Pour la deuxième fois en deux jours, le premier ministre Justin Trudeau a complètement ignoré, jeudi, une question de journaliste lui demandant d'expliquer sa décision de montrer la porte du cabinet à son ministre de la Justice, David Lametti.
«David Lametti a été un membre extraordinaire de l'équipe et continuera d'être un excellent membre de l'équipe libérale pendant de nombreuses années à venir», a répondu M. Trudeau lors d'une conférence de presse à Terre-Neuve-et-Labrador au lendemain du remaniement ministériel.
Le premier ministre avait tenu des propos semblables la veille alors qu'il se faisait demander s'il faut voir un lien entre l'exclusion de M. Lametti et la contestation judiciaire de la loi 21 du Québec sur la laïcité de l'État en Cour suprême.
Le mystère plane sur les raisons véritables de ce coup de théâtre. David Lametti, juriste réputé et anglo-montréalais, jugeait qu'Ottawa devrait intervenir si, et vraisemblablement «lorsque», la contestation de la loi 21 se rend devant le plus haut tribunal du pays. Le successeur de M. Lametti à la Justice, l'Ontarien Arif Virani, semble être sur la même longueur d'onde.
Le litige porte sur le recours préventif à la disposition de dérogation de la constitution canadienne afin de suspendre les droits fondamentaux d’un groupe d’individus. La loi 21 interdit le port de signes religieux par le personnel du secteur public en situation d'autorité, notamment les juges, les policiers et les enseignants.
Dans un message publié jeudi sur Instagram, David Lametti a affirmé, en réponse aux «nombreuses spéculations en ce qui concerne mon avenir à titre de député de LaSalle-Émard-Verdun», qu'il entend se représenter aux prochaines élections. La veille, dans une autre déclaration, il ne précisait même pas s'il terminerait son mandat.
«Je tiens à rassurer mes électeurs et mes électrices que j'ai l'intention de rester votre député et de continuer à vous servir à la Chambre des communes, a-t-il écrit. Ayant rempli les conditions d’admissibilité requises, j'ai l'intention de me présenter aux prochaines élections, quelles qu'elles soient.»
Les autres exclus du cabinet n'ayant préalablement pas annoncé leur départ, soit l'ancien ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, et sa collègue qui était présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, ont tous deux indiqué qu'ils entendent bel et bien être du prochain affrontement électoral.
Le premier ministre Trudeau a offert une cure de jouvence à son gouvernement mercredi dans un grand jeu de chaises musicales où pas moins de 23 ministres ont changé de portefeuille, sept députés ont accédé au cabinet et sept l'ont quitté.
Dans son rebrassage de cartes, M. Trudeau a maintenu la proportion de Québécois autour de la table des décisions en y faisant accéder la députée d'Hochelaga, Soraya Martinez Ferrada. Il a aussi maintenu la parité hommes-femmes.

