À l'approche de la réunion très attendue à la Maison-Blanche entre le premier ministre Mark Carney et le président américain Donald Trump, le gouverneur de Californie se dit «très optimiste» quant à l'issue fructueuse de cette rencontre.
Dans une entrevue exclusive accordée à CTV dans le cadre de l'émission Question Period, Gavin Newsom a fait part de ses réflexions sur les discussions de mardi, qui marqueront la première rencontre entre les deux dirigeants depuis l'entrée en fonction de M. Carney comme premier ministre le 14 mars dernier.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Interrogé par l'animatrice Vassy Kapelos sur les conseils qu'il donnerait au dirigeant canadien, M. Newsom a répondu qu'il «déteste donner des conseils» et qu'il n'y a «rien de pire que des politiciens qui donnent des conseils à d'autres politicien », mais il a tout de même formulé quelques suggestions.
«Présentez vos points forts, vos principes, votre autorité – l'autorité morale et officielle dont vous jouissez en tant que premier ministre d'une nation remarquable, le Canada – et affirmez-vous.»
Carney et Trump doivent discuter de la guerre commerciale menée par Trump contre le Canada, qui pourrait ouvrir la voie à des négociations sur une nouvelle relation commerciale et sécuritaire avec les États-Unis. Pour sa part, Carney se dit prêt à des discussions « difficiles, mais constructives» , qui, espère-t-il, aboutiront au « meilleur accord possible pour le Canada».
Pendant la campagne électorale fédérale, Mark Carney a fait campagne en se présentant comme le meilleur leader pour faire face aux menaces de Trump d'annexer le Canada par la force économique. Le président américain a largement modéré son discours pendant la campagne, mais a réitéré son affirmation selon laquelle le Canada devrait devenir le 51e État américain le jour des élections.
Deux jours après la victoire de Carney, Trump a indiqué aux journalistes que Carney était un «très gentil monsieur» avec lequel il pensait avoir une «excellente relation».
«Il m'a appelé hier et m'a dit : "Concluons un accord"», a dit DonaldTrump le 30 avril dernier.
Newsom, qui a précisé avoir eu de nombreuses conversations avec le président américain et «s'entendre très bien en privé» avec lui, a soutenu à Vassy Kapelos qu'en fin de compte, «tout est une question de relations» avec Trump.
«Écoutez, je représente l'État le plus anti-Trump des États-Unis. Cela dit, je ne me réveille pas tous les matins en cherchant un pied-de-biche pour mettre des bâtons dans les roues de l'administration Trump. Je tends la main, je ne serre pas le poing», a-t-il dit.
En se montrant assertif tout en essayant de développer une relation avec Trump, Newsom a dit qu'il imaginait que la rencontre entre Carney et Trump serait «très positive».
«J'espère que le Premier ministre adoptera cette approche, qu'il engagera le dialogue et qu'il sera très honnête et franc quant à ses attentes», a-t-il souhaité. «Je pense que cela sera bien accueilli.»
Depuis son investiture le 20 janvier, le président a organisé plusieurs réunions télévisées avec des dirigeants mondiaux dans le Bureau ovale, notamment les premiers ministres japonais et italien et le président français. La plus mémorable a été la réunion très controversée avec le président Zelensky d'Ukraine en février, qui s'est transformée en une dispute houleuse.
M. Newsom a indiqué qu'il espérait que la rencontre avec M. Carney se déroulerait en tête-à-tête, car cela favoriserait «le type de relation que nos deux pays méritent». Il a ajouté que, historiquement, les discussions avec les dirigeants étrangers se déroulaient généralement bien lorsqu'elles se limitaient aux deux dirigeants, contrairement à ce qui s'était passé lors de la visite de M. Zelensky, en présence du vice-président J.D. Vance et d'autres membres du cabinet Trump.
«Je suis très optimiste. Mais encore une fois, une réunion en tête-à-tête, sans mélanger tous ces autres personnages qui finiront dans le Bureau ovale. C'est le seul risque», a indiqué M. Newsom.
Vendredi, Carney a été interrogé sur la manière dont il pouvait éviter une embuscade dans le Bureau ovale, comme celle dont a été victime le président Zelensky.
«Je m'y rends dans l'espoir d'avoir des discussions constructives, difficiles mais constructives. C'est l'esprit des conversations que le président et moi avons eues», a soutenu Mark Carney. «Vous savez, vous vous rendez à ces réunions bien préparé, en comprenant les objectifs de votre interlocuteur et en agissant toujours dans le meilleur intérêt du Canada, et nous partirons de là.»
Premier État à intenter une action en justice contre les droits de douane
Le 16 avril, la Californie a intenté une action en justice contre les droits de douane imposés par Trump qui ont bouleversé le commerce mondial, arguant que le président n'avait pas le pouvoir d'imposer unilatéralement des droits de douane au Mexique, à la Chine et au Canada, ni de créer un droit de douane général de 10 % en vertu de la loi sur les pouvoirs économiques d'urgence internationale.
«Nous avons un seul pouvoir gouvernemental. C'est la loi de Trump qui prévaut actuellement », a soutenu M. Newsom. « Cela ressemble à la loi de la jungle à bien des égards, une sorte de prédateur au sommet de la chaîne alimentaire, qui prend des décisions sur un coup de tête, jour après jour, sur tel ou tel sujet.»
Il a détaillé à Mme Kapelos l'impact économique des droits de douane imposés par M. Trump et de la guerre commerciale qui en a résulté sur la Californie, le plus grand État industriel et agricole des États-Unis et l'un des plus grands États exportateurs.
Plus de 40 % de ses importations proviennent du Mexique, du Canada et de la Chine, et le port de Los Angeles a averti que le volume des marchandises allait chuter de 35 % cette semaine.
La Californie a également vu le nombre de touristes baisser pendant deux mois consécutifs, avec une baisse de 16 % rien que pour les Canadiens. En 2024, 1,8 million de Canadiens ont visité l'État, et cette baisse a incité Newsom à lancer une campagne pour les faire revenir.
«Je veux travailler avec le président, mais c'est très difficile en ce moment à tous les niveaux en raison des attaques contre la libre entreprise, contre l'État de droit, contre nos alliés et nos partenaires commerciaux, contre nos relations, contre la confiance», a expliqué M. Newsom. «C'est pourquoi nous nous affirmons.»
Il a toutefois ajouté qu'il pensait que des jours meilleurs étaient à venir. Selon M. Newsom, M. Trump croit aux marchés, et ceux-ci se sont exprimés haut et fort, plongeant pendant plusieurs jours après l'annonce par le président de droits de douane élevés sur les importations en provenance du monde entier.
« En conséquence, il a réagi à cela — non pas aux déclarations des gouverneurs, ni même à celles des membres de son propre parti ou de ses conseillers, mais aux marchés », a indiqué M. Newsom. « Nous étions le pilier de l'économie mondiale, nous faisions l'envie du monde entier avant l'arrivée de Trump... aujourd'hui, tout cela a changé. »
Par conséquent, M. Newsom a noté que le ton de M. Trump commençait à changer, ce qui se reflétait non seulement dans son discours, mais aussi dans « la réalité de ses engagements ».
« C'est pourquoi je me sens un peu plus confiant et optimiste, en particulier en ce qui concerne les relations entre le nouveau Premier ministre et le président Trump cette semaine », a-t-il déclaré. « Je pense que c'est en fait une bonne semaine pour engager le dialogue, et j'ai le sentiment que les choses sont sur le point de se calmer ici. »

