Début du contenu principal.
Cette fascination avait déjà émergé pendant son premier mandat.
En déployant des militaires d’active à Los Angeles et en préparant un grand défilé militaire le jour de son anniversaire, Donald Trump laisse libre cours à sa fascination pour l’armée, attribut de pouvoir et garantie de grand spectacle.
Mardi, le « commandant en chef », l’un des titres du président américain, se rend à Fort Bragg, quartier général des forces spéciales, en Caroline du nord (sud-est), cela juste après avoir ordonné le déploiement à Los Angeles de réservistes de la Garde nationale, mais aussi, fait très rare, de militaires d’active du célèbre corps des Marines, contre l’avis des autorités locales.
Cette base, la plus grande du pays, portait d’abord le nom du général Braxton Bragg, un chef de l’armée sudiste pendant la Guerre de sécession. Le président démocrate Joe Biden l’avait renommée Fort Liberty.
Redevenu président, Donald Trump lui a rendu le nom de Fort Bragg - mais en affirmant qu’il rendait hommage à un homonyme du haut gradé confédéré, en l’occurrence Roland Bragg, combattant jusque là inconnu de la Seconde guerre mondiale.
Ce jeu de patronymes est révélateur du cap viriliste et ultra-conservateur imprimé au ministère de la Défense par son patron Pete Hegseth.
Donald Trump, qui n’a pas combattu au Vietnam car exempté pour des raisons médicales, aurait acquis son goût de l’armée, ou tout du moins de sa hiérarchie et de sa pompe, dans un internat militaire où l’avait expédié son père promoteur immobilier.
Cette fascination avait déjà émergé pendant son premier mandat (2017-2021). Selon un livre de l’ancien ministre de la Défense Mark Esper, le républicain aurait demandé à l’époque pourquoi il n’était pas possible de faire tirer les soldats sur des manifestants.
C’est aussi pendant son premier passage à la Maison Blanche qu’il avait été invité à assister au défilé militaire du 14 juillet à Paris, un spectacle étranger à la tradition américaine qui l’avait fortement impressionné.
Plus récemment, l’ancien animateur de téléréalité avait beaucoup apprécié les escortes d’avions de combat déployées à son arrivée dans trois pays du Golfe qu’il a visités.
Le milliardaire républicain savoure d’avance le défilé prévu samedi à Washington de militaires marchant au pas, d’avions et de chars, dont le coût est estimé à 45 millions de dollars.
« Ce qui compte pour Trump, c’est le spectacle. Et l’armée c’est un sacré spectacle », explique Peter Loge, directeur de la George Washington University School of Media, à l’AFP.
« Le défilé militaire, les militaires à Los Angeles, c’est la mise en scène du pouvoir, sans prendre en considération les conséquences réelles », poursuit l’expert en communication politique.
Donald Trump, que son ancien chef d’état major avait qualifié d’« aspirant dictateur », n’est guère perturbé par les protestations et ou les moqueries autour du choix de la date de sa parade. Le 14 juin marque 250 ans depuis la création de l’armée américaine. Ce sera aussi le jour de son 79ème anniversaire.
« Il se trouve que c’est le même jour (que mon anniversaire) alors j’ai eu quelques critiques », a-t-il seulement lancé lundi.
Si des manifestants s’avisent de troubler la fête, ils doivent s’attendre « à une réponse très forte », a d’ores et déjà prévenu Donald Trump.
De l’histoire militaire, le président américain ne veut retenir que les heures glorieuses.
Il a récemment proclamé le 8 mai 1945, date de la capitulation de l’Allemagne nazie, comme « Jour de la victoire » aux Etats-Unis, et a déploré plusieurs fois que les Américains ne s’enorgueillissent pas davantage de leur rôle pendant la Seconde guerre mondiale.
La semaine dernière, Donald Trump avait lancé en s’esclaffant au chancelier allemand que le 6 juin 1944, date du Débarquement allié en Normandie, n’avait pas été « un très bon jour » pour l’Allemagne.
Friedrich Merz l’avait alors très calmement repris: « À long terme, Monsieur le président, cela a été la libération de mon pays de la dictature nazie ».