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«Un système national de garde d'enfants est vraiment la voie à suivre, et ce n'est pas le moment de reculer.»
Selon un nouveau rapport, les parents canadiens préféreraient nettement des services de garde agréés abordables à 10 $ par jour plutôt que des paiements individuels versés par le gouvernement.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Publié jeudi par l'organisation caritative le Projet Prospérité, qui œuvre pour l'émancipation économique des femmes, le rapport reconnaît qu'il y a encore de longues attentes pour les garderies agréées, mais il plaide en faveur de l'augmentation du nombre de places dans le programme au lieu de l'abandonner au profit d'un modèle d'allocations familiales.
«Un système national de garde d'enfants est vraiment la voie à suivre, et ce n'est pas le moment de reculer. Nous en voyons les avantages, non seulement pour les femmes qui reprennent leur emploi, mais aussi pour les enfants», a déclaré Julie Savard-Shaw, directrice générale du Projet Prospérité, lors d'une interview accordée à CTV National News.
La Loi canadienne sur l'apprentissage et la garde des jeunes enfants, qui a reçu la sanction royale en mars, consacre les progrès accomplis par les libéraux dans la réalisation de leurs engagements fondamentaux, notamment les accords bilatéraux entre les gouvernements fédéral et provinciaux pour des services de garde à 10 dollars par jour.
Les chercheurs ne savent pas exactement combien d'enfants bénéficient de services de garde à 10 dollars par jour, mais les dernières données de Statistique Canada révèlent qu'environ 938 000 enfants âgés de zéro à cinq ans utilisent des services de garde agréés dont les frais ont été réduits d'au moins la moitié grâce au programme pancanadien. Citant des chiffres de 2023, l'étude révèle qu'il y a 65 000 enfants de plus inscrits dans des garderies agréées qu'en 2021.
Selon le rapport publié jeudi, si le système actuel des 10 dollars par jour - que huit provinces ont déjà mis en œuvre dans le cadre d'un accord bilatéral avec le gouvernement fédéral - était abandonné au profit de paiements financiers directs aux parents, la situation de la plupart des familles s'aggraverait.
Le rapport indique qu'un programme d'allocations familiales entraînerait des «inégalités d'accès dramatiques» et transformerait à nouveau la garde d'enfants en un service marchand avec des tarifs élevés et des salaires bas.
De telles allocations nécessiteraient également des paiements d'au moins 12 500 dollars par enfant et par ménage, selon le rapport, qui estime également que le changement coûterait au gouvernement plus du triple de ce qu'il paie actuellement pour garantir des services de garde d'enfants abordables.
Le programme national de garde d'enfants devrait coûter au gouvernement fédéral plus de 9 milliards de dollars en paiements de transfert aux provinces et aux territoires en 2025-26. Le remplacer par un programme d'allocations familiales coûterait à Ottawa plus de 28,5 milliards de dollars par an.
Le rapport note également que moins de la moitié des places de garde d'enfants nécessaires ont été créées jusqu'à présent.
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Maria Novikova, une jeune mère qui a quitté l'Ukraine pour s'installer à Ottawa l'année dernière, fait partie des milliers de Canadiens inscrits sur les listes d'attente des garderies pour leur enfant. Mme Novikova explique qu'elle souhaite se concentrer sur l'amélioration de son anglais et trouver un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille, mais qu'elle n'y parvient pas parce qu'elle ne trouve pas de garderie agréée disposant d'une place pour sa fille Mira, âgée de deux ans.
«Si je pouvais trouver un emploi, nous serions peut-être plus heureux, parce qu'il est difficile d'être avec des enfants tout le temps. Et pour les enfants, c'est pareil. Ils ont besoin d'activités et d'amis», a déclaré Mme Novikova, qui cherche une garderie depuis huit mois.
Le rapport du Projet Prospérité indique que tous les niveaux de gouvernement devraient changer de stratégie pour répondre aux besoins des mères comme Mme Novikova.
«Au départ, l'accent était mis sur la réduction des besoins, alors qu'aujourd'hui, il faut se concentrer sur la création de nouvelles places et l'embauche de nouveaux éducateurs», a affirmé Mme Savard-Shaw.
Parmi les recommandations du rapport visant à créer des milliers de places de crèche supplémentaires dans tout le Canada, on trouve des appels à prolonger le congé parental et à abaisser l'âge d'entrée en maternelle de cinq à quatre ans. Seuls les enfants de l'Ontario et du Québec commencent la maternelle à l'âge de quatre ans.
Le Québec, qui dispose depuis longtemps du programme de garde d'enfants le plus abordable du pays, affiche également un taux de participation des femmes à la population active supérieur de 13 % à celui du reste du Canada.
«Nous disposons de données. Investir dans les services de garde d'enfants est très rentable», a dit Mme Savard-Shaw. «Lorsque les femmes réussissent, nous en profitons tous.»