Société

L’intelligence artificielle comme psychologue?

«Des fois c’est à s’y méprendre!»

Mis à jour

Publié

L’intelligence artificielle comme psychologue? L’intelligence artificielle comme psychologue?

Séduits par son accessibilité et son faible coût, de nombreux utilisateurs utilisent l’intelligence artificielle pour obtenir du soutien psychologique sans recourir aux services d’un professionnel. L’IA est devenue un confident à qui parler de ses problèmes, recevoir des conseils en cas de conflits et analyser ses comportements psychologiques. 

Camille, 22 ans, utilise parfois l’IA pour se confier. «Des fois c’est à s’y méprendre! Tu te dis “OMG j’écris à quelqu’un qui est vraiment humain”, mais tu dois te rappeler que c’est pas vrai», raconte-t-elle en entrevue avec Noovo Info.

Elle a d'ailleurs fait des «tests» en racontant la même histoire avec deux perspectives différentes au logiciel d’intelligence artificielle ChatGPT. D’après ses observations, l’assistant conversationnel a tendance à donner principalement raison à la personne qui lui écrit et à beaucoup valider ses émotions. Cependant, il inclut généralement des points à améliorer pour nuancer ses propos. 

Noovo Info (Noovo Info)

Pour la travailleuse sociale Audrey Boyte, ChatGPT est un outil efficace pour pousser plus loin ses analyses et ses réflexions. La disponibilité et la gratuité de ce service l’incitent à utiliser d’abord l’IA pour se confier, mais elle consulte également une professionnelle en parallèle.  

L’avis des psychologues

Selon la psychologue Manon Tanguay, les assistants conversationnels sont un bon complément pour parler de ses problèmes, tout comme le fait de se confier à une personne de confiance. «C’est souvent ce qui va permettre aux gens de se conscientiser et de réaliser qu’il y a peut-être un problème quelque part et qu’ils devraient l’approfondir», souligne-t-elle. 

Elle explique qu'un robot n’a pas une sensibilité pour nuancer l’état d’un individu. Dans une situation où la personne qui se confie est fragile, elle pourrait ne pas savoir quoi faire avec l’information qui lui est renvoyée par l’intelligence artificielle. C’est là que la pratique peut devenir dommageable, met en garde la professionnelle.

Quant à lui, le directeur de l’Association des centres d'écoute téléphonique du Québec, Pierre Plourde, insiste sur le contact humain qui est perdu en utilisant une telle forme d’aide psychologique. «Je crains moi qu’on se laisse attraper par le côté invitant, mais qu’on ne soit pas tout à fait satisfait et qu’on perde un peu la qualité d’une interaction et d’une connexion humaine», évoque-t-il.

Alicia Miljour

Alicia Miljour

Journaliste