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Québec ouvre les vannes pour rehausser l’accès aux services en santé mentale.
Voyez le résumé de notre journaliste Fanny Lachance-Paquette
Le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, a fait part mardi d’investissements de 1,15 milliard sur cinq ans, dont 361 millions $ d’argent neuf dans ce domaine.
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Un des éléments clés du « Plan d’action interministériel en santé mentale » consiste à utiliser le service 8-1-1 comme porte d’entrée pour orienter les personnes vers des services adaptés en fonction de leurs besoins.
«Notre vision consiste à mettre à contribution tous les acteurs touchés par le mieux-être de la population et la santé mentale», a déclaré le ministre.
«Au Québec, on a cette tendance à référer vers le psychologue et le psychiatre, où il y a des listes d'attente qui sont extrêmement longues tant au public qu'au privé, et nous ce qu'on fait, c'est de faire intervenir tout le monde: les infirmières, les infirmières spécialisées de première ligne, les infirmières praticiennes spécialisées en santé mentale, les ergothérapeutes, les psychoéducateurs.»
Le ministre Carmant a cependant précisé que l'on entend aussi embaucher et intégrer au réseau public de nombreux intervenants dans toutes les professions reliées. Ainsi, des sommes importantes seront consacrées à l'ajout de ressources humaines tant en psychologie qu'en psychiatrie, mais aussi d'autres intervenants spécialisés.
Des investissements de 85 millions $ sont également prévus pour rehausser les centres d'intervention en situation de crise, dont 10 millions $ pour créer deux nouveaux centres dans les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l'Estrie, qui en sont dépourvues.
Québec a aussi l'intention de jumeler des intervenants spécialisés avec les patrouilles policières pour les nombreuses situations impliquant des personnes en crise.
Un financement stable et récurrent sera octroyé aux organismes œuvrant en santé mentale à partir d'une enveloppe de 100 millions $, alors qu'une enveloppe de 470 millions $ est prévue pour agir auprès des jeunes et de leurs familles, dont 200 millions $ pour la promotion de la santé mentale et la prévention des dépendances en milieu scolaire.
«On veut outiller les familles avec les organismes communautaires qui ont une expérience à utiliser les mesures alternatives (à celle) d'appeler les policiers pour l'amener à l'urgence. Il y a une façon différente de gérer une personne qui a besoin de soins aigus en santé mentale», a avancé le ministre.
Le budget du Plan d'action prévoit, de façon plus générale, plus de 300 millions $ pour améliorer l'accès aux services et un autre 100 millions $ pour prévenir et mettre en place d'autres options que les hospitalisations psychiatriques, dont plus de 40 millions $ pour le déploiement graduel de l'hospitalisation à domicile.
«Un des grands problèmes, ce sont les durées de séjour en santé mentale. Si on offre les services de santé à domicile, on est capables de rejoindre des gens qui sont plus réticents à se faire soigner, on est capables d'avoir plus de services en première ligne et on est capables de donner un service plus intensif», a expliqué M. Carmant.
Il a ajouté que des essais ont été réalisés avec succès à Montréal et à Québec et que l'on veut «le déployer initialement dans six régions et par la suite l'étendre au Québec».
Le ministre Carmant a expliqué que les listes d'attente pour des services en santé mentale comptent quelque 20 000 personnes. Ses propos à ce sujet démontrent à quel point le réseau est déficient, puisque «la liste d'attente, elle est stable depuis le début de la pandémie et ça c'est quand même remarquable dans le contexte où on a une augmentation de 30 à 40 % des demandes de consultation».
Évidemment, il espère réduire cette liste d'attente avec l'effort en cours. «Les endroits où on a implanté le programme québécois, les listes d'attente ont baissé de 53 % malgré le contexte que l'on vit. On pense qu'avec le déploiement qu'on prévoit au printemps 2022 de ce programme à travers les différentes régions du Québec, on va voir une amélioration significative partout.»
Évidemment, un programme de cette ampleur va certainement se heurter au problème de pénurie de main-d'œuvre, qui n'a pas épargné le domaine de la santé mentale. Le ministre Carmant a cependant tenu à rappeler que le gouvernement a annoncé différentes mesures à ce chapitre en décembre dernier, notamment l'embauche de personnes détenant un baccalauréat et qui ne sont pas admissibles à des ordres professionnels dans des disciplines de santé mentale et de relations humaines. Le secteur de la santé mentale doit également bénéficier de la formation accélérée, d'ici 2022, d'agents administratifs.
Lionel Carmant a noté que 700 personnes s'étaient ajoutées en santé mentale entre février 2020 et décembre 2021 et dit s'attendre à ajouter 1000 postes à temps plein d'ici cinq ans.