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Une étude analyse l’impact cognitif de l’usage de ChatGPT

Les experts appellent à la prudence dans l'interprétation des résultats.

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(CTV News)

Une étude menée par le MIT révèle comment l’usage intensif de modèles de langage, comme ChatGPT, peut modifier certaines fonctions cognitives. L’expérience, publiée au début de l’été a été dirigée par Nataliya Kosmyna, chercheuse principale dans cette étude. Les résultats quant à eux restent nuancés et les experts appellent à la prudence dans leur interprétation.

L’équipe de recherche a invité 54 participants âgés de 18 à 39 ans à rédiger un texte sur un sujet lié à la philosophie ou à la morale. Les volontaires ont été divisés en trois groupes, un groupe utilisant ChatGPT, un groupe utilisant un moteur de recherche comme Google et un groupe travaillant uniquement à partir de sa mémoire et de ses connaissances.

Pendant chaque session, les chercheurs ont mesuré l’activité cérébrale des participants grâce à un électroencéphalogramme.

 

Une dette cognitive, mais sans déclin intellectuel

L’étude montre que les personnes utilisant ChatGPT présentaient une activité cérébrale plus faible que celles qui travaillaient sans aide. À l’inverse, les participants qui comptaient uniquement sur leur mémoire montraient une activité plus élevée, surtout dans les zones associées à la créativité et à la gestion de l’information.

Les chercheurs ont également évalué la mémoire après l’exercice : 83 % des participants ayant utilisé ChatGPT étaient incapables de citer leur propre texte avec exactitude, alors que les autres groupes s’en souvenaient mieux.

L’étude introduit la notion de dette cognitive, soit une tendance à déléguer certaines fonctions mentales à l’IA. Cependant, Nataliya Kosmyna tient à préciser que ces résultats ne signifient pas une baisse durable des capacités intellectuelles.

«Ces modèles ne rendent pas les gens moins intelligents, mais ils modifient la façon dont nous mobilisons nos aptitudes cognitives», explique la chercheuse sur son compte X.

Un usage réfléchi de l’IA

L’équipe du MIT insiste sur la nuance : les modèles de langage peuvent aider à produire du contenu rapidement, mais s’appuyer entièrement sur eux pourrait limiter la stimulation du cerveau.

Penser avec l’IA peut nous rendre plus performants. Penser à travers l’IA pourrait ne pas être la meilleure stratégie.

C’est d’ailleurs ce que croit Guillaume Lajoie, membre principal de l’institut Mila à Montréal et professeur associé à l’UDEM.

D’abord l’expert affirme que les résultats de l’encéphalogramme ne sont pas étonnants. Les activités qui étaient testées par l’étude étaient différentes, de ce fait les résultats de l’encéphalogramme se devaient d’être différents.

D’après Guillaume Lajoie, « soit on creuse un trou avec une pelle, soit on creuse avec une pelle mécanique et c’est clair qu’on n’engagera pas les mêmes muscles».

Pour ce qui est de la deuxième partie de l’étude, les participants qui avaient utilisé leur cerveau pour la rédaction de leur essai ont été invités à reproduire l’expérience avec cette fois-ci l’aide de Chat GPT. À l’inverse, ceux qui ont bénéficié de l’aide du grand modèle de langage ont répété l’exercice en utilisant seulement leurs fonctions cérébrales.

Les chercheurs affirment que le premier groupe avait en majeure partie bonifié leurs dissertations. Cependant les participants ayant d’abord utilisé Chat GPT avaient quant à eux des résultats mitigés autour du nouvel essai.

«Les auteurs émettent ici un grand bémol» explique M. Lajoie.

«On ne devrait pas voir là, un gros signal, l’échelle de temps est courte entre les deux exercices et on ne peut pas voir un retour à la normale immédiat, estime le chercheur.»

«Il reste de grandes questions sur les effets à long terme», ajoute-t-il.

L’étude reste préliminaire. Les chercheurs recommandent d’élargir les tests à des échantillons plus larges et de mesurer l’impact à long terme.