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Trump et Starmer signent un accord technologique et parlent commerce et guerre

Ils ont tenu une table ronde avec des chefs d'entreprise lors de la signature de l'accord.

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Le président Donald Trump fait un geste à côté du premier ministre britannique Keir Starmer lors d'une conférence de presse conjointe à Chequers, près d'Aylesbury, en Angleterre, le 18 septembre 2025. (AP Photo)

Le président américain, Donald Trump, a signé jeudi avec le Royaume-Uni ce qu'il a qualifié d'accord historique sur la science et la technologie. Les responsables britanniques, qui ont tout mis en œuvre pour l'impressionner par le faste royal lors de sa visite d'État, s'efforcent désormais de conclure des accords commerciaux clés susceptibles de servir les intérêts de leur pays.

M. Trump et le premier ministre britannique, Keir Starmer, ont tenu une table ronde avec des chefs d'entreprise lors de la signature de l'accord. Ils ont également eu des entretiens privés au cours desquels les guerres en Ukraine et à Gaza, ainsi que les droits de douane que les États-Unis pourraient imposer sur l'acier importé de Grande-Bretagne, devaient être abordés. 

Lors d'une conférence de presse conjointe ultérieure, M. Starmer a déclaré: «Si nous façonnons ce lien pour une nouvelle ère, les fondamentaux n'ont pas changé.»

Lors de la précédente cérémonie de signature d'un accord visant à promouvoir les investissements technologiques dans les deux pays, le chef du gouvernement britannique avait qualifié le président américain de «mon ami, notre ami» et avait parlé de «dirigeants qui se respectent et qui s'apprécient sincèrement». L'événement s'est déroulé au Chequers, un manoir du XVIe siècle au nord-ouest de Londres, résidence de campagne du premier ministre britannique.

L'offensive de charme britannique s'est poursuivie après que le roi et la reine ont accueilli M. Trump et la première dame Melania Trump au château de Windsor, mercredi. La famille royale a profité de la première des deux journées de visite d'État du président pour offrir tout le faste dont la monarchie est capable: carrosses dorés, soldats vêtus d'écarlate, salves d'artillerie, banquet étincelant dans une grande salle de cérémonie et la plus grande garde d'honneur militaire jamais réunie pour une telle visite d'État.

Donald Trump a semblé reconnaissant de toute cette attention, à tel point qu'il s'en est tenu à son texte et a peu critiqué ses hôtes de manière spontanée.

Il a néanmoins eu ses moments. Le président américain a plaisanté avec son secrétaire au Trésor, Scott Bessent, et son secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, lors de la signature de l'accord technologique: «Devrais-je signer ça, Howard? Scott? Si l'accord n'est pas bon, ce sera votre faute.»

Après avoir fait leurs adieux au roi et à la reine à Windsor – Trump a qualifié le monarque de «grand gentleman et grand roi» –, les Trump ont volé en hélicoptère sur une trentaine de kilomètres jusqu'au Chequers. Le président républicain a été accueilli par une garde d'honneur solennelle avec des joueurs de cornemuse – un clin d'œil à ses origines écossaises.

Lors d'une réception au Chequers, le président américain a déclaré aux chefs d'entreprise que les deux pays partageaient un «lien indéfectible». Keir Starmer a affirmé que cette relation «est le fondement même de notre sécurité, de notre liberté et de notre prospérité».

Partenariat technologique transatlantique

À l'occasion de cette visite, la Grande-Bretagne a annoncé que des entreprises américaines s'étaient engagées à investir 150 milliards £ (280,5 milliards $ CAN) au Royaume-Uni, dont 90 milliards £ (168,3 milliards $ CAN) de la société d'investissement Blackstone au cours des dix prochaines années. Des investissements seront également réalisés dans l'autre sens, notamment près de 30 milliards $ US (41,4 milliards $ CAN) par le laboratoire pharmaceutique GSK aux États-Unis.

