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Sylvain Cloutier témoignait devant la commission Gallant qui est chargée d'enquêter sur le fiasco SAAQclic.
L'ex-responsable du bureau de projet à la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) a admis lundi avoir manipulé un appel d'offres, mais assure qu'il n'a pas reçu de «pots-de-vin» en échange.
Sylvain Cloutier témoignait devant la commission Gallant qui est chargée d'enquêter sur le fiasco SAAQclic et qui s'est déplacée à Québec pour sa sixième semaine de travaux.
Il a admis avoir truqué en 2017 un appel d'offres de plus d'un million de dollars afin qu'il soit octroyé au consultant Stéphane Mercier, un ex-collègue du vice-président aux technologies d'information, Karl Malenfant.
«C'est mon erreur, a rapidement reconnu Sylvain Cloutier devant le juge Denis Gallant. Je ne dis pas que ça a été correct ce que j'ai fait. Mais je le prends sur moi, c'est moi qui l'ai fait.»
Il a expliqué avoir réclamé d'urgence que l'on abaisse le seuil à 990 000 $, après que M. Mercier l'eut informé qu'il ne pouvait se qualifier puisqu'il n'avait pas l'autorisation de l'Autorité des marchés publics.
Cette autorisation était requise pour les contrats d'une valeur de plus d'un million de dollars.
«J'étais dans un état de panique», a raconté M. Cloutier à la commission, se rappelant s'être dit: «Si je n'ai pas ce gars-là pour continuer, on est dans la schnoute, (...) je perds une expertise.»
«J'ai fait ça dans l'intention de ne pas retarder le projet. (...) Je n'ai pas reçu de pots-de-vin. Je ne vais pas aller faire des voyages de pêche. Je ne vais pas aller me promener sur un voilier, on n'est pas là-dedans.»
À part une de ses employées, personne à la SAAQ ne se serait montré préoccupé par cette façon de faire.
Par ailleurs, les travaux de la commission ont permis d'apprendre, lundi, que la SAAQ n'était «pas encline» à partager certaines informations avec le politique.
Le 2 décembre 2019, une collègue informe M. Cloutier par courriel que «le cabinet du ministre souhaite voir le rapport de la troisième revue, alors que les autorités de la SAAQ ne sont pas enclines à le partager».
«Est-ce que vous avez souvenir pourquoi on ne souhaite pas partager la troisième revue EY au cabinet du ministre?» lui a demandé lundi l'avocat de la commission, Me Vincent Ranger. «Non», a répondu M. Cloutier.
Il ne s'est pas non plus souvenu de quel ministre il s'agissait.
Ce courriel indique également que «nous avons laissé les trois indicateurs au vert dans l'attente des résultats du comité de réconciliation des écarts. Nous n'avons fait aucune mention des travaux de ce comité».
M. Cloutier sait-il pourquoi on ne mentionne pas l'existence du comité de réconciliation des écarts dans la reddition de comptes que l'on souhaite faire à l'externe?
«Malheureusement, je ne suis pas en mesure de vous répondre. Je ne le sais pas.»
«Pourquoi à l'interne, (...) vous mettez une pastille rouge sur la gestion du contrat, mais qu'à l'externe, on voit une pastille verte quand on fait la reddition de comptes au niveau gouvernemental?» a enchaîné Me Ranger.
Sylvain Cloutier soutient qu'il en a eu connaissance, mais qu'il avait peu de contrôle sur la reddition de comptes qui était destinée à l'externe.
Le virage numérique à la SAAQ a été «cahoteux» dès 2018. Or, Karl Malenfant ne cachait pas les problèmes, a assuré à la commission l'ex-directeur du bureau de projet CASA.
Le nom de Karl Malenfant est sur toutes les lèvres depuis six semaines.
«M. Malenfant, (...) c'est un homme d'expérience. C'est quelqu'un qui a fait des projets d'envergure chez Hydro-Québec, chez Rio Tinto. Il sait de quoi il parle.
«C'est un gars qui connaissait ça. Il venait expliquer, rassurer les membres. Pas dans le sens de compter des balivernes», a témoigné M. Cloutier.
«Est-ce exact que M. Malenfant est quand même un optimiste de nature?» s'est enquis Me Ranger. «Oui, c'est vrai, mais pas dans le sens dans les nuages. Il aime les défis», a insisté M. Cloutier.
La commission poursuivra ses travaux mardi.