Le président Donald Trump a déclaré samedi que l'armée américaine avait frappé trois sites en Iran, se joignant ainsi directement à l'effort d'Israël pour décapiter le programme nucléaire du pays dans un pari risqué visant à affaiblir un ennemi de longue date, alors que Téhéran menace de représailles qui pourraient déclencher un conflit régional plus large. Dans un discours à la nation, il a affirmé que d'autres frappes millitaires sont à venir si l'Iran ne fait pas la paix.
S'adressant à la nation depuis la Maison-Blanche, le président Donald Trump a déclaré que les principaux sites nucléaires iraniens avaient été «complètement et totalement détruits». Il a également mis en garde Téhéran contre toute riposte contre les États-Unis, affirmant que l'Iran avait le choix entre «la paix ou la tragédie».
«S'ils ne le font pas, les futures attaques seront bien plus importantes et beaucoup plus faciles.»
Trump a présenté cette frappe comme une réponse à un problème de longue date, même si l'objectif était d'empêcher l'Iran de développer des armes nucléaires.
«Depuis 40 ans, l'Iran crie "Mort à l'Amérique, mort à Israël"», a dit M. Trump. «Ils ont tué nos concitoyens, leur ont arraché les bras et les jambes avec des bombes artisanales.»
L'agence nucléaire iranienne a confirmé que ses sites atomiques de Fordo, Ispahan et Natanz avaient été touchés par des frappes, mais a insisté sur le fait que ses activités ne seraient pas interrompues.
La décision d'impliquer directement les États-Unis intervient après plus d'une semaine de frappes israéliennes contre l'Iran, qui visent à éliminer systématiquement les défenses aériennes et les capacités offensives de missiles du pays, tout en endommageant ses installations d'enrichissement nucléaire.
Mais les responsables américains et israéliens ont indiqué que les bombardiers furtifs américains et une bombe antibunker de 30 000 livres (13 500 kilogrammes), qu'ils sont les seuls à pouvoir transporter, offraient la meilleure chance de détruire les sites fortement fortifiés liés au programme nucléaire iranien enfouis profondément sous terre. «Nous avons mené à bien notre attaque très réussie contre les trois sites nucléaires en Iran, notamment Fordow, Natanz et Ispahan», a affirmé M. Trump dans un message publié sur les réseaux sociaux.
«Tous les avions ont désormais quitté l'espace aérien iranien. Une charge complète de bombes a été larguée sur le site principal, Fordo. Tous les avions sont rentrés sains et saufs.»
Trump a ajouté dans un message ultérieur : « C'est un MOMENT HISTORIQUE POUR LES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, ISRAËL ET LE MONDE ENTIER. L'IRAN DOIT MAINTENANT ACCEPTER DE METTRE FIN À CETTE GUERRE. MERCI ! »
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a salué la décision de Trump d'attaquer dans un message vidéo adressé au président américain.
«Votre décision audacieuse de cibler les installations nucléaires iraniennes, avec la puissance impressionnante et légitime des États-Unis, va changer le cours de l'histoire», a-t-il déclaré. Netanyahu a ajouté que les États-Unis «ont fait ce qu'aucun autre pays au monde n'aurait pu faire».
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La Maison-Blanche et le Pentagone n'ont pas immédiatement donné plus de détails sur l'opération. Mais le présentateur de Fox News, Sean Hannity, a déclaré peu après 21 heures, heure de l'Est, qu'il s'était entretenu avec Trump et que six bombes antibunker avaient été utilisées contre le site de Fordo. Hannity a ajouté que 30 missiles Tomahawk tirés par des sous-marins américains à 400 miles de distance avaient frappé les sites nucléaires iraniens de Natanz et d'Ispahan.
Trump a indiqué que des bombardiers furtifs B-2 avaient été utilisés, mais n'a pas précisé quels types de bombes avaient été largués. La Maison Blanche et le Pentagone n'ont pas immédiatement donné plus de détails sur l'opération.
Ces frappes constituent une décision périlleuse pour les États-Unis, l'Iran ayant promis de riposter s'ils se joignaient à l'attaque israélienne, et pour Trump personnellement, qui a remporté la Maison Blanche en promettant de maintenir l'Amérique à l'écart des conflits étrangers coûteux et en se moquant de la valeur de l'interventionnisme américain.
Trump a déclaré vendredi aux journalistes qu'il n'était pas intéressé par l'envoi de forces terrestres en Iran. Il avait précédemment indiqué qu'il prendrait une décision définitive dans un délai de deux semaines, un calendrier qui semblait long compte tenu de l'évolution rapide de la situation.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a averti mercredi les États-Unis que toute frappe contre la République islamique «leur causerait des dommages irréparables». Et le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmail Baghaei, a soutenu que «toute intervention américaine serait la recette d'une guerre totale dans la région».
Donald Trump a promis qu'il ne permettrait pas à l'Iran de se doter de l'arme nucléaire et il avait initialement espéré que la menace de la force inciterait les dirigeants du pays à renoncer pacifiquement à leur programme nucléaire.
L'armée israélienne a indiqué samedi qu'elle se préparait à une guerre longue, tandis que le ministre iranien des Affaires étrangères a averti avant l'attaque américaine que l'intervention militaire américaine « serait très, très dangereuse pour tout le monde ».
Les rebelles houthis soutenus par l'Iran au Yémen ont affirmé qu'ils reprendraient leurs attaques contre les navires américains dans la mer Rouge si l'administration Trump se joignait à la campagne militaire israélienne.
