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Lorsque le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé le début de l’invasion en Ukraine, un jeune médecin de l'hôpital de St-Jérôme était incapable de «rester assis, chez lui, à regarder comme spectateur».
C’est pourquoi le Dr Julien Auger s’est envolé en Europe afin de prêter main-forte aux réfugiés ukrainiens, forcés de tout abandonner derrière eux afin de rejoindre la frontière polonaise.
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Fraichement revenu en sol québécois, le médecin et père de deux enfants s’est confié à Noovo Info, vendredi.
«Je ne me sentais pas en danger constamment en Pologne, mais c’est sûr que ma famille était soulagée de me voir revenir en un morceau, a raconté le médecin de 35 ans.
Dr Auger se souvient toutefois qu’une attaque de missiles contre une base militaire est survenue à 30 km d’où il se trouvait.
«Les gens qui faisaient les quarts de nuit ont vu la série d’explosions», ajoute-t-il.
Deux histoires ont profondément marqué et touché Julien Auger lors de son passage dans les camps de réfugiés. À la veille de son arrivée, un homme épileptique dans la cinquantaine a perdu la vie en raison d’un arrêt cardiaque.
«Si c’était à refaire, j’aurais aimé y aller plus rapidement que je l’ai fait, regrette le médecin. Peut-être que cet homme aurait survécu si j’avais pu réussir à l’intuber. On ne peut pas savoir, mais ça fait partie des choses que je changerais.»
Pour les dernières nouvelles sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine, voyez le dossier Noovo Info.
Dr Auger a mentionné que l’homme n’avait pas accès à ses médicaments. Il a ensuite fait une crise d’épilepsie, qui a dégénéré en arrêt respiratoire, puis en arrêt cardiaque.
«Les soignants sur place étaient des paramédicaux. Ils ont tout essayé ce qu’ils ont pu, mais ils n’ont pas réussi à intuber le patient pour lui permettre de respirer», déplore-t-il.
Le père de famille s’est dit bouleversé par l’histoire d’un bébé prématuré de quatre mois, qui est arrivé à la frontière polonaise.
«Il n’avait pas du tout l’air d’un bébé mature, se rappelle Dr Auger. Il n’avait pas de gras, il était faible, il avait son tube d’alimentation par le nez qui était encore présent. Il a fallu qu’on organise un transfert dans une unité néonatale pour poursuivre les soins, mais en Pologne.»
«C’est l’autre cas qui m’avait beaucoup touché…»
Julien Auger a affirmé que son expérience dans les camps de réfugiés était comme il se l’était imaginé.
«C’était des réfugiés, ce n’était pas des blessés de guerre qu’on avait à la frontière, a-t-il expliqué. Des familles, des femmes, des enfants, des personnes âgées. C’est sûr que les gens arrivaient fatigués, stressés, mais c’était un peu l’idée que je m’étais faite d’un camp de réfugiés à la frontière.»
Le médecin québécois a conclu son intervention en souhaitant que les pays de l’OTAN continuent d’imposer des sanctions à l’endroit du Kremlin.
«Ce que je craignais, c’était des mesures drastiques en début de conflit, qui aurait entrainé un conflit plus important comme une guerre mondiale ou une guerre nucléaire. Je pense que la réponse à apporter, c’était une réponse progressive comme on a fait, mais il ne faut pas arrêter de rehausser la réponse», estime Dr Auger.
Crédit photo: Noovo Info
Le médecin québécois Julien Auger revient sur son passage en Ukraine le 25 mars 2022.