Santé

Transplant Québec craint des impacts si le PL7 va de l'avant avec sa dissolution

Avec ce projet de loi, la présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, espère réaliser d'ici 2029-2030 des économies de 35 M$.

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8a952500a849f9deb4b590c2912814c7c24014616a997073d773a6f58daadc4e.jpg La présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau répond à l'opposition pendant la période de questions, le jeudi 9 mai 2024, à l'Assemblée législative de Québec. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot (Jacques Boissinot / La Presse Canadienne)

Transplant Québec craint que sa dissolution, qui est prévue dans le projet de loi 7, n'entraîne une perte de donneurs d'organes, des ruptures de services et même une hausse de décès évitables. L'organisme demande à Québec de revenir sur sa décision.  

Plus précisément, Transplant Québec demande de retirer du projet de loi 7 — «Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires» — toute disposition visant le transfert des activités de Transplant Québec vers Héma-Québec. 

Avec ce projet de loi, la présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, espère réaliser d'ici 2029-2030 des économies de 35 millions $ en coupant notamment 220 équivalents à temps complet (ETC), dont une centaine dans le réseau de la santé.

Si le projet de loi était adopté tel quel, Héma-Québec prendrait en charge les activités de dons et de transplantations d'organes qui sont pour l'instant réalisées par Transplant Québec. Le financement de Transplant Québec prendrait fin le 1er avril 2026. 

Mardi matin, Transplant Québec a plaidé sa cause lors des consultations particulières sur le projet de loi 7. La directrice générale de Transplant Québec, Martine Bouchard, a demandé au gouvernement de préserver un modèle qui fonctionne et qui sauve des vies. 

«La dissolution de l'organisation et de transférer les activités, ça risque grandement de miner la confiance. Ça, c'est dans un premier temps. Dans un deuxième temps, ce qu'on a aussi dit, c'est que le fait d'assimiler la transplantation à une chaîne d'approvisionnement, c'est confondre une urgence qui est absolument vitale avec une gestion d'inventaire. Ça n'a pas la même temporalité, ça n'a pas la même finalité, ça n'a surtout pas la même expertise», commente en entrevue Mme Bouchard. 

Elle a fait valoir que les activités que Transplant Québec coordonne chaque jour sont très loin de celles — tout aussi essentielles, spécifie Mme Bouchard — effectuées par Héma-Québec. Elle a mis de l'avant les 55 ans d'expérience de son organisation, affirmant que fragiliser ce système pourrait mettre en péril des centaines de vies chaque année. 

Les infirmières veulent rester, selon Transplant Québec

«Je suis rendue à ma sixième réforme en bientôt 40 ans de carrière et celle-ci me préoccupe particulièrement pour plusieurs raisons. La première, c'est que c'est tellement une expertise hautement nichée pour laquelle un petit nombre de personnes ont l'expérience. Puis on prend pour acquis avec ce projet de loi qu'il y aura potentiellement transfert des gens», soulève Mme Bouchard. Sur le terrain, elle ne perçoit pas que les infirmières souhaitent être transférées d'organisme. 

«Ce que j'ai dit aux membres de la commission, c'est qu'[ils prennent] pour acquis que les gens vont d'emblée transférer. Or, moi, ce que les infirmières me disent, c'est si elles avaient voulu aller travailler pour Héma-Québec, elles y auraient été», raconte Mme Bouchard. 

Elle précise que les infirmières dans le domaine de la transplantation sont formées pendant six mois à un an pour pousser leur apprentissage sur les laboratoires, la compatibilité avec les donneurs, l'organisation des blocs opératoires et la collaboration avec les chirurgiens transplanteurs. «Ça demande une finesse de compréhension et de jugement clinique. Et si ces infirmières ne souhaitent pas être transférées, il y a fort à parier qu'il y aura des gens pour lesquels il va y avoir un bris de service», prévient Mme Bouchard. 

Héma-Québec a voulu rassurer la population lors de l'annonce du transfert des activités de dons d'organes. «La priorité absolue d’Héma-Québec est le maintien intégral et inconditionnel des services entourant le don et la transplantation d’organes avant, pendant et après ce transfert. Ce processus repose en  grande partie sur l’intégration fluide et harmonieuse de l’expertise du personnel de Transplant Québec», avait écrit la société d'État dans un communiqué diffusé le 6 novembre. 

Héma-Québec rappelle qu'il a intégré la gestion du don de tissus humains en 2001 et qu'il est devenu le distributeur unique de tissus humains il y a un an. En 2024-2025, Héma-Québec a distribué près de 7700 tissus humains aux centres hospitaliers de la province. 

Katrine Desautels

Katrine Desautels

Journaliste