Le gouvernement Legault s'en prend aux municipalités qui s'opposent à une expropriation à Blainville pour agrandir un dépotoir de déchets dangereux, alors qu'elles en dépendent.
L'agrandissement de Stablex suscite la controverse depuis plusieurs semaines et le gouvernement caquiste a déposé le projet de loi 93 pour exproprier au coût de 17 millions $ la municipalité de Blainville, dans la couronne nord, et ainsi fournir à l'entreprise le terrain qu'elle convoite.
Or l'Union des municipalités du Québec (UMQ), ainsi que des conseils municipaux, y voient notamment un affront à l'autonomie municipale, puisque le gouvernement prend les grands moyens pour déposséder Blainville, contre son gré.
Blainville a offert un autre terrain adjacent, une option écartée autant par le gouvernement que par l'entreprise, qui le considèrent trop petit et trop près, à 300 mètres, d'un quartier résidentiel, par rapport à une distance de 1 kilomètre pour le terrain privilégié.
En mêlée de presse mercredi matin, le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, y est allé d'un commentaire cinglant sur les opposants à l'expropriation.
Il a entre autres rappelé que les Villes sont elles-mêmes dépendantes des services de l'entreprise.
«Je trouve ironique de voir les municipalités se mobiliser contre le projet de Stablex, alors qu'elles sont des clients importants de Stablex, alors qu'elles n'auraient aucune autre alternative pour leurs propres déchets si Stablex n'existait pas», a-t-il déclaré.
En commission parlementaire mardi, la direction de l'entreprise a d'ailleurs rappelé que 600 clients au Québec dépendaient de ses services, dont des municipalités.
M. Charette a aussi laissé entendre que, contrairement à la Ville de Blainville, il défendait les habitants à proximité.
Si le gouvernement optait pour le terrain choisi par la Ville, les activités seraient «une nuisance permanente» pour des citoyens qui sont à 300 mètres du lieu de production, a-t-il fait valoir.
«Le respect de la population locale, la Ville de Blainville écarte cet aspect», a déploré le ministre.
Dans son témoignage mardi en commission, la mairesse de Blainville, Liza Poulin, a plutôt laissé entendre qu'elle avait l'appui de ses concitoyens.
Elle réclame notamment le retrait du projet de loi et que l'entreprise prenne le terrain que Blainville préconise - il s'agissait d'ailleurs du périmètre qui était prévu à l'origine pour accueillir l'expansion éventuelle de Stablex, depuis un décret du gouvernement en 1996.
Mercredi, la mairesse a acheminé une lettre au premier ministre François Legault, sa deuxième en quelques semaines, pour réclamer de nouveau une rencontre avec lui, mais aussi pour mousser la solution sur le terrain qu'elle priorise.
«Cette proposition est la seule qui soit viable, tant sur le plan de l’économie que de l’environnement, en plus de générer l’acceptabilité sociale que votre gouvernement a souvent identifiée comme un critère déterminant d’acceptation d’un projet de cette envergure», écrit-elle.
