L'Inde et le Pakistan ont connu la semaine dernière leur plus grave confrontation militaire depuis la guerre qui les a opposés en 1999 dans les neiges du district himalayen de Kargil.
Voici le récit de quatre jours d'intenses combats:
Mercredi 7 mai: la frappe
Au coeur de la nuit, l'Inde lance l'opération Sindoor. Une pluie de missiles s'abat sur neuf «camps terroristes» censés abriter le groupe jihadiste qu'elle soupçonne de l'attentat qui a fait 26 morts le 22 avril à Pahalgam, au Cachemire indien.
Le Pakistan nie toute implication dans cette attaque.
New Delhi précisera ensuite que toutes ses cibles ont été détruites, tuant une «centaine de terroristes».
Le Pakistan promet aussitôt une «riposte» par la voix du porte-parole de l'armée, le général Ahmed Chaudhry. L'Inde fait état dans la foulée de violents tirs d'artillerie pakistanais sur son sol.
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Le cycle attaques - contre-attaques est lancé.
Le Pakistan affirme avoir abattu cinq avions indiens, une information jamais confirmée par l'Inde. Une source sécuritaire indienne assure toutefois à l'AFP que trois appareils indiens se sont écrasés au sol, sans en donner la raison.
Une quarantaine de victimes civiles sont recensées de part et d'autre de la frontière pendant les premières 24 heures de combat.
A Washington, Donald Trump espère que les affrontements «s'arrêtent très rapidement». Les capitales étrangères appellent les deux rivaux à la «retenue» et à la «désescalade».
Jeudi 8 mai: les drones
Lahore, la grande ville pakistanaise frontalière de l'Inde, se réveille au son des explosions.
New Delhi affirme y avoir «neutralisé» la défense aérienne, en réponse à une attaque nocturne de «missiles et de drones pakistanais» qui visait des «cibles militaires» sur son sol.
L'armée pakistanaise assure avoir abattu 25 drones indiens lancés sur au moins neuf villes dont Rawalpindi, siège de son quartier général.
Ces échanges contraignent l'aviation civile pakistanaise à fermer quelques heures les trois principaux aéroports du pays à Islamabad, Karachi (sud) et Lahore (est).
Le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar avertit que toute attaque du Pakistan suscitera «une réponse très ferme».
En soirée, une nouvelle vague de drones pakistanais vise l'Inde, notamment dans la ville de Jammu secouée par de violentes explosions.
A Washington, le vice-président américain JD Vance renvoie les deux belligérants dos-à-dos: «nous n'allons pas nous impliquer dans une guerre qui n'est fondamentalement pas notre affaire».
Vendredi 9 mai: l'escalade
Attaques de drones, tirs d'artillerie, frappes de missiles, les combats s'intensifient des deux côtés de la «ligne de contrôle» entre les deux pays.
Le bilan des victimes civiles s'aggrave lui aussi et atteint désormais une cinquantaine de morts en Inde et au Pakistan. Des dizaines de millions d'enfants y sont privés d'école.
Dans les deux capitales, le ton n'en finit pas de monter. Les responsables s'accusent et se menacent.
«Nous n'irons pas à la désescalade», lance le général pakistanais Ahmed Chaudhry, «avec ce qu'ils nous ont fait, il faut leur rendre des coups».
A New Delhi, le secrétaire du ministère des Affaires extérieures, Vikram Misra, dénonce en retour «les actions de provocation et d'escalade du Pakistan» contre «les villes et les infrastructures civiles».
Pour la deuxième soirée consécutive, une vague de drones pakistanais s'abat sur le Cachemire indien et les régions alentours.
En Inde comme au Pakistan, c'est l'exode. Des dizaines de milliers de civils fuient la frontière pour se réfugier à l'intérieur des terres.
L'inquiétude monte dans les capitales mondiales.
Les Etats-Unis changent de pied. Le secrétaire d'Etat Marco Rubio propose la médiation des Etats-Unis et exhorte les deux rivaux à rétablir des lignes de communication pour «éviter toute erreur de calcul».
Samedi 10 mai: la trêve
Juste avant l'aube, deux explosions résonnent dans la capitale pakistanaise Islamabad et sa ville-jumelle Rawalpindi. «L'Inde a attaqué avec des missiles», accuse le porte-parole de l'armée.
Dans la foulée, New Delhi annonce avoir subi au petit matin une nouvelle vague d'attaques pakistanaises sur son sol, notamment contre des sites militaires.
A la surprise générale, Donald Trump annonce sur les réseaux sociaux avoir obtenu «un cessez-le-feu total et immédiat».
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Les deux capitales confirment aussitôt avoir accepté de faire taire les armes. Sans plus. New Delhi précise qu'il n'est pas question de discuter avec Islamabad de l'avenir du Cachemire, ainsi que suggéré par l'hôte de la Maison Blanche.
Le monde entier applaudit une «première étape importante», «bienvenue», et salue la «responsabilité» de l'Inde et du Pakistan.
Quelques heures plus tard à peine, c'est la douche froide. Les deux belligérants s'accusent de «violations répétées» de la trêve. Des explosions et des tirs sont signalés de part et d'autre de la frontière.
Le calme revient au petit matin dimanche. Aucun incident sérieux n'a été rapporté depuis.
