Début du contenu principal.
«Depuis le début de la pandémie, on a constaté une augmentation de 30 % [des demandes]», lance d’emblée Jean-Rémy Provost, directeur général de l’organisme Relief, qui vient en aide aux personnes aux prises avec des problèmes d’anxiété, de dépression ou de bipolarité.
Ce dernier a constaté une gradation des problèmes chez les personnes qui sont venus chercher de l’aide. «Au départ, c’était beaucoup des questions d’anxiété et, petit à petit se sont installés des cas de dépression. Il y a maintenant des gens qui vivent avec des symptômes dépressifs assez marqués, surtout depuis l’arrivée [du variant] Omicron».
M. Provost affirme que la récente vague d’infections de COVID-19 causée par le nouveau variant a été «la goutte de trop» pour bien des gens au Québec. L’organisme Relief indique qu’il y a eu une augmentation notable du nombre d’appels de personnes, qui jusqu’alors n’avaient pas eu de problèmes, mentionnant avoir perdu leurs «points de repère».
À lire également - Santé mentale : des personnalités se livrent sur les réseaux sociaux
«Ma crainte, c’est qu’on ne voit que la pointe de l’iceberg», s’inquiète M. Provost, qui entrevoit une augmentation des appels à l’aide. «Est-ce qu'on va suffire à la demande ? Ça, c'est la question».
La rapidité, la force de frappe et l’imprévisibilité de la 5e vague dans la province ont généré beaucoup «d’inquiétude et d’insécurité», note la psychologue Dania Ramirez. «C’est très exigeant, vivre une pandémie, et on nous demande continuellement de nous adapter à de nouvelles mesures, à de nouvelles situations […] notre bassin d’énergie d’adaptation est de plus en plus bas», affirme la psychologue. Les caractéristiques liées à cette 5e manche contre la COVID-19 sont venues exacerber les problèmes déjà vécus par plusieurs. «On a senti que les gens étaient moins dans la déprime et plus dans la dépression avec des symptômes d'anxiété et de la difficulté à dormir», explique Mme Ramirez.
«Les gens sont tannés, ils sont épuisés et veulent que la situation change», a signalé Nicolas Dugal, directeur général chez Tel-Aide, organisme qui vient en aide aux personnes en situation de détresse psycologique.
Tel-Aide a aussi remarqué une hausse des appels à l'organisme alors qu'on a indiqué une hausse de 19 % depuis le début de 2022.
«C’est inquiétant de voir qu’il y a autant de gens qui sont en situation de désespoir ou qui ont besoin de parler à quelqu’un. Mais d’un autre côté c’est encourageant parce qu’il y a de plus de plus de gens qui osent en parler», relativise M. Dugal. «Le bien-être mental devient un sujet de moins en moins tabou».
Mardi, le gouvernement Legault a dévoilé son offensive pour rehausser l’accès aux services en santé mentale. Ainsi, le ministre délégué à la Santé Lionel Carmant a fait part mardi d’investissements de 1,15 milliard sur cinq ans qui seront répartis sur «plusieurs axes d'intervention».
D'après un reportage d'Emmanuel Leroux-Nega