Les dirigeants des trois principales organisations autochtones du pays disent espérer que le nouveau gouvernement de Mark Carney ne s'éloignera pas trop des priorités de ses prédécesseurs, même s'il compte mettre davantage l'accent sur l'économie.
Le président national de l'Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, ne s'attend pas à ce que le nouveau premier ministre fédéral fasse tout correctement dès ses premiers jours au pouvoir. Il applaudit toutefois sa volonté de bien apprendre.
M. Obed souligne que M. Carney compte poursuivre la politique de réconciliation entreprise par Justin Trudeau. Il semble comprendre le rôle important que les peuples autochtones peuvent jouer dans l'économie et dans la riposte canadienne aux droits douaniers imposés par les États-Unis.
«Il y a beaucoup à construire», lance-t-il.
La cheffe de l'Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse Nepinak, dit placer de grands espoirs en Mark Carney qui lui a donné son numéro de cellulaire. Tous deux se sont déjà échangé des messages depuis les élections de lundi. Elle est persuadée que le premier ministre sera à l'écoute.
La liste des priorités des deux organisations n'est pas courte: amélioration des infrastructures, réforme du système de protection des enfants, garantie de l'accès à l'eau potable, investissements dans les projets d'exploitation des ressources naturelles, dans la santé mentale et la formation professionnelle.
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M. Obed souhaite que le programme Nutrition Nord soit plus transparent et plus responsable envers les utilisateurs.
Cette subvention, qui vise à réduire le coût élevé des aliments dans les communautés nordiques éloignées du Canada, est actuellement examinée, car des études ont montré qu'elle n'était pas entièrement transmise aux Inuits.
Dans leur programme, les libéraux de Mark Carney s'engageaient également à investir dans l'Université Inuit Nunangat, première du genre et ancrée dans la culture inuite, dans le but de promouvoir la préservation et la revitalisation de la langue ainsi que de soutenir les opportunités économiques et culturelles.
M. Obed attend des options législatives pour rapprocher l'université de son aboutissement, ainsi qu'un engagement financier solide afin de garantir le respect des échéances d'ouverture en 2030.
Il souhaite par ailleurs voir un financement continu des programmes sociaux que les Inuits réclament depuis longtemps, notamment pour l'Initiative «Les enfants inuits d'abord», qui garantit aux enfants inuits l'accès aux mêmes soutiens sociaux que les non-Inuits en matière de santé, d'éducation et de services sociaux.
«Nous avons parcouru un long chemin, mais nous ne pouvons pas nous permettre d'interrompre ou de nous éloigner complètement des progrès réalisés au cours des dix dernières années, alors que nous sommes encore si loin de l'équité, des résultats et des autres populations canadiennes», indique-t-il.
Le programme du parti libéral prévoit d'augmenter la superficie des terres ajoutées aux réserves d'ici quatre ans, de contribuer à la revitalisation des langues autochtones et de combler le déficit de 350 milliards $ en infrastructures dans les communautés des Premières Nations, sans toutefois préciser quand il prévoit que ce déficit sera comblé.
Il s'engage aussi à présenter et à adopter une loi affirmant le droit des Premières Nations à l'eau potable — un projet amorcé sous Justin Trudeau, mais qui n'a pas été mené à terme avant la prorogation du Parlement et le déclenchement d'élections.
Selon Mme Woodhouse Nepinak, le gouvernement devrait corriger certains des problèmes identifiés dans ce projet de loi avant de le présenter à nouveau.
Le nouveau Parlement compte 12 députés autochtones issus de tous les principaux partis, ce qui est impératif pour garantir que le gouvernement travaille dans l'intérêt de la communauté, estime Mme Woodhouse Nepinak.
«C'est une réalisation remarquable, souligne-t-elle. Et cela montre que les Premières Nations s'en soucient et qu'elles s'engagent (avec le gouvernement) plus que jamais auparavant.»
La présidente du Ralliement national des Métis, Victoria Pruden, n'était pas disponible pour répondre aux questions de La Presse Canadienne. Elle a toutefois transmis un document écrit soulignant les priorités que son organisation défendait : croissance de l'économie métisse, accès à l'éducation et écoute des préoccupations environnementales des Métis.
«Nos priorités sont axées sur la construction d'un avenir où aucun citoyen métis n'est laissé pour compte, mentionne Mme Pruden. Trop de familles métisses se remettent encore des impacts économiques de la COVID-19, des urgences climatiques et de la hausse du coût de la vie. Nous avons besoin d'une action urgente qui reflète nos réalités, nos droits et notre potentiel.»

