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C'est le tueur à gages Frédérick Silva qui aurait commandé l'attentat contre le journaliste.
Révélations troublantes vendredi matin dans La Presse alors qu'on rapporte que le journaliste d'enquête Daniel Renaud aurait été visé par un « contrat » pour l'éliminer.
C'est le tueur à gages Frédérick Silva qui aurait commandé l'attentat contre le journaliste spécialiste de la couverture du crime organisé. Selon le récit, il aurait offert 100 000$ pour qu'on effectue le travail.
Selon le journaliste à La Presse, Vincent Larouche, ces révélations sont troublantes.
Frédérick Silva aurait lui-même avoué aux policiers comment il a pris pour cible M. Renaud lors de ses aveux faits auprès des autorités. Il a raconté en 2021 alors qu'il était incarcéré pour des histoires de meurtre avoir voulu se débarrasser du journaliste qui couvrait à l'époque son procès et avait écrit de nombreux articles à son sujet.
Les membres du crime organisé qu'il a contacté lui auraient déconseillé de s'attaquer à un journaliste.
«J’ai dit que j’étais tanné de lui et que je m’arrangerais avec ça. Ils m’ont juste dit : “OK, fais comme tu veux, on est avec toi dans tes décisions”», peut-on lire dans La Presse.
Le «contrat» aurait été en vigueur pendant environ deux mois.
C'est la Sûreté du Québec (SQ) qui a averti Daniel Renaud de la situation qui relate avoir été «ébranlé» par toute cette affaire.
«Je fais toujours attention à ce que j’écris. Pour moi, le meilleur gage de ma protection, ce sont mes écrits», a affirmé celui qui était au courant de cette affaire depuis deux ans.
«Je ne me censure pas, mais je fais toujours preuve de retenue pour ne pas entrer dans les détails de la vie privée des criminels et éviter de mettre des vies en danger. Je ne pensais donc jamais que j’aurais pu faire l’objet d’un tel contrat», a poursuivi M. Renaud.
Selon le journaliste Vincent Larouche, le fait d'être au coeur de la nouvelle déplaît à M. Renaud. «C'est quelqu'un qui veut juste faire son travail et rapporter les faits sobrement et professionnellement. Ça le déplaît beaucoup d'être au centre de l'attention. Ce n'est pas ce qu'il recherche», a-t-il expliqué en entrevue avec Noovo Info, ajoutant que les confessions de M. Silva reviennent au coeur de l'actualité. «On n'accepte pas une attaque comme ça, contre la liberté de la presse.»
Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Éric-Pierre Champagne, un collègue de Daniel Renaud à La Presse, s'est dit secoué par ces révélations. Il a rappelé la tentative d'assassinat du journaliste Michel Auger, atteint de plusieurs projectiles dans le dos dans le stationnement du Journal de Montréal en 2000, un geste qui avait mis énormément de pression sur le crime organisé. «Je pense qu'on croyait peut-être à tort que c'était terminé ça. Et là on voit que finalement ce n'était peut-être pas le cas.» Il a d'ailleurs noté que Frédérick Silva s'était fait dire par le milieu que ce n'était pas une bonne idée.
«Daniel, c'est un des journalistes qui couvre les affaires judiciaires, le crime organisé, mais ça aurait pu être quelqu'un d'autre là. C'est un de ceux qui a le plus couvert le procès de M. Silva et c'est donc vraiment un journaliste qu'on ciblait parce qu'on voulait le faire taire, l'empêcher de continuer à faire son travail. Dans ce sens-là c'est vraiment la profession qui est visée», a-t-il conclu.
Les politiciens québécois ont eu vent des révélations troublantes selon lesquelles Daniel Renaud, journaliste d’enquête de La Presse, aurait été visé par un contrat de 100 000 $ commandé à un tueur à gages pour le tuer. «On n’est pas dans un film», s’étonne François Legault.
Cette histoire s’est produite dans le monde réel, celui du Québec de 2024. «Ça n’a pas de bon sens», a réagi le premier ministre en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.
