Au terme d'une enquête, la Commission municipale du Québec conclut que l'administration municipale de Maskinongé s'est bel et bien adonnée à des «pratiques illégales» en faisant mine de faire travailler la veuve d'un employé mort au lieu de rembourser ses heures en banque et exige des mesures correctrices.
Un citoyen du nom de Stéphane Marin a accusé la municipalité d’avoir embauché Ginette Guignard, une dame de 71 ans, veuve d’Alain Lefebvre – décédé en avril 2025 après avoir travaillé 38 ans pour la municipalité de Maskinongé – seulement pour rembourser les heures en banque de son mari au lieu de faire un chèque à sa succession.
Dans un rapport de la Direction des enquêtes et des poursuites en intégralité municipale (DEPIM) transmis vendredi à la municipalité et dont Noovo Info a obtenu copie, la présidente par intérime, Nancy Klein, a déclaré que Maskinongé s'était adonné à des «actes répréhensibles».
«Nous considérons que les pratiques illégales de la municipalité en matière de cumul d’heures, combinées à l’absence de mécanismes de contrôle, révèlent une gestion déficiente», écrit notamment Mme Klein dans sa lettre..
«Un cas grave de mauvaise gestion»
Dans son rapport d’enquête, la commission indique qu’elle avait reçu des informations indiquant que la municipalité de Maskinongé «aurait adopté des pratiques irrégulières en matière de cumul d’heures supplémentaires».
Afin de dissimuler ces pratiques, le conseil municipal aurait procédé à l’embauche fictive de l’épouse d’un employé décédé, «dans le but de lui verser des montants de salaire dus à ce dernier».
L'enquête démontre que c’était bel et bien le cas. Dans le document composé de huit pages, on explique que la veuve de l'employé municipal décédé a demandé le recouvrement de sommes qui étaient dues à son mari. L’homme avait 229 heures de travail cumulées qui représentaient une réclamation de 6870$.
Démission du maire?
En apprenant les faits, le citoyen Stéphane Marin a réclamé la démission du maire de la municipalité, Roger Michaud, et a menacé de faire appel à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) en raison de soupçons de fraude.
La Commission municipale suggère plutôt dans son rapport d'enquête de prendre des mesures pour réclamer les sommes payées à l'employée fictive, de prendre des mesures pour donner les sommes dues à la veuve de l'employée, de réviser les pratiques de Maskinongé concernant le cumul d'heures ainsi que de planifier une formation sur le «le partage des rôles et responsabilités du maire, des élus municipaux et de l’administration destinée tant aux élus qu’à l’ensemble des cadres de la municipalité»....
Mais le rapport a été transmis à la CNESST ainsi qu'à l'UPAC.
Le conseil municipal au courant
Le rapport souligne notamment le fait qu’une résolution concernant l’embauche de la veuve de l’employé a été adopté au conseil municipal de Maskinongé. À noter qu’un membre du conseil s’y était opposé. Trois conseillers ont voté en faveur du texte.
La commission indique que la dame n’a jamais donné une seule heure de prestation de travail.
Le maire de la municipalité a admis à la Direction des enquêtes et des poursuites en intégrité municipale, a «admis le stratagème en place». On indique également que les personnes concernées et les témoins de la situation ont menti pour dissimuler le tout. Les versions données ont été considérées comme «contradictoires» et «non crédibles».
