Le président américain Donald Trump et le premier ministre canadien Mark Carney cherchent à conclure une entente d'ici 30 jours en matière d'économie et de sécurité.
Avec un tel accord, le Canada souhaite faire tomber les droits de douane imposés depuis des mois par la Maison-Blanche.
L'échéance visée a été révélée dans le compte-rendu du bureau de M. Carney sur la rencontre qui a eu lieu lundi matin avec M. Trump.
«Le premier ministre Carney et le président Trump ont discuté des pressions commerciales actuelles et des priorités pour les travailleurs et les entreprises de chaque pays, et ont fait le point sur les principaux enjeux soulevés dans les négociations sur une nouvelle relation économique et de sécurité entre le Canada et les États-Unis», peut-on lire.
«Les dirigeants ont convenu de poursuivre les négociations en vue d'un accord dans les 30 jours à venir», ajoute-t-on.
À peine quelques heures plus tôt, le ministre responsable du commerce entre le Canada et les États-Unis, Dominic LeBlanc, avait savamment évité de s'avancer sur un tel échéancier.
Même chose pour l'ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman. Mme Hillman et M. LeBlanc ont tous deux pris part à une partie de la rencontre entre M. Carney et M. Trump, qui a duré plus d'une heure.
Questionné à savoir s'il excluait la signature d'une entente d'ici la fin du sommet de deux jours, le ministre LeBlanc a répondu qu'il n'est «pas naïf quant au travail qu'il reste à faire».
«Mais je suis encouragé par le progrès, encore là aujourd'hui», a-t-il dit.
Mme Hillman a renchéri en affirmant qu'une entente n'arrivera pas immédiatement. «Nous n'en sommes pas encore là. Nous avons un président qui est très convaincu de la politique qu'il a autour des droits de douane afin d'atteindre certains de ses objectifs», a soutenu celle qui a aussi été présente durant une portion de la rencontre.
Elle a fait valoir que, selon le Canada, l'approche de M. Trump, au contraire, lui nuit. L'ambassadrice estime qu'Ottawa arrive, au fil des conversations, à faire comprendre cette perspective aux Américains.
«Ça prend du temps. Ça prend beaucoup de données et beaucoup de faits (...) mais nous sentons qu'il y a un sentiment d'accélération dans les discussions depuis les dernières semaines», s'est-elle réjouie.
Le président américain a lui-même déclaré son attachement à son approche commerciale d'imposer des droits de douane.
«Je suis une personne de tarifs. J'en ai toujours été une. C'est simple, facile, précis et ça va juste très vite. Et je pense que Mark a une idée plus complexe, mais aussi très bonne», a-t-il résumé.
Néanmoins, il s'est montré optimiste que le Canada et les États-Unis puissent en arriver à une entente au cours des prochains jours.
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Première visite de Trump au Canada depuis Charlevoix
La présence de M. Trump au Canada dans le cadre du sommet du G7 à Kananaskis, en Alberta, marque le premier retour au pays du locataire de la Maison-Blanche depuis qu'il a quitté Charlevoix avec fracas, en 2018.
Le président avait alors insulté l'ex-premier ministre Justin Trudeau en partant avant la fin du dernier sommet du G7 au Canada.
M. Trump porte visiblement plus en estime M. Carney. Il a mentionné devant les médias réunis dans leur salle de rencontre bilatérale que tous deux ont «développé une très bonne relation».
Le président américain portait d'ailleurs une épinglette à l'effigie des drapeaux canadien et américain. Celle-ci n'a pas été offerte par le Canada en guise de cadeau de bienvenue, a précisé le bureau de M. Carney, laissant entendre que M. Trump avait pris l'initiative de la porter.
Des membres de l'administration Trump qui sont présents au sommet de Kananaskis, comme le secrétaire d'État Marco Rubio, arborent pour leur part des épinglettes en forme de feuille d'érable.
S'il a envoyé des signes d'amitié avec le Canada, le président américain a eu des mots très durs à l'égard de M. Trudeau, à qui il a attribué l'exclusion de la Russie de ce qui était auparavant le G8. En fait, c'était l'ancien premier ministre conservateur Stephen Harper qui était au pouvoir lorsque l'organisation a choisi d'exclure la Russie en 2014.
Questionné sur une possible désescalade entre Israël et l'Iran, le président américain a soutenu que les Iraniens devraient discuter aussitôt que possible.
«Je dirais que l'Iran n'est pas en train de gagner cette guerre et ils devraient parler. Ils devraient parler avant qu'il ne soit trop tard», a-t-il dit.
Après environ sept minutes de mêlée de presse impromptue en marge e la rencontre bilatérale, le premier ministre Carney a mis fin à l'échange avec les journalistes. Il a invoqué son autorité d'hôte du sommet, plaidant qu'il souhaitait maximiser son temps avec M. Trump.
«Discussions ouvertes et franches» entre alliés
Ce n'est qu'après cette rencontre avec M. Trump que le coup d'envoi officiel a été donné au Sommet du G7, avec une cérémonie d'accueil des différents chefs d'État dans le décor majestueux des Rocheuses.
Avant la première session de travail, M. Carney a dit aux alliés réunis qu'ils allaient avoir des «discussions ouvertes et franches» au courant des deux jours de sommet.
«Nous n'allons peut-être pas être d'accord sur absolument chaque enjeu, mais là où nous pourrons coopérer, nous allons faire une énorme différence», a-t-il prédit.
Contrairement à 2018, le gouvernement canadien tente par tous les moyens de parvenir à faire une démonstration d'unité au sein du G7.
Plutôt que de chercher à faire signer par tous un seul communiqué conjoint final, le Canada mise sur une série de déclarations communes plus courtes sur des sujets individuels.
Ottawa s'attend à un total de huit déclarations
Des négociations avaient lieu, lundi, entourant l'une d'elles portant sur les tensions entre Israël et l'Iran, a indiqué le bureau de M. Carney.
Plusieurs médias américains comme CNN ont rapporté que le président américain écartait l'idée de signer cette déclaration, information que La Presse Canadienne n'a pas été en mesure de confirmer.
Si l'absence de consensus pour cette déclaration se concrétise, cela sera une première ligne de fracture évidente durant ce sommet.
Un autre enjeu où des divergences pourraient transparaître est celui de l'invasion russe de l'Ukraine.
Ottawa a répété, au cours des derniers mois, qu'il souhaitait faire de la guerre en Ukraine sa priorité numéro un au cours de l'événement international. Dans cette veine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky sera à Kananaskis mardi.
Le G7 regroupe les États-Unis, la France, l'Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni, l'Italie et le Canada, ainsi que l'Union européenne.
Les dirigeants d'autres pays se rendent aussi à Kananaskis en tant qu'invités, comme la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, le premier ministre de l'Australie, Anthony Albanese, et celui de l'Inde, Narendra Modi.

