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Réactions aux frappes américaines en Iran: appels au retour à la table des négos

On ne savait pas encore l'ampleur des dégâts qui avaient été infligés, et l’Iran a déclaré qu’il se réservait le droit de «résister avec toute la force».

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(Associated Press)

Plusieurs proches alliés des États-Unis ont appelé à un retour à la table des négociations après les frappes américaines sur l’Iran, qui ont alimenté les craintes d’un conflit plus large, tout en notant la menace posée par le programme nucléaire de Téhéran. Certains pays et groupes de la région, y compris ceux qui soutiennent l’Iran, ont condamné cette initiative tout en exhortant à la désescalade.

Le président américain Donald Trump avait déclaré jeudi qu’il déciderait d’ici deux semaines s’il devait s’impliquer dans la guerre d’Israël avec Téhéran. En fin de compte, cela n’a pris que quelques jours. Washington a frappé trois sites nucléaires iraniens dimanche matin.

On ne savait pas encore l'ampleur des dégâts qui avaient été infligés, et l’Iran a déclaré qu’il se réservait le droit de «résister avec toute la force».

Certains se sont demandé si un Iran affaibli capitulerait ou resterait défiant et commencerait à frapper avec des alliés contre des cibles américaines dispersées dans la région du Golfe.

Voici un aperçu des réactions à travers le monde:

Canada

Le premier ministre Mark Carney a réagi dimanche matin aux frappes américaines en Iran,, avant de partir pour l'Europe pour des sommets qui étaient déjà prévus avec l'OTAN et l'UE en matière de sécurité et de défense.

«Le programme nucléaire de l'Iran constitue une grave menace pour la sécurité internationale, et le Canada a toujours été clair sur le fait que l'Iran ne peut en aucun cas être autorisé à mettre au point une arme nucléaire», précise la déclaration écrite de M. Carney sur le réseau social X.

«L'intervention militaire menée hier soir par les États-Unis visait à réduire cette menace, mais la situation au Moyen-Orient reste très volatile. La stabilité de la région est une priorité», a-t-il précisé.

«Le Canada appelle les parties concernées à retourner immédiatement à la table des négociations et à trouver une solution diplomatique pour mettre fin à cette crise. Comme l'ont convenu les dirigeants du G7 à Kananaskis, la résolution de la crise en Iran devrait mener à une désescalade plus vaste des hostilités au Moyen-Orient, y compris à un cessez-le-feu à Gaza.»

Nations Unies

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré qu’il était «fortement alarmé» par l’usage de la force par les États-Unis.

«Il y a un risque croissant que ce conflit devienne rapidement incontrôlable — avec des conséquences catastrophiques pour les civils, la région et le monde», a-t-il affirmé dans une déclaration sur le réseau social X. 

«Il n’y a pas de solution militaire. La seule voie à suivre est la diplomatie. Le seul espoir est la paix», a-t-il ajouté, tout en appelant les États membres à une désescalade.

Union européenne

La plus haute diplomate de l’Union européenne (UE) a déclaré que l’Iran ne doit pas être autorisé à développer une arme nucléaire, mais elle a exhorté ceux impliqués dans le conflit à faire preuve de retenue.

«J’exhorte toutes les parties à prendre du recul, à revenir à la table des négociations et à empêcher une nouvelle escalade», a déclaré Kaja Kallas, responsable de la politique étrangère de l’UE, dans un message sur les réseaux sociaux.

Royaume-Uni

Le premier ministre britannique Keir Starmer a appelé l’Iran à revenir à la table de négociations pour mettre fin diplomatiquement à la crise, affirmant que la stabilité était la priorité dans la région volatile.

Le Royaume-Uni, ainsi que l’Union européenne, la France et l’Allemagne, ont essayé sans succès de négocier une solution diplomatique à Genève la semaine dernière avec l’Iran.

M. Starmer a déclaré que le programme nucléaire iranien posait une grave menace pour la sécurité mondiale.

«L’Iran ne peut jamais être autorisé à développer une arme nucléaire et les États-Unis ont pris des mesures pour atténuer cette menace», a déclaré M. Starmer.

Irak

Le gouvernement irakien a condamné les frappes américaines, affirmant que l’escalade militaire créait une grave menace pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient. Il a déclaré qu’elle posait de sérieux risques pour la stabilité régionale et a appelé à des efforts diplomatiques pour désamorcer la crise.

«La poursuite de telles attaques risque une escalade dangereuse avec des conséquences qui s’étendent au-delà des frontières d’un seul État, menaçant la sécurité de toute la région et du monde», a déclaré le porte-parole du gouvernement irakien Bassem al-Awadi, par voie de communiqué. 

L’Irak a des relations étroites avec Washington et Téhéran, et il a tenté d’équilibrer celles-ci au fil des ans. Le pays dispose également d’un réseau de milices puissantes soutenues par l’Iran, qui n’ont jusqu’à présent pas été impliquées.