Lors de la réception, à laquelle participaient des dirigeants du secteur technologique, dont Jensen Huang, PDG de Nvidia, et des responsables américains tels que Howard Lutnick et le secrétaire d'État, Marco Rubio, M. Starmer a déclaré qu'il s'agissait «de loin du plus important programme d'investissement de ce type dans l'histoire britannique».

Selon des responsables britanniques, cet accord créera des milliers d'emplois et des milliards de dollars d'investissements dans l'intelligence artificielle, l'informatique quantique et l'énergie nucléaire.

Selon des responsables britanniques, cet accord créera des milliers d'emplois et des milliards de dollars d'investissements dans l'intelligence artificielle, l'informatique quantique et l'énergie nucléaire. Il comprend une branche britannique de Stargate, un projet d'infrastructure d'IA soutenu par M. Trump et dirigé par OpenAI, ainsi qu'une multitude de centres de données d'IA répartis dans tout le Royaume-Uni. 

Les entreprises américaines annoncent 31 milliards de livres sterling (58 milliards $ CAN) d'investissement dans le secteur britannique de l'IA, dont 30 milliards (56,1 milliards $ CAN) de Microsoft pour des projets tels que le plus grand supercalculateur britannique.

Les responsables britanniques affirment qu'ils n'ont pas accepté de supprimer une taxe sur les services numériques ni d'assouplir la réglementation d'Internet pour obtenir cet accord, dont certains détails restent à préciser.

Le gouvernement britannique constate que, lorsqu'il s'agit d'accords avec l'administration américaine, le diable se cache dans les détails. En mai, MM. Starmer et Trump ont conclu un accord commercial réduisant les droits de douane américains sur les industries automobiles et aérospatiales britanniques. 

Mais les négociations visant à réduire à zéro les droits de douane sur l'acier et l'aluminium, contre 25 % actuellement, sont au point mort, malgré la promesse faite en mai que la question serait réglée en quelques semaines.

Les Chambres de commerce britanniques ont déclaré que l'absence de réduction des droits de douane serait accueillie avec consternation par l'industrie sidérurgique britannique.

Des conversations potentiellement embarrassantes

Lors des entretiens privés, des discussions difficiles étaient attendues concernant l'Ukraine et le Moyen-Orient.

Le gouvernement britannique est de plus en plus critique à l'égard de la conduite de la guerre par Israël dans la bande de Gaza et des souffrances des civils palestiniens, qualifiant la dernière offensive israélienne dans la ville de Gaza de «totalement irresponsable et épouvantable». 

Keir Starmer a annoncé que le Royaume-Uni reconnaîtrait officiellement un État palestinien ce mois-ci, potentiellement d'ici quelques jours. Donald Trump a menacé de sanctionner le Canada lors des négociations commerciales pour une action similaire.

Le premier ministre britannique a également joué un rôle majeur dans les efforts européens visant à renforcer le soutien américain à l'Ukraine. Trump a exprimé sa frustration à l'égard du président russe, Vladimir Poutine, mais n'a pas mis à exécution ses menaces d'imposer de nouvelles sanctions à la Russie pour avoir refusé les négociations de paix. M. Trump a semblé rejeter la responsabilité sur le président ukrainien, Volodymyr Zelenskyy, prévenant mardi qu'«il va devoir conclure un accord».

M. Starmer se préparera à des questions gênantes de la part des médias au sujet de Jeffrey Epstein. Quelques jours avant sa visite d'État, le premier ministre a limogé l'ambassadeur britannique aux États-Unis, Peter Mandelson, en raison de son amitié passée avec le délinquant sexuel condamné, qui, selon les autorités, s'est suicidé en 2019.

Quatorze mois après une victoire électorale écrasante, le gouvernement de Keir Starmer peine à relancer l'économie britannique en difficulté et son Parti travailliste est à la traîne dans les sondages. Le chef du gouvernement souhaite que cette visite d'État soit fructueuse pour compenser des semaines de mauvaises nouvelles.