Les Houthis avaient suspendu ces attaques en mai dans le cadre d'un accord avec les États-Unis.
L'ambassadeur américain en Israël a annoncé que les États-Unis avaient commencé à organiser des «vols d'évacuation assistée», les premiers depuis l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre à Gaza.
Mais Trump semble avoir calculé, sous la pression des responsables israéliens et de nombreux législateurs républicains, que l'opération israélienne avait préparé le terrain et offrait une occasion peut-être unique de faire reculer le programme nucléaire iranien, peut-être de manière définitive.
Les Israéliens affirment que leur offensive a déjà paralysé les défenses aériennes iraniennes, leur permettant de dégrader considérablement plusieurs sites nucléaires iraniens.
Mais pour détruire l'usine d'enrichissement d'uranium de Fordo, Israël a demandé à Trump de lui fournir des bombes antibunker américaines, les GBU-57 Massive Ordnance Penetrator, qui pèsent 30 000 livres et utilisent leur poids et leur force cinétique pour atteindre des cibles profondément enfouies avant d'exploser. Ces bombes ne sont actuellement disponibles que sur les bombardiers furtifs B-2, qui n'existent que dans l'arsenal américain.
La bombe est équipée d'une ogive conventionnelle et serait capable de pénétrer à environ 61 mètres sous la surface avant d'exploser. Les bombes peuvent être larguées les unes après les autres, creusant ainsi de plus en plus profondément à chaque explosion successive.
L'Agence internationale de l'énergie atomique a confirmé que l'Iran produisait de l'uranium hautement enrichi à Fordo, ce qui augmente le risque que des matières nucléaires soient libérées dans la région si la GBU-57 A/B était utilisée pour frapper l'installation.
Les frappes israéliennes précédentes contre un autre site nucléaire iranien, Natanz, sur un site de centrifugation, n'ont causé de contamination que sur le site lui-même, et non dans les environs, a indiqué l'AIEA.
La décision de Trump d'intervenir militairement directement intervient après deux mois d'efforts infructueux de son administration, notamment des négociations directes de haut niveau avec les Iraniens, visant à persuader Téhéran de freiner son programme nucléaire.
Pendant des mois, Trump a déclaré qu'il était déterminé à mener une offensive diplomatique pour persuader l'Iran de renoncer à ses ambitions nucléaires. À deux reprises, en avril et fin mai, il a persuadé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de suspendre toute action militaire contre l'Iran et de donner plus de temps à la diplomatie.
Ces derniers jours, les États-Unis ont déployé des avions militaires et des navires de guerre au Moyen-Orient et dans les environs afin de protéger Israël et les bases américaines contre les attaques iraniennes.
Pendant ce temps, Trump est passé de l'expression publique de son espoir que ce moment puisse être une « deuxième chance » pour l'Iran de conclure un accord à des menaces explicites à l'encontre de Khamenei et à des appels à la capitulation inconditionnelle de Téhéran.
«Nous savons exactement où se cache le soi-disant "Guide suprême"», a exprimé Donald Trump dans un message publié sur les réseaux sociaux. «C'est une cible facile, mais il est en sécurité là où il est. Nous n'allons pas l'éliminer (le tuer !), du moins pas pour l'instant.»
Rappel des événements
La guerre entre Israël et l'Iran a éclaté le 13 juin, avec des frappes aériennes israéliennes visant des sites nucléaires et militaires, des généraux de haut rang et des scientifiques nucléaires. Les Israéliens affirment que leur offensive a déjà paralysé les défenses aériennes iraniennes, leur permettant d'affecter considérablement plusieurs sites nucléaires iraniens.
Au moins 657 personnes, dont 263 civils, ont été tuées en Iran et plus de 2000 ont été blessées, selon une organisation iranienne de défense des droits de la personne située à Washington.
L'Iran a riposté en tirant plus de 450 missiles et 1000 drones sur Israël, selon les estimations de l'armée israélienne. La plupart ont été abattus par les défenses aériennes israéliennes à plusieurs niveaux, mais au moins 24 personnes ont été tuées et des centaines blessées en Israël.
Benyamin Nétanyahou a soutenu que l'opération militaire israélienne en Iran se poursuivra «aussi longtemps qu'il le faudra», pour éliminer ce qu'il a qualifié de menace existentielle que représentent le programme nucléaire et l'arsenal de missiles balistiques iraniens.
La confrontation militaire avec l'Iran survient sept ans après que Trump a retiré les États-Unis de l'accord négocié par l'administration Obama en 2018, le qualifiant de «pire accord jamais conclu».
L'accord de 2015, signé par l'Iran, les États-Unis et d'autres puissances mondiales, avait établi un accord nucléaire global à long terme qui limitait l'enrichissement d'uranium par Téhéran en échange de la levée des sanctions économiques.
Trump a dénoncé l'accord de l'ère Obama pour avoir donné trop à l'Iran en échange de trop peu, car il ne couvrait pas le comportement malveillant de l'Iran dans le domaine non nucléaire.
Trump s'est insurgé contre les critiques de certains de ses fidèles partisans du MAGA, notamment le commentateur conservateur Tucker Carlson, qui ont suggéré qu'une implication accrue des États-Unis serait une trahison envers les partisans attirés par sa promesse de mettre fin à l'implication américaine dans des guerres coûteuses et sans fin.


