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Qui était Dick Cheney, l'ancien vice-président de George W. Bush?

Retour sur son parcours politique, qui a été marqué par la guerre en Irak, notamment.

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États-Unis: décès de l’ancien-vice-président Dick Cheney et élections à New York États-Unis: décès de l’ancien-vice-président Dick Cheney et élections à New York

Dick Cheney, figure emblématique du conservatisme américain, est décédé à l'âge de 84 ans des suites de complications liées à une pneumonie et à une maladie cardiaque et vasculaire. Voici tout ce qu'il faut savoir sur celui qui a servi les deux présidents Bush, père et fils.

Jetons un oeil sur son parcours politique, qui a été marqué par la guerre en Irak, notamment.

Son ascension politique

La politique attira Dick Cheney à Washington pour la première fois en 1968, alors qu'il était boursier du Congrès. Il devint le protégé du représentant Donald Rumsfeld (républicain de l'Illinois), travaillant sous ses ordres dans deux agences et à la Maison-Blanche de Gerald Ford avant d'être promu chef de cabinet, le plus jeune de l'histoire, à l'âge de 34 ans. 

M. Cheney occupa ce poste pendant 14 mois, puis retourna à Casper, où il avait grandi, et se présenta à l'unique siège de l'État au Congrès.

Lors de cette première campagne pour la Chambre des représentants, il fut victime d'un léger infarctus, ce qui le poussa à plaisanter en disant qu'il formait un groupe appelé «Les cardiaques pour Cheney». Il remporta néanmoins une victoire décisive et fut élu cinq fois de plus.

En 1989, M. Cheney devint secrétaire à la Défense sous la première présidence de George W. Bush et dirigea le Pentagone pendant la guerre du Golfe de 1990-1991. Il a chassé les troupes irakiennes du Koweït. 

AP Photo Le président George H.W. Bush s'exprime lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche le vendredi 10 mars 1989. (AP Photo)

Entre les deux administrations Bush, M. Cheney a dirigé Halliburton Corp., une importante société d'ingénierie et de construction pour l'industrie pétrolière établie à Dallas.

Lorsque George W. Bush s'est lancé pour la deuxième fois dans la course à la présidence, il a demandé l'aide de Dick Cheney. Ce dernier a dirigé l'équipe chargée de trouver un candidat à la vice-présidence. Bush a décidé que le meilleur choix était l'homme choisi pour l'aider à faire ce choix.

Ensemble, ils ont dû mener une longue bataille postélectorale en 2000 avant de pouvoir revendiquer la victoire. Une série de recomptages et de recours judiciaires a plongé le pays dans l'incertitude pendant des semaines.

M. Bush a qualifié M. Cheney d'«homme honnête et honorable» et a déclaré que sa mort était «une perte pour la nation». «L'histoire se souviendra de lui comme l'un des meilleurs fonctionnaires de sa génération, un patriote qui a apporté intégrité, grande intelligence et sérieux à chaque poste qu'il a occupé», a-t-il dit par communiqué.

AP Photo Sur cette photo d'archive datée du 6 novembre 2008, le vice-président Dick Cheney applaudit le président Bush lors d'un événement à la Maison-Blanche à Washington. (AP Photo)

La guerre en Irak

Pendant son mandat sous le président George W. Bush, il a influencé la politique sur l'Irak, le terrorisme, les pouvoirs présidentiels, l'énergie et d'autres pierres angulaires du programme conservateur.

Il a notamment allégué des liens inexistants entre les attentats de 2001 contre les États-Unis et l'Irak d'avant-guerre. Il a déclaré que les troupes américaines seraient accueillies comme des libérateurs, ce qui n'a pas été le cas.

Il a affirmé que l'insurrection irakienne était à l'agonie en mai 2005, alors que 1 661 militaires américains avaient été tués, soit moins de la moitié du nombre total de victimes à la fin de la guerre.

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Pour ses admirateurs, il a gardé la foi dans une période instable, restant résolu alors même que la nation se retournait contre la guerre et les dirigeants qui la menaient.

Mais bien après le début du second mandat de George W. Bush, l'influence de Cheney a diminué, freinée par les tribunaux ou l'évolution de la réalité politique. Les tribunaux ont rejeté ses efforts visant à élargir les pouvoirs présidentiels et à accorder un traitement particulièrement sévère aux terroristes présumés.

Ses positions intransigeantes sur l'Iran et la Corée du Nord n'ont pas été pleinement approuvées par le président Bush.

Sa relation avec George W. Bush

Dans les mois qui ont suivi les attentats de 2001, M. Cheney travaillait la plupart du temps depuis des lieux tenus secrets, à l'écart de George W. Bush afin de garantir la survie de l'un ou de l'autre en cas de nouvelle attaque contre le pouvoir.

Ce jour fatidique, M. Bush étant absent, Dick Cheney était une présence constante à la Maison-Blanche, du moins jusqu'à ce que des agents des services secrets le soulèvent et l'emmènent, une scène que le vice-président a décrite plus tard avec humour.

Dès le départ, MM. Cheney et Bush ont conclu un pacte étrange, tacite mais évident. Renonçant à toute ambition de succéder à M. Bush, M. Cheney s'est vu accorder un pouvoir comparable, à certains égards, à celui de la présidence.

Ce pacte a généralement tenu le coup.

«Il est, d'une certaine manière, fait pour être le "le numéro deux par excellence"», a déclaré un jour Dave Gribbin, un ami d'enfance de M. Cheney à Casper, dans le Wyoming, avec qui il a travaillé à Washington. «Il est d'une discrétion naturelle. Il est d'une loyauté remarquable.»

Comme l'a expliqué M. Cheney: «Dès mon entrée en fonction auprès du président, j'ai décidé que mon seul objectif serait le sien, que je ne me comporterais pas comme la plupart des vice-présidents: manœuvrer pour me faire élire président à la fin de son mandat.»

Son goût pour le secret et ses manœuvres en coulisses ont eu un prix. Il a fini par être perçu comme un Machiavel susceptible, orchestrant une réponse maladroite aux détracteurs de la guerre en Irak. Et lorsqu'en 2006, un coup de fusil accidentel a blessé accidentellement un compagnon de chasse au torse, au cou et au visage, lui et son entourage ont tardé à révéler cet événement extraordinaire.

Le vice-président a qualifié ce jour de «l'un des pires de (sa) vie». La victime, son ami Harry Whittington, s'est rétablie et lui a pardonné rapidement. Les humoristes s'en sont moqués sans relâche pendant des mois.