s’est jamais senti menacée par le patient. Par contre, un préposé aux bénéficiaires affirme avoir été victime de menaces de la part de Shaikh, qui visionnait des vidéos de décapitation associées au mouvement djihadiste dans sa chambre, où il était placé sous haute surveillance.
Voyez le reportage de Marie-Michelle Lauzon dans la vidéo liée à l'article.
Shaikh aurait menacé le préposé de s’en prendre à sa famille et se serait fait si insistant qu’au bout d’une semaine, le témoin aurait contacté la police Laval, qui n’a pas donné suite à sa demande.
Ce préposé avait peur. «Il avait un focus sur moi, je n’ai jamais compris pourquoi», a-t-il témoigné devant la coroner en chef Géhane Kamel. «J’ai tenté de lui expliquer mon travail, mais il pensait que tout était de notre faute. J’évitais d’avoir des conversations.»
Au lendemain du contact entre le préposé et la police, le supérieur du témoin aurait ordonné le transfert de Shaikh dans un autre département pour une durée de deux mois, mais aucun rapport n’a été produit en lien avec ces événements. Les menaces envers d’autres préposés auraient alors continué, selon le témoin.
Shaikh recevait de la médicamentation par injection tous les trois mois. Selon les dires de l'infimière, s'il n'était pas bavard, il collaborait au moment de recevoir ses traitements. Selon la version des faits de celle-ci, rien ne laissait présager qu'il pouvait représenter un risque pour sa sécurité ou celle d'autrui.
8 nov 2018 – 19 juin 2019
23 juin 2020 – 5 février 2021
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Il avait d'ailleurs été hospitalisé à l'Institut Philippe-Pinel à plusieurs reprises, en plus de passer de longues périodes à l'unité des soins psychiatriques à l'Hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval. Au moment où il a commis ses crimes, il était en liberté depuis un an.
Shaikh avait reçu un diagnostic de schyzophrénie et avait des antécédents criminels, notamment d'agression sexuelle, de voies de fait et de menaces.
Selon l'avocat en responsabilité médicale Patrick Martin-Ménard, malgré les agissements de Shaikh, il ne faut toutefois pas faire d'amalgame entre les enjeux de santé mentale et les comportements criminels. «On doit se questionner sur l'accessibilité et le caractère adéquat ou non des soins de santé mentale. Mais ce n'est pas l'unique ou la principale question de cette enquête. Je pense qu'il faut éviter de tout voir uniquement sous la lunette de la santé mentale», a-t-il soutenu.
Les médecins et les psychiatres ayant soigné Abudlla Shaikh seront entendus en cour la semaine prochaine.
Abudlla Shaikh, 26 ans, a vraisemblablement commis trois meurtres de manière aléatoire en 24 heures dans la région de Montréal était équipé en armes pour commettre un véritable carnage, a-t-on appris mardi au deuxième jour de l’enquête publique de la coroner.
En moins d'une heure à Montréal le 2 août 2022, Shaikh a tué par balle André Lemieux, 64 ans, qui se trouvait à l'intérieur d'un abribus et Mohamed Belhaj, 48 ans, qui se rendait au travail à pied. Environ 24 heures plus tard, à Laval, il a tué Alex Lévis-Crevier, 22 ans, qui faisait de la planche à roulettes dans la rue.
André Lemieux était le père de l'ex-boxeur professionnel David Lemieux, qui espère «obtenir des réponses» au terme de cette enquête.
Avec des informations de La Presse canadienne.