Justice

Procès d'un ex-notaire à Sherbrooke: victoire importante de la Couronne

La Couronne prétendait toutefois que même les plus banales des salutations visaient le même but, soit de perpétrer par la suite des infractions de nature sexuelle. La juge vient de confirmer qu’elle donne raison à la poursuite.

Mis à jour

Publié

Procès d'un ex-notaire à Sherbrooke: victoire importante de la Couronne Voyez le reportage de Guillaume Cotnoir-Lacroix.

La Couronne a remporté une bataille importante, au procès pour leurre informatique de l’ex-notaire sherbrookois Guillaume Corriveau. La juge Hélène Fabi a accueilli une requête en faits similaires du ministère public qui doit venir renforcer la preuve concernant certaines des victimes.

Concrètement, l’accusé avait tenté par l'entremise d'un faux profil Facebook d’entretenir des conversations avec des centaines d’adolescentes alléguées. Si certaines conversations étaient plus explicites – Corriveau disait par exemple être nu sous les couvertures –, d’autres, se terminaient simplement quand les adolescentes ne répondaient pas à ses salutations d’usage de type «salut, sa va?».

La Couronne prétendait toutefois que même les plus banales des salutations visaient le même but, soit de perpétrer par la suite des infractions de nature sexuelle. La juge vient de confirmer qu’elle donne raison à la poursuite et a exposé ses motifs ce matin.

«Son modus operandi est le même pour attirer des plaignantes. Il y a un haut degré de similitude entre les actes reprochés à l’accusé », analyse la juge, notant que toutes les plaignantes sont de sexe féminin, sont des adolescentes et ont un compte Facebook ou Messenger. La juge retient aussi, entre autres, que le vocabulaire de nudité revient souvent, tout comme le partage de messages intimes.

Conséquence de la décision de la juge, la Couronne pourra utiliser certaines portions de la preuve de victimes où Corriveau est plus explicite, pour prouver son intention coupable dans les autres discussions.

Le procès doit se poursuivre mardi avec le témoignage du père de l’ex-conjointe de Corriveau, ainsi que la suite du témoignage de l’ex-conjointe elle-même. C’est elle qui a trouvé les centaines de discussions avec les adolescentes sur la tablette de l’accusé. Deux autres témoins policiers sont attendus en cours de journée.

Selon les derniers chiffres fournis par la Couronne, l’ex-notaire pourrait avoir leurré jusqu’à 298 victimes.

Les audiences se poursuivent

L’audition des témoins a pu reprendre environ une heure après la décision de la juge, avec le témoignage de l’ex-beau-père de Guillaume Corriveau. Il est le père de celle qui était la conjointe de l’accusé au moment de son arrestation.

Le témoin, qui résidait en Gaspésie, est venu raconter que le couple et leur enfant se sont présentés à son domicile, à l’été 2020, quelques mois avant l’arrestation. Après l’arrivée du groupe le vendredi, lui et sa fille ont passé la journée ensemble le samedi, à la pêche à la mouche. Corriveau et son enfant de 18 mois seraient restés au domicile du beau-père.

En salle de cour, le témoin a été questionné sur l’accès au wi-fi à sa résidence, de même que sur son adresse IP. Quelques mois après la fin de semaine familiale, en octobre 2020, il a reçu un appel d’une enquêteuse, qui lui aurait notamment rapporté qu’une infraction criminelle avait été commise avec son adresse IP. Le témoin a révélé que Corriveau, qu’il rencontrait pour la première fois lors de ladite fin de semaine, avait constamment son cellulaire dans les mains.

Émotive, l’ex-conjointe s’est ensuite présentée de nouveau à la barre, mardi après-midi. C’est elle qui aurait découvert sur la tablette de son ex-conjoint des centaines de conversations sur les réseaux sociaux avec de présumées adolescentes, alors qu’elle le croyait infidèle. Rappelons que son témoignage avait été interrompu, plus tôt cet été, puisque la défense contestait l’admissibilité de la preuve contenue dans la tablette. Les avocates de l’accusé prétendaient que le contenu avait été obtenu par les policiers dans le cadre d’une fouille illégale. La juge Hélène Fabi avait toutefois rejeté cette requête, le 28 août dernier.