Le Québec serait en train de commettre une erreur fatale en accordant aux propriétaires un sursis d'un an pour installer des clôtures et d'autres mesures de sécurité autour de leurs piscines, selon des experts médicaux.
«De nombreux enfants se noient. C'est silencieux et c'est dévastateur», lance Debbie Friedman, directrice de la traumatologie à l'Hôpital de Montréal pour enfants. «Pour ceux d'entre nous qui travaillent dans des centres de traumatologie et qui voient la réalité de première main, qui voient le chagrin et la culpabilité sur les visages des parents, qui voient la réaction de l'équipe soignante et qui savent que cela aurait pu être évité, nous sommes inquiets. Nous sommes inquiets.»
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Elle souligne que chaque jour de l'été, un enfant ou un adolescent est accueilli dans les salles d'urgence du Québec pour une noyade ou une quasi-noyade.
Les médecins de l'Hôpital de Montréal pour enfants traitent au moins un cas de noyade ou de quasi-noyade par semaine pendant l'été, la majorité d'entre eux concernant des enfants de moins de cinq ans.
«Nous voulons prévenir cela. C'est tragique. C'est dévastateur», ajoute Mme Friedman. «Cela détruit la vie des familles, des communautés, et beaucoup de ces enfants ne survivent pas à leurs blessures, et s'ils y parviennent, ils en gardent de profondes déficiences.»
Elle insiste sur le fait que la prévention des noyades doit faire l'objet d'une «approche à plusieurs volets».
«Si vous avez une piscine, vous avez une responsabilité. La surveillance est importante, de même que la connaissance de la réanimation cardio-pulmonaire et du niveau de natation de la personne qui se trouve dans la piscine, mais l'installation d'une clôture interdisant l'accès à la maison est un facteur important, en particulier pour les jeunes enfants.»
Elle avance que tous les propriétaires doivent se responsabiliser, quel que soit le type de piscine qu'ils possèdent.
En fait, elle souligne que 50 % des noyades se produisent dans des piscines creusées, et les 50 % restants dans des piscines hors terre.
Un an de retard
La semaine dernière, la nouvelle ministre des Affaires municipales, Geneviève Guilbault, a confirmé que l'échéance du 30 septembre 2025 serait repoussée d'un an.
Elle a promis de présenter un projet de loi d'ici l'automne pour officialiser ce changement.
«Plusieurs citoyens et fonctionnaires municipaux ont exprimé leur confusion, leur frustration et leur exaspération face à la rigidité des règles», a-t-elle indiqué dans un communiqué transmis à CTV News. «Étant donné mon arrivée récente dans ce rôle, je prendrai le temps de présenter mes solutions aux représentants municipaux. L'objectif est d'être pragmatique et de faire preuve de bon sens.»
Quoi qu'il en soit, l'Hôpital de Montréal pour enfants demande instamment au gouvernement du Québec de ne pas repousser la date limite au-delà d'avril de l'année prochaine.
C'est la seule façon, selon l'hôpital, d'éviter une autre saison estivale de traumatismes.
«N'attendez pas qu'une autre année passe et qu'une autre saison estivale apporte une tragédie inutile», insiste Mme Friedman. «Elles [les clôtures] sauvent des vies. Les enfants sont plus précieux que tout le reste.»


