L'émissaire spécial du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, s'est rendu vendredi dans le sud de Gaza, alors que la communauté internationale s'indigne de plus en plus de la famine, des pénuries et du chaos meurtrier qui règne près des sites de distribution d'aide.
M. Witkoff et l'ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, ont visité l'un des sites de distribution de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) à Rafah, la ville la plus au sud de Gaza, selon un responsable impliqué dans la visite. Ce responsable a requis l'anonymat, n'étant pas autorisé à informer les médias.
Les quatre sites de distribution du groupe se trouvent dans des zones contrôlées par l'armée israélienne et, au fil des mois, sont devenus des foyers de désespoir, où des personnes affamées se bousculent pour obtenir une aide rare. Des centaines de personnes ont été tuées par balles ou piétinées.
L'armée israélienne affirme n'avoir tiré que des coups de semonce sur les personnes qui s'approchaient de ses soldats, et la fondation soutient que ses sous-traitants armés n'ont utilisé que du gaz lacrymogène ou tiré des coups de semonce pour empêcher tout attroupement meurtrier.
La visite de M. Witkoff intervient une semaine après que des responsables américains se furent retirés des négociations de cessez-le-feu au Qatar, en mettant la faute sur le Hamas. Ils se sont engagés à rechercher d'autres moyens de sauver les otages israéliens et de sécuriser Gaza.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré jeudi que M. Witkoff avait été envoyé pour élaborer un plan visant à accroître les livraisons de nourriture et d'aide humanitaire afin de «sauver des vies et de mettre fin à cette crise», tandis que M. Trump a écrit sur les réseaux sociaux que le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise serait que le Hamas se rende et libère les otages.
«Le pire scénario de famine»
Les organisations internationales ont plaidé que Gaza est au bord de la famine depuis deux ans. Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), principale autorité internationale en matière de crises alimentaires, a affirmé que les récents développements, notamment un blocus total de l'aide pendant deux mois et demi, signifient que «le pire scénario de famine se joue actuellement à Gaza».
Bien que l'entrée d'aide humanitaire ait repris, notamment par parachutage, les quantités arrivant à Gaza restent bien inférieures aux besoins estimés par les organisations humanitaires. L'insécurité sur le territoire a rendu quasiment impossible l'acheminement sécurisé de nourriture aux Palestiniens affamés. Une grande partie de l'aide, limitée, est stockée puis vendue à des prix exorbitants.
Dans un rapport publié vendredi, Human Rights Watch a dénoncé «un système de distribution d'aide défaillant et militarisé, qui a transformé les distributions d'aide en véritables bains de sang».
L'armée israélienne et le cabinet du premier ministre n'ont pas répondu aux demandes de commentaires sur ce rapport.
Une vidéo du 30 juillet, publiée jeudi par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), montre un convoi humanitaire passant devant un poste frontière tandis que des tirs ricochent au sol près d'un lieu de rassemblement.
«Nous avons été accueillis sur la route par des dizaines de milliers de personnes affamées et désespérées qui ont déchargé directement tout ce qu'elles avaient à l'arrière de nos camions», a déclaré Olga Cherevko, membre du personnel d'OCHA.
La guerre entre Israël et le Hamas a commencé lorsque le Hamas a attaqué le sud d'Israël le 7 octobre 2023, tuant environ 1200 personnes et en enlevant 251 autres. Le Hamas détient toujours 50 otages, dont une vingtaine seraient en vie. La plupart des autres ont été libérés dans le cadre de cessez-le-feu ou d'autres accords.
L'offensive de représailles israélienne a tué plus de 60 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza. Ce décompte ne fait pas de distinction entre militants et civils. Le ministère est placé sous l'autorité du gouvernement du Hamas. L'ONU et d'autres organisations internationales le considèrent comme la source de données la plus fiable sur les victimes.
