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Le tableau sera vendu aux enchères le 20 novembre à Toronto, sa valeur étant estimée entre 100 000 $ et 200 000 $.
Lorsque le marchand d'art new-yorkais Allen Treibitz s'est rendu à une vente dans une grange des Hamptons il y a quelques mois, un tableau accroché dans l'ancienne structure a immédiatement attiré son attention.
L'œuvre représentant un grizzly sculpté au sommet d'un totem commémoratif portait la signature de l'emblématique peintre canadienne Emily Carr, mais Treibitz ne connaissait pas son travail et son héritage.
Pourtant, il savait qu'il y avait quelque chose de spécial à propos de cette toile.
«Elle se démarquait de tout le reste dans cette grange», a déclaré l'homme de 61 ans, qui vend des œuvres d'art depuis plus de 40 ans, lors d'un appel vidéo.
Treibitz a acheté le tableau pour 50 $ US (environ 67 $ CA) et après avoir fait quelques recherches préliminaires, il s'est rendu compte que sa valeur était probablement beaucoup plus élevée.
Ce n'est que lorsqu'il a contacté la maison de vente aux enchères Heffel Fine Art du Canada qu'il a compris la portée de sa découverte.
«On nous a fourni des photos et je n’avais aucun doute sur le fait qu’il s’agissait d’une découverte passionnante digne de Cendrillon», a confié le président de la maison de vente aux enchères, David Heffel, lors d’une entrevue.
Le tableau sera vendu aux enchères le 20 novembre à Toronto, sa valeur étant estimée entre 100 000 $ et 200 000 $.
L’œuvre intitulée «Masset, Q.C.I.» a été peinte en 1912 dans le cadre des efforts de Carr pour créer un vaste inventaire du patrimoine artistique des communautés des Premières Nations de la Colombie-Britannique. Elle représente un poteau commémoratif autochtone qui se trouvait à Masset, un village de l’archipel Haida Gwaii de la province.
L’œuvre aurait été un cadeau offert à l’amie de Carr, Nell Cozier, et à son mari dans les années 1930 et était depuis accrochée dans une grange des Hamptons. Le couple avait déménagé dans la région pour travailler comme gardiens d’un grand domaine après avoir vécu à l’origine à Victoria.
«Je vois beaucoup de choses très intéressantes (mais) celle-ci est (...) la chose la plus importante que j'ai jamais trouvée, a affirmé Treibitz. Le fait qu’elle ait été retrouvée et qu’elle soit de retour à son lieu d’origine est très important.»
Carr a incorporé dans le tableau des techniques et des styles qu’elle a appris lors de ses études d’art à Paris de 1910 à 1911, notamment en travaillant avec des aquarelles aux couleurs vives, a expliqué Gerta Moray, ancienne professeure d’histoire de l’art à l’Université de Guelph.
Moray, qui est l’autrice d’un livre sur l’imagerie des Premières Nations dans l’œuvre de Carr, a déclaré que le style du tableau était considéré comme un revers pour l’artiste à l’époque. Carr est née à Victoria en 1871 et était étroitement associée au célèbre Groupe des Sept, qui comprend Franklin Carmichael, Lawren Harris et A.Y. Jackson.
«Malheureusement, en raison de son style postimpressionniste parisien moderne, le tableau n’a pas été bien accueilli localement, a-t-elle expliqué. Elle n’a alors pas pu lui trouver une destination, ni au musée provincial, ni en obtenant un certain nombre d’achats publics.»
Heffel a déclaré que le tableau a été retrouvé dans son cadre et son châssis d’origine, et que rien n’y avait été fait depuis qu’il était accroché dans la grange.
«Il avait besoin d’un bon nettoyage et d’un rafraîchissement», a-t-il indiqué.
Carr a peint à nouveau le même poteau commémoratif en 1937, mais dans un angle différent.
Avant d’être mise aux enchères, sa peinture de 1912 sera présentée en avant-première dans les galeries Heffel de plusieurs villes, à commencer par Calgary vendredi et tout au long du week-end.
Elle sera ensuite exposée à Vancouver du 16 au 21 octobre, à Montréal du 31 octobre au 5 novembre et à Toronto du 15 au 19 novembre.
Treibitz aimerait que le tableau soit offert à un collectionneur d’œuvres de Carr ou à un musée.