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Voici les intersections les plus étranges de Montréal, selon un expert

L'expert en circulation Rick Leckner affirme qu'il y a une pléthore d'intersections bizarres dans la ville.

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(La Presse canadienne)

Conduire à Montréal et dans ses environs peut nécessiter une certaine dose de finesse, de connaissances et d'expérience.

Par exemple, si vous vous dirigez vers le nord sur le boulevard Saint-Laurent, vous serez peut-être surpris de constater qu'il devient soudainement une rue à double sens.

Ce texte est une traduction d’un article de CTV News.

Vous montez l'avenue De Lorimier sur la voie de gauche? Surprise, il est maintenant obligatoire de tourner à gauche sur la rue Rachel.

Vous essayez de tourner à gauche sur le boulevard René-Lévesque? Pas de chance.

L'expert en circulation Rick Leckner affirme qu'il y a une pléthore d'intersections bizarres dans la ville.

En voici cinq qu'il considère comme les plus bizarres:

Sortie Ville-Marie Ouest (136) vers A-15 (autoroute Décarie)

«Certains de ces problèmes sont liés à la conception, mais d'autres sont dus à une mauvaise signalisation, a déclaré M. Leckner. Ville-Marie Ouest, la sortie pour ce que les gens appellent normalement l'autoroute Décarie, la signalisation est là, mais il y a un panneau environ un kilomètre avant, qui dit Décarie, qui est l'ancienne Décarie, et ça pourrait être réparé, mais ils refusent de le faire, et les gens ont pris la mauvaise sortie sans le savoir deux ans plus tard».

Le ministère des Transports du Québec explique que les normes de signalisation imposent que les autoroutes soient toujours indiquées par leur numéro et non par leur nom.

«Ici, le panneau indique la sortie vers le boulevard Décarie (municipal) et l'A-15 Sud, note le ministère. La sortie vers l'A-15 Nord est la suivante, c'est donc tout à fait conforme.»

Autoroute 20/boulevard Angrignon à partir de la rue Saint-Jacques

«C'est un exemple horrible de mauvaise conception. Le fait que des milliards de dollars aient été dépensés pour redessiner l'autoroute 20 a nécessité des années et des années de souffrance sur le plan de la circulation, et nous nous retrouvons aujourd'hui dans une situation pire qu'avant», a déclaré Rick Leckner.

«Vous avez quatre ou cinq voies en direction de l'ouest sur l'autoroute 20 dès que vous descendez de l'échangeur Turcot, et pourtant, lorsque vous arrivez à l'échangeur de Ville Saint-Pierre, tout se concentre sur deux voies», a-t-il ajouté.

Il souligne que la région connaît des embouteillages presque toutes les heures de la journée.

«C'est tout simplement inexcusable. Après tous ces travaux, tout cet argent, tous ces désagréments, nous nous retrouvons avec une situation pire qu'elle ne l'était», estime l’expert en circulation.

Rue Jean-Talon et boulevard Décarie

«Sur une distance d'un pâté de maisons, vous avez des voitures qui sortent de l'autoroute Décarie en direction nord et qui essaient de couper quatre voies pour tourner à droite sur la rue Jean-Talon, explique M. Leckner. Pendant ce temps, les voitures qui se trouvent juste devant coupent les voies parce qu'il y a beaucoup de circulation pour accéder à l'autoroute.»

Il qualifie cette zone, qui relève de la compétence de la Ville de Montréal, de «croisement rapide de trafic que la configuration ne peut tout simplement pas digérer».

«Le boulevard Décarie sert de voie de desserte à l'autoroute Décarie, ce qui entraîne des volumes de circulation élevés aux intersections du réseau municipal. La gestion de ces intersections, difficiles à traverser pour les transports actifs, demeure un défi», explique Hugo Bourgoin, responsable des relations avec les médias à la Ville de Montréal.

Le ministère des Transports du Québec explique quant à lui que «les quatre voies de l'A-20 ouest se divisent à la sortie 63 en deux voies vers le pont Mercier et deux voies continuant vers l'ouest sur l'A-20».

