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Une députée libérale va présenter un projet de loi pour abolir le changement d'heure

Marie-France Lalonde souhaite mettre fin à ce qu'elle appelle la «pratique désuète» du changement d'heure.

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d4a9febfccb645b822c49c64009d6f8df3de3f860f68b4682c71b4799296a0b7.jpg La députée libérale Marie-France Lalonde se lève pendant la période de questions à la Chambre des communes, sur la Colline du Parlement à Ottawa, le vendredi 22 mars 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang (Justin Tang | La Presse canadienne)

La députée libérale Marie-France Lalonde souhaite mettre fin au rituel biannuel du changement d'heure. 

La députée de la région d'Ottawa prévoit déposer un projet de loi d'initiative parlementaire la semaine prochaine pour mettre fin à ce qu'elle qualifie de «pratique désuète» du changement d'heure.

«Il est temps de changer le changement d'heure», a déclaré Mme Lalonde aux journalistes jeudi. «Cet obstacle inutile a des répercussions sur la vie des Canadiens, et pas seulement sur le simple ajustement de leurs horloges.»

Le projet de loi demandera au gouvernement fédéral de tenir une conférence pancanadienne avec les représentants provinciaux et territoriaux ainsi que les représentants autochtones afin d'officialiser une entente visant à mettre fin au changement d'heure.

Mme Lalonde a cité les conséquences négatives du changement d'heure semestriel, notamment les problèmes de santé et la hausse du nombre d'accidents de la route. Elle a également déclaré que cette pratique entrave le commerce entre les provinces et avec les États américains.

«Pendant 117 ans, nous nous sommes contentés de suivre cette tradition, et en discutant entre nous à la table à manger, en partageant notre sentiment que ceci n'a aucun sens ou en débattant des raisons pour lesquelles nous continuons à le faire», a pointé Mme Lalonde. Donc, arrêtons d'en parler individuellement et parlons-en collectivement.»

La députée a rappelé que Port Arthur, en Ontario, aujourd'hui Thunder Bay, est devenue la première municipalité au monde à adopter le changement d'heure en 1908. Depuis, des collectivités partout au Canada et dans le monde ont adopté cette pratique.

L'Encyclopédie canadienne indique qu'Ottawa a officiellement instauré le changement d'heure en 1918 afin d'accroître la production en temps de guerre.

La Dre Rébecca Robillard, coprésidente du Consortium canadien de recherche sur le sommeil, a déclaré lors de la conférence de presse de jeudi que le changement d'heure avait des répercussions évidentes sur la santé, la sécurité et la productivité.

«Les recherches indiquent que certains groupes de la population sont plus touchés que d'autres, par exemple les enfants, les adolescents, les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques», a-t-elle expliqué.

«Je crois que nos décisions concernant le changement d'heure devraient être fondées sur des réflexions sociétales éclairées plutôt que sur des préférences individuelles. La communauté scientifique est très désireuse de soutenir ces réflexions.»

Un débat entre provinces et entre pays

La réglementation horaire relève de la compétence provinciale et territoriale, et la plupart des provinces et territoires observent le changement d'heure. La Saskatchewan l'a rarement appliqué et a adopté une loi pour rendre permanente l'heure normale du Centre en 1966.

Le Yukon a abandonné le changement d'heure en 2020, à la suite d'une consultation publique.

Marie-France Lalonde a souligné que la question est étudiée par d'autres provinces, les États-Unis et l'Union européenne.

Alors que le gouvernement du Canada se concentre sur la construction d'une économie unique qui fonctionne pour tous en supprimant les obstacles fédéraux, en accélérant les projets d'édification nationale et en rendant les choses plus abordables, Mme Lalonde a fait valoir l'importance d'examiner toutes les avenues qui pourraient compléter ces efforts.

Elle a déjà présenté un projet de loi visant à obliger l'Ontario à abandonner le changement d'heure lorsqu'elle était députée provinciale en 2019. Un projet de loi similaire a été adopté en Ontario l'année suivante.

Des discussions sur l'abandon du changement d'heure ont lieu partout au pays depuis des années.

En 2020, le gouvernement de l'Ontario a adopté une loi visant à mettre fin au changement d'heure biannuel, rendant ainsi l'heure avancée permanente, mais seulement si le Québec et l'État de New York acceptaient de faire de même.

En 2022, les premiers ministres du Canada atlantique ont décidé de reporter toute initiative visant à abandonner le changement d'heure jusqu'à ce qu'ils connaissent la réaction des administrations voisines.

Peter Graefe, professeur de sciences politiques à l'Université McMaster, a déclaré à La Presse Canadienne que les provinces hésitent à apporter des changements qui pourraient créer des problèmes pour les entreprises interagissant avec les provinces et les États voisins.

Un autre obstacle, a relevé M. Graefe, est que les provinces doivent décider si elles privilégient l'heure normale ou l'heure avancée.

Selon lui, l'arrêt du passage de l'heure normale à l'heure avancée, et inversement, pourrait avoir des répercussions négatives pour certaines personnes, selon leur degré d'appréciation de la lumière à certains moments de la journée et de l'année.

«Une initiative fédérale visant à organiser une conférence ou une forme de consultation sur le changement d'heure pourrait contribuer à résoudre le problème de coordination», a-t-il conclu. 

Les horloges seront reculées d'une heure à 2 heures le dimanche 2 novembre, revenant à l'heure normale.

Catherine Morrison

Catherine Morrison

Journaliste