Le journalisme n'est pas le métier le plus somptueux. Ça peut être un travail ingrat et impliquer une connexion Wi-Fi de mauvaise qualité dans un café, des déjeuners improvisés à faible valeur nutritionnelle et de longues périodes de sédentarité.
Mais Ben Gelinas espère que son jeu vidéo sur le journalisme sera à la fois intéressant et amusant.
«Times and Galaxy», dont la sortie est prévue le 21 juin sur consoles et PC, met les joueurs dans la peau d'un robot stagiaire pour la publication éponyme de «l'holopapier le plus fiable du système solaire».
Gelinas a quitté l'école secondaire en voulant devenir journaliste et a étudié à l'Université de Regina. Il a fait son premier stage au «Edmonton Journal».
Après avoir travaillé dans deux journaux du sud de l'Ontario, il a reçu un appel d'un rédacteur en chef du «Edmonton Journal» lui demandant s'il souhaitait retourner en Alberta.
Le travail, malheureusement pour lui, était celui d'un reporter sur les crimes.
«Je détestais tellement les reportages sur les crimes, a-t-il confié. Je suis timide dans le meilleur des cas. En tant que journaliste, j'ai mis mon chapeau (...) mais écrire sur le crime était tout simplement la chose la plus difficile.»
Cependant, Edmonton lui manquait et c'était un emploi permanent dans le journalisme pratiquement dès la sortie de l'école, alors il est parti.
Gelinas a passé trois ans au journal d'Edmonton à couvrir les crimes – probablement plus de 100 homicides, estime-t-il.
«Au bout d'un moment, je commençais à être vraiment épuisé», a-t-il affirmé.
Il a pris une pause en écrivant des articles sur les arts comme des critiques de concerts, mais il s'ennuyait également de l'adrénaline des nouvelles de dernière heure.
Un jour, le studio de jeux vidéo BioWare, basé à Edmonton, a appelé pour lui proposer une offre d'emploi qui, selon lui, lui conviendrait.
«Ils avaient besoin de quelqu'un pour reprendre leur histoire fantastique dans la série "Dragon Age" et la transformer en quelque chose de référençable en interne» – comme Wikipédia, a-t-il dit.
Il s'agissait d'une offre de contrat de six mois.
Gelinas, qui était alors dans la vingtaine, était confronté à un choix : conserver son emploi de journaliste permanent ou se lancer dans un emploi potentiellement temporaire dans une industrie qu'il a toujours aimé.
«J'ai pris le risque et je n'ai jamais regardé en arrière», dit-il avant de se corriger. «Eh bien, parfois je regarde en arrière. "Times and Galaxy", c'est regarder en arrière, n'est-ce pas ? Et ça me manque, mais je ne suis plus journaliste. Je suis développeur de jeux.»
«C'est tellement bizarre. Je fais ça depuis si longtemps et j'ai toujours l'impression d'être un imposteur.»
Le journalisme, un atout
Son expérience en journalisme a été un atout dans sa carrière naissante dans le développement de jeux vidéo, car il a apporté de nouvelles idées et perspectives. Son contrat a finalement été rendu permanent.
«J'ai apporté beaucoup d'histoires – pas spécifiques – mais du réalisme dans ce jeu que nous créions», a-t-il souligné.
Lorsque sa femme a trouvé un emploi à Toronto, Gelinas a quitté BioWare et est retourné vers l'Est. Désireux d'élargir ses compétences au-delà de l'écriture et de l'édition, Gelinas s'est connecté avec la communauté locale de développeurs indépendants et a créé «Speed Dating for Ghosts», présenté comme un «jeu d'horreur sain».
Après avoir travaillé sous contrat, notamment en écrivant pour «Control» du développeur finlandais Remedy Entertainment et «Gotham Knights» de WB Games Montréal, Gelinas est finalement retourné à Edmonton, où sa femme est journaliste.
«Times and Galaxy», son premier grand projet, a duré des années avec l'aide d'un groupe de créatifs qu'il avait rencontrés au fil des années à Edmonton et au-delà.
«Nous sommes une bande de bizarres de partout au Canada et une seule personne du New Jersey qui réalise ce jeu.»
Apprendre «les pieds dans l'eau»
La bizarrerie est partout dans «Times and Galaxy», un jeu d'aventure comique dans lequel le joueur, en tant que «Reporterbot», est envoyé pour couvrir toutes sortes d'histoires, y compris des expositions félines intersolaires et des funérailles de fantômes spatiaux.
Le jeu propose des personnages 2D dans des environnements 3D, comme la série Nintendo «Paper Mario».
Dans une première mission, Reporterbot est envoyé sur un accident de navette sur une planète aride. Notre intrépide stagiaire est accueilli par un «Policebot», qui propose une explication techniquement correcte: «Il y a eu un incident. Cet incident fait actuellement l'objet d'une enquête.»
Après un interrogatoire plus approfondi, le Policebot devient légèrement plus précis: «Une navette a heurté un objet ressemblant à un rocher.» Le reporter se fait ensuite dire de parler avec les relationnistes de la police.
C'est au joueur d'interroger les témoins, autorités ou experts sur place pour recueillir des informations, puis construire une histoire.
Gelinas affirme que les joueurs ont une expérience «les pieds dans l'eau» des types de défis auxquels les journalistes sont confrontés lorsqu'ils collectent des informations.
L’une de ses activités préférées en tant que journaliste, dit-il, était d’essayer de capturer ce qu’il avait appris et d’écrire une histoire à la fois précise et digne d’être lue.
«J'essaie d'en faire un jeu vidéo, avec des extraterrestres et des robots», a-t-il dit.
