Justice

Une juge bloque un décret de Trump qui interdirait les militaires trans dans l'armée

«Nous devrions tous convenir que chaque personne qui a répondu à l'appel au service mérite notre gratitude et notre respect.»

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011c87365e3b95749822832bf9a32ef9613b2bcca75d507db9e568a17faff529.jpg Le président Donald Trump arrive à bord d'Air Force One à l'aéroport international de Palm Beach, le vendredi 14 mars 2025, à West Palm Beach, en Floride. (AP Photo/Manuel Balce Ceneta)

Une juge fédérale a bloqué mardi l'application du décret du président Donald Trump interdisant le service militaire aux personnes transgenres, dernier d'une série de revers juridiques pour son vaste programme. 

La juge de district américaine Ana Reyes, à Washington, a statué que le décret du président Trump interdisant le service militaire aux soldats transgenres violait probablement leurs droits constitutionnels. Elle était la deuxième juge de la journée à se prononcer contre l'administration. 

Ces deux décisions sont d'ailleurs survenues à quelques heures d'un conflit extraordinaire, alors que M. Trump a demandé la destitution d'un troisième juge qui avait temporairement bloqué les vols d'expulsion, s'attirant une rare réprimande du juge en chef John Roberts.

Mme Reyes, nommée par le président Joe Biden, a reporté son ordonnance à vendredi matin afin de donner à l'administration le temps de faire appel.

«La Cour sait que cet avis suscitera un débat public houleux et des appels. Dans une démocratie saine, les deux sont des résultats positifs, a écrit la juge Reyes. Nous devrions tous convenir, cependant, que chaque personne qui a répondu à l'appel au service mérite notre gratitude et notre respect.»

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Le sous-lieutenant Nicolas Talbott, réserviste de l'armée, l'un des 14 militaires transgenres en service actif cités comme plaignants dans le procès, a dit qu'il retenait son souffle en attendant de savoir s'il serait séparé de l'armée la semaine prochaine.

«C'est un tel soulagement, a-t-il affirmé. C'est tout ce que j'ai toujours voulu faire. C'est le travail de mes rêves, et je l'ai enfin. Et j'étais si terrifié à l'idée de le perdre.»

La Maison-Blanche n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires. Le chef de cabinet adjoint de M. Trump, Stephen Miller, a commenté la décision sur les réseaux sociaux : «Les juges des tribunaux de district ont désormais décidé qu'ils commandaient les forces armées… cette folie n'a-t-elle pas de fin ?», a-t-il écrit. 

La juge a diffusé une injonction préliminaire demandée par des avocats qui représentent également d'autres candidats à l'engagement militaire.

Le 27 janvier, M. Trump a signé un décret affirmant que l'identité sexuelle des militaires transgenres «entre en conflit avec l'engagement d'un soldat à mener une vie honorable, honnête et disciplinée, même dans sa vie privée» et nuit à sa préparation militaire.

En réponse à ce décret, le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a publié une politique qui disqualifie présumément du service militaire les personnes atteintes de dysphorie de genre. La dysphorie de genre est la détresse ressentie par une personne en raison d'une discordance entre son sexe assigné à la naissance et son identité de genre. Ce trouble médical a été associé à la dépression et aux pensées suicidaires.

Les avocats des plaignants soutiennent que le décret de M. Trump viole le droit des personnes transgenres à l'égalité de protection garanti par le Cinquième Amendement.

Les avocats du gouvernement font valoir que les responsables militaires disposent d'un large pouvoir discrétionnaire pour décider de l'affectation et du déploiement des militaires sans ingérence judiciaire.

Des milliers de personnes transgenres servent dans l'armée, mais elles représentent moins de 1 % du nombre total de militaires en service actif.