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L'IRIS estime que Québec aurait tout intérêt à rapatrier la gestion du transport scolaire au public.
Le gouvernement du Québec aurait tout intérêt à rapatrier la gestion du transport scolaire dans le giron public, selon une nouvelle étude de l'Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) qui dévoile que depuis deux ans, ce sont près de 7 000 élèves qui ont été privés d'un transport vers leur école, et ce, chaque jour.
L'organisation, indépendante et sans but lucratif, estime que les nombreux bris de services qui affectent le transport des élèves «s'expliquent par de piètres conditions de travail et la difficulté des entreprises à recruter et à retenir la main-d'œuvre», et ce, même si l’industrie du transport scolaire «est plus profitable que la moyenne des entreprises non financières».
«La hausse des bris de services n’est pas étrangère aux conditions de travail difficiles qui sont en dessous de la moyenne des industries du même secteur», explique Colin Pratte, chercheur à l’IRIS et auteur de l’étude.
Outre la pénurie de personnel, les conflits de travail sont aussi un facteur important d’annulation de parcours, selon l'IRIS.
«En 2023, 121 grèves ou lock-out dans le secteur privé ont eu lieu au Québec, parmi lesquels 22 concernaient des conflits de travail dans le secteur du transport scolaire, soit près de 20 %», explique-t-on.
Les régions les plus touchées par les bris de services (toutes natures confondues) au niveau du transport scolaire depuis 2022 sont la Capitale-Nationale, Lanaudière et les Laurentides.
Au Québec, 99% du transport scolaire est confié à des entreprises à but lucratif. Selon l'IRIS, dix entreprises de transport scolaire détiennent aujourd’hui 40 % du marché «et certaines d’entre elles sont détenues par des fonds d’investissement privés étrangers».
M. Pratte est d'ailleurs d'avis, en se basant sur les données de l'étude sur le transport scolaire, qu'il ait faux de prétendre que l'industrie du transport scolaire n'a pas la marge de manoeuvre financière pour améliorer les services et rehausser les conditions de travail des chauffeuses et chauffeurs.
Selon les données publiées par l'IRIS, le taux de bénéfice moyen avant impôt des entreprises de transport scolaire a été de 13,5 % entre 2012 et 2019. «Durant cette même période, la marge bénéficiaire des entreprises du secteur non financier a été de 6,5 % avant impôts au Canada.»
«Rien ne justifie une telle dégradation des services puisque les marges bénéficiaires de ces entreprises demeurent enviables si on les compare à celles des autres industries», déplore l'auteur de l'étude.
Au Québec, près de 580 000 élèves du primaire et du secondaire empruntent quotidiennement quelque 11 000 véhicules scolaires pour se déplacer vers leur école.
L'étude de l'IRIS apporte comme conclusion que de rapatrier au public le transport scolaire permettrait d'offrir aux élèves du Québec des services «plus fiables et plus sécuritaires».
L'Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) indique que les primes salariales offertes par le gouvernement depuis 2020-2021 n’ont pas permis d’éviter une hausse des bris de services dans les dernières années. «En revanche, des projets pilotes de transport scolaire opérés directement par les centres de services scolaires ont permis de diminuer jusqu’à 95 % des bris de service causés par un manque de personnel».
L'IRIS conclut son étude en rappelant que le transport scolaire — un service public — comporte de nombreux avantages. «En plus de ses bienfaits écologiques, par sa qualité de transport collectif, le transport scolaire est un mode 72 fois plus sécuritaire que le transport à l’école par automobile. Sa gratuité est également un atout pour la fréquentation scolaire et l’inclusion sociale, particulièrement pour les ménages moins nantis qui peuvent ne pas avoir accès à d’autres modes de transport alternatif pour assurer les déplacements scolaires des enfants et adolescents», affirme-t-on.
Pour la rentrée scolaire 2024-2025, certains transporteurs scolaires sont toujours en conflit avec leurs employés concernant le renouvellement de leur contrat de travail. C'est le cas notamment en Estrie où Autobus des Cantons, l’un des transporteurs principaux de la région, a levé à la fin d'août le lock-out qui était en place depuis juin dernier, mais la grève des chauffeurs se poursuit.
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