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Un don de sang offre une seconde chance à un père après un glissement de terrain

«Sans Héma-Québec et sans le donneur anonyme, je ne serais pas là aujourd'hui», affirme le père de trois filles.

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Jean-Philippe Caty avec ses trois filles. Jean-Philippe Caty avec ses trois filles. (Courtoisie/Jean-Philippe Caty via CTV News)

En regardant Jean-Philippe Caty aujourd'hui, on ne pourrait jamais deviner qu'il y a deux ans, il luttait pour sa vie après avoir été emporté par une coulée de boue dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, au Québec.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

«C'est un peu irréel, car tout s'est passé très vite, et en moins d'une minute, le monde autour de moi s'est effondré», raconte-t-il à CTV News.

C'était le 1er juillet 2023.

M. Caty faisait une randonnée avec sa compagne, Pascale Racine, 44 ans, dans le parc national du Fjord-du-Saguenay.

À leur insu, la région recevait en quelques heures l'équivalent d'un mois de pluie.

Le couple a décidé de faire demi-tour et, alors qu'ils s'approchaient de leur voiture, ils ont remarqué qu'un arbre bloquait la route.

Soudain, raconte M. Caty, un grand bruit a retenti dans la forêt.

Le sol s'est mis à bouger sous leurs pieds.

Ils se trouvaient au milieu d'un glissement de terrain.

«Le glissement de terrain a duré environ 15 secondes, et je me suis retrouvé dans la rivière», explique-t-il.

«J'étais là, essayant de comprendre ce qui venait de se passer, et j'ai compris que quelque chose d'extraordinaire venait de se produire ce jour-là.» 
- Jean-Philippe Caty
Jacques Boissinot/La Presse canadienne Des équipes commencent les réparations d'un tronçon emporté par les eaux de l'autoroute 170 à Rivière-Éternité, au Québec, le dimanche 2 juillet 2023. (Jacques Boissinot/La Presse canadienne)

La puissance du glissement de terrain a poussé le couple dans la rivière, les séparant l'un de l'autre.

Incapable de voir ou d'entendre Racine, Caty se souvient s'être agrippé de toutes ses forces à une branche d'arbre, déterminé à ne pas lâcher prise.

«Je m'agrippais à la branche, sachant que si je lâchais prise, je mourrais », raconte l'homme, se souvenant de la douleur atroce qu'il ressentait. «J'ai réalisé que c'étaient mes jambes, et à ce moment-là, j'ai compris qu'il m'arrivait quelque chose de vraiment horrible, et j'ai commencé à comprendre que la douleur que je ressentais était liée à la fracture de mes deux fémurs.»

Incapable de bouger, celui aujourd'hui âgé de 44 ans, raconte avoir tenu bon pendant 90 minutes avant qu'une voix ne résonne à travers les débris : «Ne bougez pas, nous venons vous chercher.»

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Des pompiers volontaires étaient arrivés pour le secourir.

Il a passé 75 jours à l'hôpital, a subi 10 opérations et a passé des centaines d'heures en physiothérapie.

Pascale Racine est décédée ce jour-là, ainsi qu'une deuxième personne, Pascal Héon, 48 ans.

«On se demande toujours pourquoi on a survécu. Et il n'y a pas vraiment de réponse à cette question», explique-t-il à CTV News. «J'ai dû me battre de toutes mes forces dans la rivière pour pouvoir continuer à vivre. C'est donc quelque chose avec lequel je dois vivre aujourd'hui.»

L'importance des dons de sang

Jean-Philippe Caty affirme que s'il est encore en vie aujourd'hui, c'est en partie grâce aux nombreux dons de sang et de plasma qu'il a reçus, ainsi qu'à la greffe du tibia d'un donneur décédé.

«Sans Héma-Québec et sans le donneur anonyme, je ne serais pas là aujourd'hui», a-t-il déclaré. «Je tiens à remercier chaleureusement les personnes qui donnent leur sang chaque jour, chaque mois... Vous ne savez pas nécessairement pourquoi vous le faites, mais je peux vous dire que je suis l'une des raisons pour lesquelles je suis encore en vie.»

Courtoisie/Jean-Philippe Caty via CTV News Jean-Philippe Caty donne son sang pour la première fois le 2 septembre 2025. (Courtoisie/Jean-Philippe Caty via CTV News)

Héma-Québec, l'organisme à but non lucratif qui fournit du sang et d'autres dons d'origine humaine aux hôpitaux de la province, affirme qu'il mène une campagne permanente pour encourager davantage de personnes à s'inscrire comme donneurs.

«Le principal problème que nous rencontrons pour convaincre de nouveaux donneurs est peut-être le fait qu'ils ne connaissent jamais le résultat de leur don de sang ou de plasma. Ils ne voient jamais les personnes qui en bénéficient», a indiqué Josée Larivée, porte-parole de l'organisation. «Les personnes qui font un don doivent croire que ce produit sera envoyé à un hôpital et qu'il sauvera réellement la vie de quelqu'un.»

Elle ajoute qu'Héma-Québec s'efforce chaque jour de recueillir 1000 dons de sang et qu'elle a pour objectif de doubler le nombre de dons de plasma par an.

«C'est un combat quotidien», admet Mme Larivée. «Mais vous savez quoi ? Nous y parvenons, et ce n'est pas magique. C'est grâce à la générosité des Québécois.»

Reconnaissant pour le traitement qui lui a sauvé la vie, Caty s'est inscrit pour donner son sang et a retroussé ses manches le 2 septembre, pour la première fois de sa vie.

«Cela ne faisait tout simplement pas partie de ses priorités, comme c'est le cas pour 97 % de la population», explique Mme Larivée.

«Cela signifie-t-il que nous sommes égoïstes? Non. Cela signifie-t-il que nous n'avons pas le temps? Peut-être. Mais si nous pouvions voir devant nous une personne qui a besoin de produits sanguins, il est certain que la plupart d'entre nous retrousseraient simplement leur manche et se feraient piquer.»
- Josée Larivée, porte-parole d'Héma-Québec

Aujourd'hui, deux ans après ce jour fatidique, M. Caty dit que tout ce qu'il souhaite, c'est vivre pleinement sa vie et encourager davantage de personnes à envisager de donner leur sang et leur plasma pour aider ceux qui en ont besoin.

«Je suis le papa le plus heureux du monde, avec trois magnifiques filles qui m'ont rendu la vie plus facile», dit-il. «J'ai survécu à cette catastrophe et j'ai toujours une raison d'être ici.»