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Programme des travailleurs étrangers temporaires: 44% des Canadiens sont contre

Le soutien à l'abolition du programme est le plus élevé dans les provinces des Prairies et le plus faible au Québec.

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086782d6abc54e01e24026df8c3c43596c543753885f5551278162f98c2f5e7d.jpg Un serveur apporte de la nourriture à une table pendant que des clients dînent dans un restaurant de Vancouver, le mardi 21 septembre 2021. LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck (Darryl Dyck | La Presse canadienne)

Un nouveau sondage révèle que 44 % des Canadiens souhaitent l'abolition du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), alors que le pays est aux prises avec un taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes. 

Le chef conservateur Pierre Poilievre a récemment proposé l'abolition du PTET en réponse au chômage élevé chez les jeunes. Selon les données de Statistique Canada, le taux de chômage des 15 à 24 ans a atteint 14,6 % à l'échelle nationale en juillet. 

Le nouveau sondage Abacus Data, réalisé en ligne et sans marge d'erreur, suggère que le soutien à l'abolition du PTET est plus élevé chez les jeunes. Il dépasse le cap des 50 % chez les répondants de 30 à 44 ans et atteint 48 % chez les 18 à 29 ans. 

Seuls 37 % des répondants de 60 ans et plus ont estimé que le PTET devrait être aboli. 

Le soutien à l'abolition du PTET est le plus élevé dans les provinces des Prairies et le plus faible au Québec et dans les provinces de l'Atlantique. 

Un «point de désaccord idéal» pour les conservateurs 

Le sondage suggère que la plupart des conservateurs sont favorables à la proposition de M. Poilievre, tandis que les opinions sont divisées parmi les répondants qui se sont identifiés comme libéraux: 36 % se sont déclarés favorables à l’élimination du programme et 39 % s’y sont opposés.

Aux yeux du chef de la direction d'Abacus Data, David Coletto, cela crée un «point de désaccord idéal» pour les conservateurs. 

«Ce pourrait être l’un de ces dossiers, comme la taxe sur le carbone, sur lesquels les conservateurs pourraient miser à tout prix et mettre les libéraux dans une position délicate, a-t-il dit. Je pense que la leçon à tirer de la taxe sur le carbone, c’est que les libéraux vont devoir trouver comment expliquer pourquoi le statu quo est bénéfique pour les gens, pour l’économie et pour les individus.» 

La semaine dernière, le premier ministre Mark Carney a exclu l’abandon du programme, ajoutant que cela s’inscrivait dans le cadre d’une révision plus large de la politique d’immigration. 

L’objectif actuel du gouvernement est de réduire le nombre de résidents temporaires au Canada à 5 % de la population. La part de la population composée de résidents non permanents était de 7,1 % au 1er avril. 

Les conservateurs prévoient faire de l'immigration l'un de leurs principaux enjeux lors de la reprise des travaux de la Chambre des communes, la semaine prochaine. 

La porte-parole en matière d'immigration, Michelle Rempel Garner, a pris l'habitude de partager, sur la plateforme de médias sociaux X, les publications quotidiennes de Job Watch Canada, un site internet qui recense les offres d'emploi avec des demandes en attente pour l'embauche de travailleurs étrangers temporaires sur le Guichet-Emplois du Canada.

Les offres récemment mises en lumière par Mme Rempel Garner comprennent plusieurs emplois dans des chaînes de restauration rapide à Edmonton, Vancouver et Ottawa. 

Des choses «étranges» sur le marché du travail

Le site Job Watch Canada a été créé par Tyrel Chambers, un développeur web de 33 ans de Peterborough, en Ontario, dans le cadre d'un projet amateur. 

Il a expliqué que, bien qu'il soit surpris de l'attention obtenue par son site internet, il y a actuellement des choses sur le marché du travail qui lui semblent «étranges». 

«C'est vraiment difficile en ce moment. Le marché du travail est exécrable. Et même certains membres de ma famille fraîchement diplômés ont du mal à trouver un emploi dans leur domaine», a expliqué M. Chambers. 

«Je pense que c'est pourquoi ce programme de travailleurs étrangers temporaires et ce qui se passe sont tout simplement étranges. On voit au centre-ville d'Oshawa, de Regina ou de Vancouver que Subway, McDonald's et Tim Hortons préconisent l'embauche de travailleurs étrangers temporaires. Il est tout simplement insensé que tant d'entreprises affirment ne pas trouver de travailleurs canadiens», a-t-il ajouté. 

M. Coletto a souligné que les résultats du sondage témoignaient de l'anxiété ressentie par les jeunes face à un marché du travail confronté à de multiples menaces. 

«(L'intelligence artificielle), Trump, l'incertitude mondiale et la situation macroéconomique nationale créent un espace où les gens cherchent des réponses aux raisons pour lesquelles ils ont l'impression que leur vie est si difficile en ce moment et qu'ils n'arrivent pas à la démarrer, a-t-il ajouté. Et je pense que (les travailleurs étrangers temporaires) sont un aspect sur lequel ils peuvent accrocher.» 

Des groupes d'entreprises et d'industries comme Restaurants Canada ont fait valoir que la fin du Programme des travailleurs étrangers temporaires nuirait à des secteurs comme l'hôtellerie et le tourisme. 

Le gouvernement a d'abord imposé des limites à l'admission des résidents temporaires dans son plan des niveaux d'immigration l'an dernier. Ce plan devrait être mis à jour plus tard cet automne, mais M. Chambers estime que la question des travailleurs temporaires aurait dû être réglée beaucoup plus tôt. 

«Je suis convaincu que des scénarios légitimes existent pour ce programme de travailleurs étrangers temporaires, mais certainement pas dans sa forme actuelle. Je pense qu'il doit absolument être réduit et revu», a-t-il affirmé. 

L'organisme professionnel de l'industrie des sondages, le Conseil canadien de recherche et d'intelligence marketing, souligne qu'il est impossible d'attribuer une marge d'erreur aux sondages réalisés en ligne, car ils ne s'appuient pas sur un échantillonnage aléatoire de la population. 

Avec des informations de Dylan Robertson

David Baxter

David Baxter

Journaliste