Société

Grève des enseignants: des enfants ont faim en silence

Un certain nombre de grévistes sont plus silencieux et commencent à trouver le temps long. Comme leurs collègues, ils débraient sans fonds d’urgence et certains membres de la FAE se retrouvent dans une situation financière très précaire.

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Grève des enseignants: des enfants ont faim en silence MTLNI-FAMILLE DE 5 EN GREVE 15122023

Beaucoup d’enseignantes et enseignants rencontrés par Noovo Info sur les lignes de piquetage depuis le début de la grève générale illimitée de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), commencée le 23 novembre dernier, font preuve d’enthousiasme.

Mais un certain nombre de grévistes sont plus silencieux et commencent à trouver le temps long.

Comme leurs collègues, ils débraient sans fonds d’urgence. Certains membres de la FAE se retrouvent dans une situation financière très précaire. Ils n’ont d’autre choix que de se tourner vers les banques alimentaires.

L’organisme Moisson Laval peut en témoigner.

«Des gens n’ont pas les moyens de vivre sans salaire pendant plusieurs semaines», a souligné Wazna Azem, bénévole chez Moisson Laval, en entrevue avec Noovo Info, vendredi. Malheureusement, ils viennent cogner ici en demandant l’aide alimentaire.

«Franchement, c’est vraiment désolant.»
- Wazna Azem, bénévole chez Moisson Laval

De l'aide alimentaire pour les enseignants, une mesure exceptionnelle

En temps normal, les enseignants n’ont pas droit à l’aide alimentaire d’urgence en raison de leur salaire trop élevé, mais Moisson Laval a décidé de passer outre ses critères en raison de la situation exceptionnelle.

«Pour un couple, le seuil minimum, c’est 36 000 $ par année sans compter les allocations familiales», a expliqué Mme Azem. «Ils ont un salaire plus élevé que notre critère minimum pour aider les gens, [mais] on prend en considération le contexte. Nous aussi, on est des humains. On met les critères de côté et on répond au besoin ultime qui est de se nourrir.»

Un cercle vicieux

Cette situation fait en sorte que des organismes comme Moisson Laval ont un manque à gagner dans leurs récoltes de denrées alimentaires. Ironiquement, une grande part des récoltes annuelles des Fêtes proviennent habituellement… des écoles.

Chez Moisson Laval, depuis le début de la grève de la FAE, il manque 15 000 kg de denrées – l’équivalent de 175 000 $ – pour combler les besoins des familles.

Et en fin de compte, derrière les lignes de piquetage, des enfants risquent de souffrir d’une faim inassouvie. Moisson Laval a un programme de déjeuners-collations pour 4000 enfants dans les écoles de la ville de la couronne nord de Montréal.

Si les écoles sont fermées, ces 4000 enfants n’ont pas accès à ces collations.

«C’est ça qui m’inquiète beaucoup, c’est les jeunes.», a avoué à Noovo Info le directeur général de Moisson Laval, Jean Gagnon. «S’ils n’ont que nos collations le matin… Ils ne les ont pas en ce moment.»

Malgré ces turbulences, Moisson Laval compte distribuer 2000 paniers de denrées à des familles ce dimanche 17 décembre, un sommet en 39 ans.