«On va continuer de regarder avec les policiers ce qu’on peut faire contre le crime organisé, contre des criminels comme [Frédérick] Silva», a commenté M. Legault, évoquant l’identité du mercenaire présumé qui aurait avoué aux policiers comment il a pris Daniel Renaud pour cible, selon ce qu’a rapporté La Presse.
Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, n’a pas annoncé d’action ciblée particulière à la suite de la parution de l’article de La Presse, quoiqu’il a partagé son inquiétude et a indiqué qu’il y a suffisamment «d’outils» à la disposition des services policiers de la province pour combattre le crime organisé.
«Le fait qu'on souhaitait s'attaquer à un journaliste qui suit les affaires judiciaires et c'est extrêmement grave, c'est un symptôme d’un changement de culture dans le crime organisé», a-t-il dit.
Vincent Marissal, un ancien journaliste et chroniqueur à La Presse, a offert sa «collaboration» au gouvernement Legault. «Si on a besoin de revoir certaines mesures», le député de Québec solidaire (QS) offrira son appui. «Il y a des gens qui sont prêts à tout pour continuer leur petit business illicite et faire régner la terreur», a-t-il dénoncé.
Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, lui aussi un ancien journaliste a fait valoir que Daniel Renaud était un reporter sobre qui évite le sensationnalisme. «Si Daniel Renaud a pu être l'objet d'une telle menace, tu ne peux pas faire autrement que de penser aux autres journalistes qui font des enquêtes dans le milieu criminalisé. Et tu penses à notre démocratie aussi et tu te dis qu'il y a encore des criminels qui pensent qu'ils peuvent s'en prendre aux journalistes puis mettre un prix sur la tête, mettre un contrat sur la tête d'un journaliste. Je trouve ça très inquiétant en fait pour notre démocratie. J'ai été vraiment assez consterné et assez ébranlé par ce que j'ai lu ce matin.»
Enfin, c’est une Marwah Rizqy très ébranlée qui s’est présentée en point de presse à l’Assemblée nationale, vendredi matin.
«Le quatrième pouvoir, c'est le journaliste déjà qui meurt à petit feu pour des raisons financières», a-t-elle statué, la voix tremblante au podium. «Imaginez, quand vous et votre famille, ne pas vous sentir en sécurité pour faire votre propre travail, alors que votre travail est non seulement pertinent, mais nécessaire.»
Selon la députée libérale, «dans une démocratie qui est saine, s'il n'y a plus de contre-pouvoir, plus personne pour poser des questions, […] on peut fermer les lumières.»
De son côté, le député péquiste Pascal Paradis a offert son soutien au journaliste et à sa famille, ajoutant que «le travail des journalistes dans ce genre de dossier est absolument essentiel partout sur la planète, le travail des journalistes là-dessus est essentiel. [...] Ce qu'on veut, c'est que les journalistes puissent continuer ce travail avec toutes les protections possibles dans le plus grand contexte de sécurité possible. Et ça, ça veut dire qu'il faut se poser la question, donc de la liberté journalistique. Elle est liée aussi à la façon dont on conduit la lutte au crime organisé au Québec.»
Le dossier a fait l'objet d'une motion présentée par le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, et adoptée à l'unanimité à l'Assemblée nationale. Celle-ci rappelle «l'importance du travail des journalistes dans une société libre et démocratique», qui «condamne fermement l'intimidation, les menaces ou tout autres gestes posés à l'encontre des journalistes afin de limiter leur liberté de presse» et qui, finalement, «exprime sa solidarité envers Daniel Renaud, journaliste à La Presse ainsi qu'à l'ensemble de la communauté journalistique».
Les députés fédéraux ont eu le même réflexe, à la Chambre des communes, adoptant à leur tour de façon unanime une motion déposée par la leader adjointe du Boc québécois, Christine Normandin. Cette motion affirme que «la Chambre offre son soutien au journaliste de La Presse, Daniel Renaud, dont la tête a été mise à prix par des membres du crime organisé», et rappelle «que le travail des journalistes est l'un des piliers de notre démocratie et que celui-ci se doit d'être exercé sans crainte de représailles ou de menaces à l'intégrité physique ou morale de celles et ceux qui le pratiquent».
Avec la collaboration de Jean-François Poudrier et d'Audrey Bonaque pour Noovo Info et des informations de La Presse canadienne