Arabie saoudite

L’Arabie saoudite a exprimé «une profonde préoccupation» concernant les frappes aériennes américaines, mais n’a pas condamné ces dernières.

«Le Royaume souligne la nécessité de déployer tous les efforts possibles pour faire preuve de retenue, désamorcer les tensions et éviter une nouvelle escalade», a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

L’Arabie saoudite avait auparavant condamné les frappes israéliennes sur les installations nucléaires et les dirigeants militaires de l’Iran.

Qatar

Le Qatar, qui abrite la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, a dit regretter l’escalade des tensions dans la guerre entre Israël et l’Iran.

Dans une déclaration, son ministère des Affaires étrangères a exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue et à «éviter une escalade que les peuples de la région, accablés par les conflits et leurs répercussions humanitaires tragiques, ne peuvent tolérer».

Le Qatar a servi de médiateur clé dans la guerre entre Israël et le Hamas.

Oman

L'Oman, qui a servi de médiateur dans les pourparlers nucléaires entre l’Iran et les États-Unis, a condamné les frappes aériennes, affirmant qu’elles ont intensifié les tensions dans la région.

Les frappes aériennes américaines menacent «d’étendre la portée du conflit et constituent une violation grave du droit international», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères d’Oman dans un communiqué.

Hamas et les Houthis

Les rebelles houthis au Yémen et le Hamas ont tous deux condamné les frappes américaines.

Dans une déclaration dimanche, le bureau politique houthi a appelé les nations musulmanes à rejoindre «l’option du djihad et de la résistance comme front unique contre l’arrogance américano-sioniste».

Le Hamas et les Houthis font partie de ce qu’on appelle l’Axe de la Résistance iranienne, un ensemble de mandataires pro-iraniens s’étendant du Yémen au Liban qui ont donné pendant des années à la République islamique un pouvoir considérable dans toute la région.

Liban

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré que le bombardement américain pourrait mener à un conflit régional qu’aucun pays ne peut supporter et a appelé à des négociations.

«Le Liban, ses dirigeants, ses partis et son peuple sont conscients aujourd’hui, plus que jamais auparavant, qu’il a payé un lourd tribut pour les guerres qui ont éclaté sur son territoire et dans la région», a déclaré M. Aoun dans une déclaration sur X. «Il ne veut pas payer davantage. »

Le gouvernement libanais — arrivée au pouvoir en février dernier après une guerre dévastatrice entre Israël et le groupe militant du Hezbollah—a exhorté le pays à éviter d’être entraîné dans un autre conflit alors qu’il essaie de se reconstruire et de se sortir d’une crise économique. Le Hezbollah n’a pas mené d’action militaire contre Israël en solidarité avec son allié clé, l’Iran, et n’a pas encore commenté les frappes de nuit de Washington.

Chine

Un commentaire des médias dirigés par le gouvernement chinois a demandé si les États-Unis «répétaient leur erreur concernant l’Irak en Iran».

L’article mis en ligne par CGTN, la branche en langue étrangère du radiodiffuseur d’État, indique que les frappes américaines en Iran marquent un tournant dangereux.

«L’histoire a montré à plusieurs reprises que les interventions militaires au Moyen-Orient produisent souvent des conséquences imprévues, y compris des conflits prolongés et une déstabilisation régionale», a souligné la Chine, en donnant l'exemple de l’invasion américaine de l’Irak en 2003.

Pour la Chine, une approche mesurée et diplomatique offrait le meilleur espoir de stabilité au Moyen-Orient.

Italie

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a déclaré que les installations nucléaires iraniennes «représentaient un danger pour toute la région».

Il a dit espérer que l’action (américaine) pourrait conduire à une désescalade du conflit et à des négociations.

Nouvelle-Zélande 

Le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères, Winston Peters, a exhorté «toutes les parties à reprendre les pourparlers». 

Il n’a pas dit aux journalistes dimanche si la Nouvelle-Zélande soutenait les actions de Trump, soulignant qu’elles venaient à peine d’arriver. 

«La diplomatie produira une résolution plus durable que toute action militaire supplémentaire», a-t-il déclaré.

Japon

Le premier ministre japonais Shigeru Ishiba a déclaré aux journalistes dimanche qu’il était crucial de calmer la situation dès que possible, ajoutant que le développement d’armes nucléaires iraniennes devait également être empêché.

M. Ishiba s'est fait demander s’il soutenait les attaques américaines contre l’Iran, mais il a refusé de commenter.

Australie 

L’Australie, qui a fermé son ambassade à Téhéran et évacué le personnel vendredi, a poussé pour une fin diplomatique du conflit.

«Nous avons clairement indiqué que le programme nucléaire et de missiles balistiques de l’Iran a été une menace pour la paix et la sécurité internationale», indique une déclaration écrite du gouvernement. 

«Nous prenons note de la déclaration du président des États-Unis, selon laquelle le temps est à la paix (...) Nous continuons d’appeler à la désescalade, au dialogue et à la diplomatie.»