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Une juge interdit à l’administration Trump d'expulser des enfants guatémaltèques

L'administration Trump prévoit d'expulser près de 700 enfants guatémaltèques arrivés aux États-Unis non accompagnés.

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Des personnes attendent leurs proches originaires du Guatemala expulsés des États-Unis devant l'aéroport international La Aurora, à Guatemala, le 31 août 2025. Une juge américaine a temporairement empêché le gouvernement d'expulser un groupe d'enfant... Des personnes attendent leurs proches originaires du Guatemala expulsés des États-Unis devant l'aéroport international La Aurora, à Guatemala, le 31 août 2025. Une juge américaine a temporairement empêché le gouvernement d'expulser un groupe d'enfants guatémaltèques ayant traversé la frontière sans leurs familles, dimanche. (Moises Castillo/Associated Press)

Une juge américaine a temporairement empêché le gouvernement d'expulser un groupe d'enfants guatémaltèques ayant traversé la frontière sans leurs familles, dimanche. Leurs avocats ont déclaré que les jeunes avaient été embarqués dans des avions pendant la nuit, en violation des lois protégeant les enfants migrants.

Les avocats de dix mineurs guatémaltèques, âgés de 10 à 17 ans, ont affirmé dans des documents judiciaires déposés samedi soir que des informations circulaient selon lesquelles des avions étaient sur le point de décoller dans les heures qui suivaient pour ce pays d'Amérique centrale. 

Mais une juge fédérale de Washington a déclaré que ces enfants ne pouvaient être expulsés avant au moins 14 jours. Après une audience fixée à la hâte dimanche, elle a exigé qu'ils soient débarqués des avions et ramenés au centre de réinstallation des réfugiés pendant la procédure judiciaire.

«Je ne veux aucune ambiguïté», a déclaré la juge Sparkle L. Sooknanan, précisant que sa décision s'applique largement aux mineurs guatémaltèques arrivés aux États-Unis sans leurs parents ou tuteurs.

Les avocats du gouvernement, quant à eux, ont soutenu que les enfants n'étaient pas expulsés, mais réunis à la demande de leurs parents ou tuteurs – une affirmation que les avocats des enfants contestent, du moins dans certains cas.

Des demandes similaires ont également été déposées dans d'autres États. Des avocats de l'Arizona et de l'Illinois ont demandé aux juges fédéraux de ces États de bloquer les expulsions de mineurs non accompagnés, soulignant la rapidité avec laquelle le conflit autour des mesures gouvernementales s'est propagé.

Cet épisode a suscité l'inquiétude des défenseurs des immigrants, qui estiment qu'il pourrait s'agir d'une violation des lois fédérales visant à protéger les enfants arrivant sans leurs parents. Bien que les expulsions soient suspendues pour l'instant, cette affaire souligne l'enjeu crucial de la confrontation entre les mesures gouvernementales en matière d'immigration et les garanties juridiques mises en place par le Congrès pour certains des migrants les plus vulnérables.

Shaina Aber, de l'Acacia Center for Justice, une association de défense juridique des immigrants, a déclaré avoir été informée samedi soir qu'une liste officielle avait été établie avec les noms des enfants guatémaltèques que l'administration américaine tenterait de renvoyer dans leur pays d'origine. Les avocats ont appris que les vols partiraient des villes texanes de Harlingen et d'El Paso.

Mme Aber a entendu dire que les agents fédéraux du Service de l’immigration et des douanes «continuaient d'emmener les enfants», n'ayant reçu aucune information concernant la décision judiciaire.

700 enfants guatémaltèques expulsés

L'administration Trump prévoit d'expulser près de 700 enfants guatémaltèques arrivés aux États-Unis non accompagnés, selon une lettre envoyée vendredi par le sénateur Ron Wyden, de l'Oregon. Le gouvernement guatémaltèque s'est dit prêt à les accueillir.

Il s'agit d'une nouvelle étape dans les vastes efforts déployés par l'administration Trump pour faire respecter les lois sur l'immigration, qui comprennent notamment l'envoi d’agents en renfort à Chicago pour une répression accrue de l'immigration, l'intensification des expulsions et la suppression des protections accordées aux personnes autorisées à vivre et à travailler aux États-Unis.

Les avocats des enfants guatémaltèques ont déclaré que le gouvernement américain n'avait pas le pouvoir d'expulser les jeunes et les privait de toute procédure régulière en les empêchant de déposer une demande d'asile ou de bénéficier d'une aide à l'immigration. Nombre d'entre eux ont des dossiers en cours devant les tribunaux de l'immigration, selon le dossier déposé par les avocats auprès du tribunal de Washington.

 

Bien que les enfants soient censés être sous la garde et la surveillance du Bureau de réinstallation des réfugiés, le gouvernement «les transfère illégalement aux services de l'immigration et des douanes pour les mettre sur des vols à destination du Guatemala, où ils risquent d'être victimes de maltraitance, de négligence, de persécution ou de torture», peut-on lire dans le dossier déposé par les avocats du Young Center for Immigrant Children’s Rights et du National Immigration Law Center.

Un avocat d'un autre groupe de défense, le National Center for Youth Law, a déclaré que l'organisation avait commencé à entendre il y a quelques semaines, par l'intermédiaire de prestataires de services juridiques, que des agents du Homeland Security Investigations (HSI) interrogeaient des enfants, notamment guatémaltèques, dans les centres du Bureau de réinstallation des réfugiés. Le HSI est le service d'enquête du Service de l’immigration et des douanes des États-Unis. 

Les agents ont interrogé les enfants sur leurs proches au Guatemala, selon l'avocate Becky Wolozin.

Les enfants migrants voyageant sans leurs parents ou tuteurs sont remis au Bureau de réinstallation des réfugiés lorsqu'ils sont rencontrés par les autorités à la frontière américano-mexicaine. Une fois rendus aux États-Unis, ils vivent souvent dans des refuges supervisés par le gouvernement ou dans des familles d'accueil jusqu'à ce qu'ils puissent être confiés à un parrain – généralement un membre de la famille – résidant aux États-Unis.

Les mineurs peuvent demander l'asile, un statut d'immigration pour mineurs ou des visas pour les victimes d'exploitation sexuelle.

En raison de leur âge et des expériences souvent traumatisantes vécues à leur arrivée aux États-Unis, leur traitement est l'un des sujets les plus sensibles de l'immigration. Des groupes de défense des droits ont déjà intenté des actions en justice pour demander aux tribunaux de suspendre les nouvelles procédures de contrôle de l'administration Trump pour les enfants non accompagnés, affirmant que ces changements prolongent la séparation des familles et sont inhumains. Le Guatemala se dit prêt à accueillir les mineurs non accompagnés.

Le ministre guatémaltèque des Affaires étrangères, Carlos Martínez, a déclaré vendredi que le gouvernement avait fait part aux États-Unis de sa volonté d'accueillir des centaines de mineurs guatémaltèques arrivés aux États-Unis non accompagnés et détenus dans des centres gouvernementaux.

Le Guatemala est particulièrement préoccupé par le sort des mineurs qui pourraient dépasser l'âge limite d'admission dans les centres pour enfants et être envoyés dans des centres de détention pour adultes, a-t-il déclaré.

Le président Bernardo Arévalo a soutenu que son gouvernement avait l'obligation morale et légale de défendre les droits des enfants. Ses déclarations interviennent quelques jours après la visite au Guatemala de la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem.