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Québec «ne réinvestira pas dans Lion Électrique», annonce la ministre Fréchette

Il s'agit d'une décision «difficile, mais responsable».

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Les autobus scolaires électriques Lion C sont assemblés à l'usine de Lion Electric Company à Saint-Jérôme, au Québec, le 21 août 2023. (Christinne Muschi / La Presse Canadienne)

Le gouvernement Legault n'interviendra pas dans le naufrage de l'entreprise Lion Électrique parce que les investisseurs privés n'ont pas fait leur part, selon la ministre de l'Économie, Christine Fréchette. 

Québec perdra donc environ 140 millions $ dans l'aventure de ce constructeur d'autobus électriques établi à Saint-Jérôme, a reconnu le premier ministre François Legault.  

Lion était pourtant une des cartes maîtresses du gouvernement dans l'électrification des transports et la filière batterie au Québec et le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, a dû évoquer jeudi matin une révision des cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES) dans ce secteur.

«Ça aurait été irresponsable d'aller de l'avant avec une injection importante de fonds publics à nouveau dans Lion, sur la base du plan qui nous a été présenté», a justifié la ministre de l'Économie, Christine Fréchette, en mêlée de presse jeudi matin.  

«Je me serais attendue à ce que le privé soit davantage présent.»
- Christine Fréchette, ministre de l'Économie

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Selon le chef de l'opposition, Marc Tanguay, le gouvernement caquiste a commis une grave erreur en accordant le monopole de l'électrification des autobus scolaires à Lion.

La ministre avait indiqué sur les réseaux sociaux mercredi soir que son gouvernement refusait d'injecter de nouvelles sommes dans le constructeur en difficulté, alors que des repreneurs potentiels avaient manifesté leur intérêt, à condition que Québec allonge 20 millions $.  

Lion Électrique est présentement sous la protection de ses créanciers en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

«Il fallait prendre une décision qui est responsable», a renchéri le premier ministre François Legault, dans une courte mêlée de presse jeudi matin.

«Ce n'était pas une décision facile parce qu'il y a déjà un certain nombre d'autobus qui sont en circulation», a affirmé Mme Fréchette, évoquant ainsi les inquiétudes des propriétaires de ces véhicules concernant leur entretien et réparation. 

«On va s'assurer avec des compagnies comme Girardin, comme Thomas, qu'un suivi sera fait sur l'entretien des autobus électriques qui ont été déjà vendus», a fait savoir M. Legault. 

Mme Fréchette a assuré que le choix de laisser sombrer Lion était une décision d'équipe, mais qu'il y avait néanmoins différents points de vue sur cet enjeu à la CAQ. 

«On est dans une formation politique composée de nombreuses personnes, nombreux intérêts. (....) Il y avait une tendance de fond pour faire en sorte qu'on ne réinjecte pas sur la base du plan qui nous avait été présenté.»

Elle a dit avoir consulté le caucus des élus de la CAQ, le conseil des ministres et le bureau du premier ministre.

Mardi, M. Legault avait laissé entendre que son gouvernement avait toujours l’intention d’électrifier les transports scolaires, mais il a aussi évoqué le contexte difficile pour l’industrie avec l’administration Trump, qui est moins favorable au secteur.

Le gouvernement du Québec a soutenu Lion Électrique jusqu’à hauteur de 177 millions $ dans les dernières années.

Patrice Bergeron

Patrice Bergeron

Journaliste