D’abord, c’était avant le G7; ensuite, c’était le 1er juillet; maintenant, la fin du mois arrive et Yves-François Blanchet pense que le premier ministre Mark Carney n’arrivera tout simplement pas à s’entendre avec Donald Trump pour éviter l’entrée en vigueur de tarifs de 35% sur tous les produits canadiens importés par les États-Unis.
«On est confronté à une déception, M. Carney ne livre pas du tout», s’est plaint le chef du Bloc québécois, mercredi à Ottawa, environ une heure avant que le leader du gouvernement libéral ne fasse une annonce importante dans le secteur de l’acier canadien à Hamilton.
M. Carney a récemment rencontré son conseil de ministres pour discuter de la nouvelle menace du président américain, en promettant de défendre les intérêts canadiens dans les négociations commerciales avec l’administration Trump. Il doit également rencontrer les premiers ministres des provinces et territoires le 22 juillet prochain lors du Conseil annuel de la fédération à Huntsville, en Ontario.
Or, M. Blanchet s’affiche pour le moins pessimiste quant à l’issue de ces rencontres. «M. Carney nous a dit que son intention et sa conviction étaient qu’il était capable de rétablir une entente pour le libre-échange», a rappelé le chef du Bloc.
«Après ça, pensait qu’il allait avoir une entente pour mettre fin aux tarifs avant le (Sommet du) G7 (en Alberta, en juin dernier). Après, c’était le 1er juillet, ça ne s’est pas produit. Après, c’était le 21 juillet, et on a bien compris que ça ne se produirait pas», a-t-il continué.
Inévitables, les tarifs de Trump?
Cependant, M. Blanchet ne semble pas davantage capable que M. Carney de visualiser un univers sans droits de douane américains. D’ailleurs, le premier ministre a admis mardi à Ottawa que «rien» dans les négociations avec les Américains «ne laisse présager qu’un pays ou une juridiction puisse obtenir un accord sans droits de douane».
«Mais il y a moyen de le faire sans les tarifs très lourds de Trump», croit Yves-François Blanchet.
«Nous sommes supposés d’être dans un processus de renégociation d’un accord de libre-échange.»
Le leader bloquiste est d’avis que, pour ce faire, il est l’heure de cesser les «compromis», comme la surveillance accrue à la frontière ou les investissements «intéressants» dans la défense nationale, notamment. «[Carney] a fait tous les compromis sans rien obtenir en contrepartie.»
M. Blanchet réclame donc des interventions fédérales auprès de la foresterie, de l’aluminium et d’autres secteurs économiques névralgiques, et que le gouvernement libéral consulte les autres partis à la Chambre des communes, car «pour l’instant, ni moi assurément l’opinion publique ne sommes informés» du contenu des négociations.
Mark Carney dit pourtant plancher sur les parties que son gouvernement «peut contrôler le plus», à savoir la construction d’une économie canadienne forte, d’où des mesures jusqu’ici dans des secteurs comme l’automobile et l’acier – bien que le Bloc préférerait des investissements ailleurs.
Cri de ralliement de Blanchet
Au final, selon le chef du Bloc québécois, la seule solution pour faire fléchir le président Donald Trump dans son intention d'imposer des droits de douane de 35% sur les importations canadiennes le 1er août, partagée dans une lettre adressée au premier ministre Carney, c’est l’unité internationale.
«Personne n’est capable de faire face seul à la puissance économique américaine», croit-il. Il faut faire front avec un marché collectif et un PIB plus important que les États-Unis contre le président américain qui veut se pogner avec tout le monde en même temps. […] Seul, le Canada n’est pas capable d’y faire face.»

