Début du contenu principal.
Au cœur du procès se trouvent les carnets de notes extrêmement détaillés de l'accusé Joël Le Scouarnec, qu'il a utilisés pour documenter des décennies de violences sexuelles.
La France s'apprête à tenir son plus grand procès pour abus sexuels sur mineurs. Alors qu'un seul homme est au banc des accusés — un ancien chirurgien accusé d'avoir violé ou abusé sexuellement de 299 personnes, principalement des patients mineurs — des militants espèrent que le procès donnera de la force à d'autres victimes et contribuera à dénoncer d'autres agresseurs longtemps protégés par des tabous sociaux.
Au cœur du procès se trouvent les carnets de notes extrêmement détaillés de l'accusé Joël Le Scouarnec, qu'il a utilisés pour documenter des décennies de violences sexuelles.
Le Scouarnec, aujourd'hui âgé de 74 ans, devra faire face à des centaines de victimes lors d'un procès de quatre mois qui débute lundi à Vannes, en Bretagne. Il ne nie pas les accusations, même s'il dit ne pas se souvenir de tout.
Certaines survivantes n'ont aucun souvenir des agressions, ayant été inconscientes au moment d'opérations chirurgicales menées par Le Scouarnec.
Le procès a lieu alors que les militants font pression pour lever les tabous entourant les accusations d'abus sexuels. C’est ce qui a été récemment mis en lumière lors du procès qui a fait de Gisèle Pélicot, droguée et violée par son ex-mari et des dizaines d’autres personnes, un symbole de la lutte contre les violences sexuelles en France.
Le Scouarnec risque jusqu’à 20 ans de prison pour viol, agression sexuelle et actes indécents commis avec violence ou surprise.
L’affaire a débuté en 2017 lorsqu’une voisine de 6 ans a dénoncé Le Scouarnec, qui l’avait touchée par-dessus la clôture séparant leurs propriétés.
Une perquisition ultérieure à son domicile a permis de découvrir plus de 300 000 photos, 650 fichiers vidéo pédopornographiques, zoophiles et scatologiques, ainsi que des carnets où il se décrivait comme pédophile et détaillait ses actes, indiquent les documents d’enquête.
En 2020, Le Scouarnec a été condamné à 15 ans de prison pour le viol et l’agression sexuelle de quatre enfants, dont deux nièces et une jeune patiente.
Le Scouarnec a reconnu des abus sur mineurs survenus entre 1985 et 1986, selon les documents de l'enquête. Certains dossiers n'ont pas pu être poursuivis, car le délai de prescription était dépassé.
Le procès de Vannes portera sur des viols et autres sévices commis entre 1989 et 2014 sur 158 hommes et 141 femmes, âgés en moyenne de 11 ans à l'époque.
Le médecin aurait abusé sexuellement de garçons et de filles alors qu'ils étaient seuls dans leur chambre d'hôpital, sa stratégie consistant à déguiser les violences sexuelles en actes médicaux. Les jeunes patients auraient été ciblés, car ils étaient moins susceptibles de se souvenir des faits.
L'affaire aurait pu être révélée bien plus tôt. Le Scouarnec avait déjà été condamné en 2005 à quatre mois de prison avec sursis pour possession et importation de matériel pédopornographique.
Il a tout de même réussi à être nommé praticien hospitalier l'année suivante. En raison des délais de traitement, la vérification des antécédents judiciaires demandée par le ministère de la Santé à l'époque ne comportait aucune mention de ses infractions passées.
Même après avoir été informées de sa condamnation, les autorités sanitaires et la direction de l'hôpital n'ont pas pris de mesures disciplinaires.