La ministre des Transports, Geneviève Guilbaut, a annoncé vendredi la création d'une «cellule de restructuration» à la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) afin de répondre aux «enjeux majeurs de crédibilité et de confiance à la société d'État».
La ministre Guilbault fait une «obsession» de la crise qui sévit à la SAAQ, d'où la restructuration.
Trois personnes se pencheront sur tous les problèmes qui minent la SAAQ depuis plusieurs mois: Linda Gosselin, André Legault et Pierre Rodrigue. On évaluera notamment la situation financière à la SAAQ afin d'éliminer le déficit qui se creuse de plus en plus, a dit Mme Guilbault à Québec. On souhaite aussi passer en revue le rôle du conseil d'administration afin de redresser la situation.
Le virage numérique raté de la SAAQ devrait déjà coûter aux contribuables au moins 500 millions $ de plus que prévu. Mme Guilbault se défend d'ajouter à ces coûts avec l'embauche de trois experts. Ils seront payés «selon le tarif horaire» du gouvernement, «à même le budget de la SAAQ».
La réduction de la taille de la SAAQ n'est pas exclue. Geneviève Guilbault semble trouver qu'avec près de 5000 employés, la société d'État est un gros morceau. Elle s'en remettra à la cellule de restructuration pour évaluer l'éventuel besoin de comprimer ce volume.
«À la lumière de l'évolution des travaux de la Commission, force est de constater que des enjeux et des défis majeurs persistent au sein de la SAAQ.»
Les membres de la cellule de restructuration de la SAAQ
Linda Gosselin a effectué toute sa carrière dans le milieu des assurances et du service aux assurés. Elle a notamment agi à titre de vice-présidente chez Promutuel Assurance pendant une période de huit ans.
Directeur général de la Ville de Québec de 2013 à 2018, André Legault a occupé à la SAAQ le poste de vice-président des ressources humaines, de l'administration et des finances de 2007 à 2011 et celui de vice-président de l'administration et des finances de 2005 à 2007.
Actuellement conseiller stratégique chez TACT, Pierre Rodrigue a occupé des fonctions au sein de groupes médiatiques d'envergure, notamment celle de vice-président chez Bell Canada, Québecor et Astral Média.
Le mandat des experts de la cellule de restructuration de la SAAQ
- Évaluer l’organisation de la SAAQ et sa mission
- Échantillonner les performances de la société d’État et les comparer à des agences canadiennes similaires
- Évaluer la qualité des services de la SAAQ
- Réviser la situation financière de la SAAQ pour la guider vers l’Équilibre budgétaire
- Proposer des modifications à apporter au profil de compétences des membres du conseil
- Apporter à la ministre Guilbault et au C.A. de la SAAQ les facteurs qui permettront à la société d’État de regagner la confiance populaire
Un «ménage»
Les travaux de la cellule débuteront d'ici la fin de l'été 2025.
La ministre des Transports avait prévenu, en juillet dernier, qu’un «ménage» était en cours à la SAAQ, en marge des travaux de la commission Gallant sur le fiasco SAAQclic. À ce moment, elle venait de congédier le président-directeur général de la société d’État, Éric Ducharme, pour le remplacer par Annie Lafond sur une base intérimaire.
«On veut poser de bons gestes, il y a clairement un ménage à faire à la SAAQ», a répété Mme Guilbault vendredi.
Le nom de M. Ducharme a été évoqué plusieurs fois depuis le début des audiences publiques. M. Ducharme est arrivé en poste en avril 2023 en remplacement de Denis Marsolais qui avait été remercié dans la foulée du fiasco SAAQClic.
Les protestations de Karl Malenfant
Un autre nom souvent prononcé devant le juge Gallant: celui de Karl Malenfant. Or, mardi dernier, l’ex-patron informatique de la SAAQ publiait un message incendiaire qui se voulait rectificatif sur le réseau social LinkedIn.
«J'ai constaté que l'on construisait un narratif qui ne correspondait pas à la réalité de l'histoire SAAQ», a écrit celui qui a souvent été montré du doigt dans le fameux fiasco SAAQclic. «Des dizaines de personnes qui ont été coeur de ce dossier sont du même avis que moi.»
Le statut de participant aux audiences de la commission d’enquête sur le virage numérique de la SAAQ a été refusé à M. Malenfant au début de juillet par le juge Denis Gallant, qui préside la commission. Ce statut aurait permis à l'ancien vice-président aux technologies de l'information de la SAAQ de se défendre, notamment en contre-interrogeant des témoins.
Dans son long message publié mardi, M. Malenfant s'est aussi exprimé sur sa citation à comparaître à huis clos. Une semaine plus tôt, il avait tenté de faire annuler cette rencontre, en faisant notamment valoir que le public ne pourra entendre l'intégralité de son témoignage. Sa demande a également été refusée par Denis Gallant vendredi dernier.
«À la suite de ces deux refus, je n'ai aucune idée de la raison de ma rencontre à huis clos. Je n'ai également aucune assurance que la commission veuille entendre l'ensemble de l'histoire supportée par la preuve documentaire», déclare M. Malenfant.
M. Malenfant dit s'inquiéter «que la commission, sous le couvert du temps qui lui est alloué pour rendre son rapport, n’aille pas au fond des choses». Le commissaire doit remettre son rapport au plus tard le 15 décembre.
Les travaux de la commission Gallant reprennent le 18 août.
Avec de l'information d'Étienne Fortin-Gauthier, d'Émile Bérubé-Lupien et la collaboration de Jean-François Poudrier pour Noovo Info, ainsi que de l'information de La Presse canadienne.


