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Montréal deviendra-t-elle Vancouver? Le centre-ville se dirigerait vers une «catastrophe financière»

«Ce qui se passe ici concerne tous les Montréalais.»

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«Catastrophe financière»: le centre-ville de Montréal perd de sa valeur «Catastrophe financière»: le centre-ville de Montréal perd de sa valeur

Un centre-ville sale, où le sentiment de sécurité n'est pas optimal, peut avoir de graves conséquences sur les finances d'une ville. Et Montréal n’y échappe pas; la valeur foncière des immeubles subit une réelle dégringolade, ce qui pourrait creuser encore davantage le déficit budgétaire.

Montréal centre-ville, qui représente 5000 entreprises, sonne l'alarme.

«On se dirige tout droit vers une catastrophe financière pour la Ville de Montréal», a lancé d’emblée le directeur général de Montréal centre-ville, Glenn Castanheira, en point de presse lundi.

Les dernières données sur la valeur des immeubles au centre-ville montrent une diminution de 15 % de la valeur foncière.

«Ce qui se passe ici concerne tous les Montréalais parce que si vous voulez avoir une bibliothèque dans votre arrondissement, une piscine, un parc, un parc à chiens, plus de police, peu importe, rien de tout ça n'est possible sans du financement. Et sachant que le centre-ville de Montréal, c'est le quart des revenus de la Ville de Montréal, il va falloir qu'on s'en préoccupe», rapporte M. Castanheira.

«Le nerf de la guerre»

Glenn Castanheira, dénonce le manque de ressources pour les personnes en situation d’itinérance qui se retrouvent au centre-ville, soulignant que la hausse de la toxicomanie et des enjeux en santé mentale briment le sentiment de sécurité des commerçants et des passants.

«L'itinérance a toujours existé au centre-ville de Montréal, a toujours cohabité. Ici, on parle de toxicomanie et de santé mentale», dit-il, ajoutant qu’il a lui-même été victime d’une agression à l’arme blanche par un homme qui «avait clairement des enjeux de santé mentale».

D’ailleurs, vendredi dernier, une garderie du centre-ville a décidé de déménager en raison de la grande présence de drogues aux alentours.

«Ils n'en peuvent plus des enjeux de sécurité qui vivent devant leur porte. Des parents qui laissent leurs enfants devant des personnes en train de consommer des drogues dures, devant un nuage de crack. Est-ce que c'est ça la ville qu'on veut? Nous, on dit non», lance M. Castanheira.

Montréal centre-ville a notamment engager des agents de sécurité qui, chaque jour, parcourent les artères où il y a davantage de problèmes.

«On n'a pas le pouvoir d'autorité d'arrêter quelqu'un comme un policier peut le faire. Je ne dirais pas que c'est un sentiment d'impuissance, je dirais plus qu’on fait ce qu'on peut», a rapporté un des agents de sécurité de Montréal centre-ville.

Il explique que lundi matin, lui et ses collègues ont dû appeler les policiers parce que quelqu'un fumait du crack devant des enfants.

«Je dirais que c'est ça le nerf de la guerre, ne pas normaliser des comportements inacceptables.»
- Glenn Castanheira directeur général de Montréal centre-ville

La Fraternité des policiers et policières de la Ville de Montréal est d'accord avec les commerçants et les citoyens concernant le niveau de sécurité au centre-ville. Dans un sondage qu'elle a publié lundi, on apprend que 42 % des répondants pensent qu'il faudrait accroître le budget du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

«On a deux choix: soit Montréal devient Vancouver ou Montréal reste Montréal. Alors on a très hâte d'entendre les engagements clairs des candidats et des candidates pour la mairie de Montréal», a souligné M. Castanheira.

Promesses électorales

Le chef de Projet Montréal, Luc Rabouin, rapporte que le travail est déjà en cours et va se poursuivre s'il est élu.

«Je me rappelle pendant la pandémie on disait: "le centre-ville va mourir." Le centre-ville n'est pas mort, mais c'est vrai qu'il y a des enjeux de sécurité. On a ajouté des ressources, on a une trentaine de policiers de plus», a-t-il expliqué en conférence de presse lundi.

Mais pour la cheffe d'Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada, au contraire, l'administration Plante continue d'improviser.

«Nous, on a dit que dès le jour un de notre élection qu’on allait mettre en place un groupe d'intervention tactique pour l'itinérance», a-t-elle rappelé en entrevue avec Noovo Info.

La présentation du cadre financier de la Ville, qui prévoit un trou de près de 500 millions $, n'inclut pas la perte de revenus liée à la diminution de 15 % de la valeur foncière des immeubles du centre-ville, estime la cheffe d’Ensemble Montréal.

«Donc, le cadre financier qu’on a aujourd'hui n'est pas bon et ça, pour une administration qui voit le centre-ville se dépérir, c'est une mauvaise planification financière. Et moi, ça, je trouve que c'est un peu un échec total d'une administration qui n'a pas su gérer ses finances», dénonce Mme Martinez

Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.