Il ajoute que «l'échangeur Saint-Pierre doit être reconstruit dans le cadre d'un projet majeur actuellement à l'étude et sa géométrie sera revue.»

Rue Paré et boulevard Décarie

«C'est une très mauvaise intersection, qui affecte non seulement la [rue] Jean-Talon et le [boulevard] Décarie, mais aussi tous ceux qui sortent de Côte Saint-Luc et de Hampstead le matin en essayant de traverser Décarie et la [rue] Vézina, l'[avenue] Plamondon et l'[avenue] Van Horne, a déclaré Rick Leckner. Les embouteillages sont si importants sur Jean-Talon et Décarie, puis le long de la voie de desserte, ils bloquent la circulation en direction du nord.»

La Ville de Montréal indique qu'il est prévu de revoir le secteur Namur-Hippodrome afin d'en «améliorer grandement la convivialité et la sécurité et de faire plus de place aux transports actifs et publics».

Cercle de l'Acadie

«Il y a tout simplement trop de croisements, trop de changements de voies qui sont nécessaires. Il faudrait peut-être envisager d'améliorer la signalisation, car si vous êtes sur la voie de desserte ou sur l'autoroute, il y a trop de choix à faire avec trop peu d'avertissements,» a déclaré l’expert en circulation Rick Leckner.

Le ministère des Transports du Québec reconnaît qu'«il s'agit d'une zone très fréquentée, avec un volume de trafic élevé dans un espace limité. La signalisation est adaptée en conséquence et peut nécessiter une vigilance accrue, comme dans toute zone comparable».

Le ministère ajoute qu'étant donné qu'une partie du secteur est sous la juridiction de la Ville de Montréal, «les villes sont libres d'adapter les normes d'aménagement routier à leur propre contexte et à leurs propres besoins».

D'autres intersections bizarres ont été retenues?

  • L'entrée du pont Jacques-Cartier en direction nord depuis la Rive-Sud (avec quatre voies possibles qui fusionnent en une seule en même temps) ;
  • L'entrée de l'autoroute Décarie en direction sud à partir de l'avenue Girouard (traversée de la circulation entrante pour accéder à l'autoroute); et
  • La bretelle d'accès à l'autoroute 15 Nord à partir du boulevard Gaétan-Laberge (il faut faire un demi-tour).

Comment remédier la situation?

Rick Leckner estime qu'une partie du problème réside dans ce qu'il appelle la «bible» du ministère des Transports du Québec.

«Ils se contentent de suivre les lignes directrices. Ils ne sortent pas des sentiers battus», a-t-il déclaré, ajoutant que les législateurs qui vivent dans la ville de Québec ne connaissent pas directement les problèmes de mobilité à Montréal.

«Malheureusement, Transports Québec a l'habitude de ne pas accepter ses responsabilités et de ne pas être vraiment disposé à faire des changements, a indiqué M. Leckner. Avec quelques changements mineurs, [les choses] pourraient être bien meilleures et, plus important encore, bien plus sûres, mais ils refusent tout simplement de le faire.»

Le ministère des Transports du Québec se défend en affirmant que les normes «sont le fruit de décennies d'expérience et d'innovation».

«Elles représentent la meilleure façon de faire les choses dans la grande majorité des cas et servent de référence pour les cas particuliers où des solutions adaptées sont nécessaires», explique le ministère à CTV News.

Le ministère des Transports explique qu'il suit des directives strictes lorsqu'il crée des «tracés routiers sûrs et conformes».

Néanmoins, il est ouvert à l'adaptation des conceptions si nécessaire, en fonction des cas individuels.

«Ces normes n'ont pas été établies pour être imposées. Elles doivent être considérées comme un guide pour des tracés idéaux, précise le ministère. Les acquisitions, les expropriations et le déplacement des équipements d'utilité publique sont autant d'éléments à prendre en compte, ce qui accroît la complexité des projets réalisés dans ce type d'environnement [urbain].»

La conception d'une route peut être revue si elle présente un taux d'accident élevé, ajoute le ministère.

«Elle sera évaluée en priorité et des solutions seront trouvées dans l'attente d'une refonte complète», conclut le document.