Début du contenu principal.
«D'un côté, ça fait beaucoup trop longtemps que ces jeux-là sont dans l'App Store pour que ça soit de la fraude. Ils auraient été dénoncés. Mais d'un autre côté, j'ai comme l'impression que ça ne se peut pas et que c'est trop beau pour être vrai», se questionne-t-elle d’emblée.
Sa mission? Essayer de gagner l’équivalent du salaire minimum québécois – 15,75$ de l’heure – en jouant à quelques-uns de ces jeux en ligne. Pour les besoins de la cause, elle a décidé d’investir 5$ par application testée. Après tout, «il faut dépenser de l’argent pour faire de l’argent», écrivait le poète romain Titus Maccius Plautus (probablement).
Solitaire Clash est le premier jeu au banc d’essais de Camille Lopez, comme il lui semble attirer de nombreux internautes. Les publicités laissent présager que l’argent coulera à flots, promettant des gains allant jusqu’à 500$.
Près de 8 200 personnes ont également laissé une note sur l’App Store et il s’agit du 68e jeu le plus populaire auprès des utilisateurs d’Apple.
On l’informe qu’elle pourra jouer gratuitement pour le premier tournoi. «Ça veut dire que les autres, normalement, sont payants et il n'y a pas grand chose dans le matériel promotionnel qui nous dit que pour jouer à Solitaire Clash, pour pouvoir remporter de l'argent, il faut payer», note-t-elle.
Une fenêtre surgit rapidement alors qu’elle joue pour l’inviter à déposer un montant de 10$, présenté comme des gains réalisés dans l’appli. Mais après avoir entré ses coordonnées bancaires dans l’application, une bien mauvaise surprise l’attendait.
«Finalement, après avoir déposé le montant [je me suis rendue compte] que c'était plutôt moi qui payais 8 $ de mon argent, mon vrai argent, pour avoir finalement dans le jeu une balance de 18,81$», raconte la journaliste.
Arrivée à la somme de 18$, Camille Lopez a ensuite réussi à générer un montant de 37$. Les fonds gagnés ont toutefois commencé à fondre comme neige au soleil jusqu’à atteindre un total de 9,51$.
«Je pense que c'est le moment d'essayer d'encaisser ça, de le déposer dans le vrai compte de banque», explique-t-elle.
Notre collaboratrice a été incapable de déposer dans son compte de banque le montant de 9,51$. Le jeu lui a indiqué qu’un minimum de 4$ était nécessaire pour procéder au dépôt.
«Le jeu considère qu'une partie des sous, donc j'imagine les sous que j'ai achetés au départ avec mon 8 $, ce n'est pas de l'argent. C'est de l'argent que je peux juste utiliser dans le jeu», note-t-elle.
À la place de 9,51$, le jeu considère que la somme gagnée s’élève plutôt à un maigre 0,90$. En retirant la somme de 8$ investie au début, en une heure de jeu Camille a perdu 7,10$ au lieu de faire de l’argent.
Notre collaboratrice a tenté l’expérience avec d’autres applications promettant des gains comparables à Solitaire Clash. Les seuls tournois intéressants encore une fois étaient ceux où il fallait débourser de l’argent.
«Après une autre heure de jeu intensif, je peux affirmer que je n'ai pas fait le salaire minimum québécois. En fait, j'ai plutôt fait, roulements de tambour, moins 7,10 $», constate-t-elle.
Cette dernière remarque qu’il s’agit davantage de jeux de hasard déguisés en jeux de patience. «Ce sont des jeux pour lesquels il faut parier. Il faut miser de l'argent. Il faut dépenser notre argent pour pouvoir jouer. On est vraiment loin des promesses qui sont faites dans les publicités qu'on fait un peu partout», soutient Mme Lopez.
Il faut également faire attention au vocabulaire employé dans le jeu. «On nous fait croire à plusieurs reprises qu'on peut déposer l'argent dans votre compte. C'est plutôt le contraire», poursuit-elle.
Plusieurs internautes sur les réseaux sociaux mettent d’ailleurs en garde les potentiels joueurs qu’ils perdront probablement de l’argent. Notre collaboratrice n’a d’autre choix que de se ranger à leur avis.
Après environ deux heures à jouer à des jeux de patience, Camille Lopez n’a surtout plus… de patience.