En juin dernier, Tonmoy Chakraborty s'est retrouvé avec 18 bouteilles de lait maternisé Enfamil après avoir découvert que sa fille n'aimait pas cette marque. Il a donc publié une annonce sur un groupe Facebook appelé Baby Formula Share Toronto, en écrivant : «Je suis prêt à les vendre 135 dollars les deux — à venir chercher à Scarborough.»
Ce texte est une traduction d'un contenu de CTV News.
Il ne s'attendait pas à ce qui allait se passer ensuite.
«La réponse a été incroyable», a indiqué M. Chakraborty lors d'une entrevue virtuelle avec CTV News samedi.
«J'ai reçu entre 15 et 20 réponses en l'espace d'une heure, du genre: "Salut, je suis à Sudbury, je suis prêt à venir en voiture si tu es d'accord de me les vendre pour dix ou douze dollars..."»
«Je me suis rendu compte que pour certains, cela pouvait représenter 40 ou 50 % de leur salaire hebdomadaire. Aucun parent ne devrait se retrouver dans une situation où il doit choisir entre payer sa facture d'électricité ou acheter du lait maternisé.»
De nombreux groupes Facebook ont vu le jour à travers le Canada, certains cherchant à vendre du lait maternisé, mais la plupart cherchant à en acheter.
«C'est très souvent, presque tous les deux jours, ce n'est pas quelque chose qui arrive une fois par semaine, c'est presque tous les deux jours», explique Maryrose Inserto à propos du nombre de personnes qui publient des messages à la recherche de lait maternisé sur son groupe Facebook Toronto Moms & Babies Free Stuff.
Mme Inserto dit qu'elle utilise également la page Facebook pour voir si des gens sont prêts à vendre ou à échanger du lait maternisé hypoallergénique dont son bébé a besoin.
«Nous avons réduit toutes nos dépenses habituelles, comme nos sorties chez Starbucks ou Tim Hortons, ou l'achat de cadeaux pour l'anniversaire de mon partenaire, afin de nous assurer d'avoir un filet de sécurité et de pouvoir acheter du lait maternisé», explique Mme Inserto. «Comme ma fille a besoin d'un lait maternisé spécialisé, nous ne pouvons pas négocier et opter pour une marque moins chère.»
Les prix du lait maternisé continuent d'augmenter
Selon Statistique Canada, les prix du lait maternisé ont presque doublé depuis la pandémie.
Les dernières données montrent que le prix moyen du lait maternisé est de 50,27 $ pour 900 grammes. En 2020, il coûtait 29,36 $ pour la même quantité.
«Si l'on examine les données des cinq dernières années, le lait maternisé est le produit qui a connu la plus forte augmentation au Canada, avec 68 %», a indiqué Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire. «Juste en dessous, on trouve le bœuf et le café, mais en tête du classement, c'est le lait maternisé.»
Des problèmes de sécurité alimentaire dans les usines Abbott et Nestlé aux États-Unis ont contraint à réduire la production de lait maternisé, ce qui a entraîné des problèmes d'approvisionnement au Canada.
En 2024, le Canada a ouvert sa première usine de lait maternisé à Kingston, en Ontario, appelée Canada Royal Milk, une entreprise basée en Chine.
«En substance, le fait est que nous dépendons encore fortement des importations, ce qui nous rend assez vulnérables», a expliqué M. Charlebois.
«Nous dépendons fortement des États-Unis, et cela est voulu en raison de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Récemment, Santé Canada a autorisé l'entrée sur le marché de produits européens afin d'alléger la pression, ce qui a atténué l'inflation, mais les prix restent malheureusement assez élevés. Le dollar joue également en notre défaveur, de sorte que tout ce qui est importé des États-Unis coûte plus cher.»
Les banques alimentaires continuent de ressentir les effets de la crise
Les banques alimentaires affirment qu'elles continuent d'avoir du mal à fournir du lait maternisé aux parents dans le besoin.
«Nous ne recevons jamais de dons de lait maternisé. C'est l'un des produits les plus demandés par les familles à la banque alimentaire», a affirmé Natasha Bowes, de la North York Harvest Food Bank, lors d'une entrevue accordée samedi à CTV News.
«Plus de 53 % des familles sautent actuellement des repas pour pouvoir acheter autre chose, notamment de la nourriture pour leurs enfants, y compris du lait maternisé.»
Les banques alimentaires affirment que la pression s'accentue, car de plus en plus de familles se tournent vers elles pour obtenir des produits de première nécessité comme le lait maternisé.
«Nous ne nous occupons pas seulement des membres de notre communauté, mais aussi des demandeurs d'asile et des réfugiés qui se présentent à notre porte. Nous devons rationner ce dont nous disposons pour aider non seulement notre communauté, mais aussi les nouveaux Canadiens qui arrivent au Canada», a indiqué Trevor Nicolle, bénévole à la banque alimentaire communautaire St. Paul's on-the-Hill à Pickering, en Ontario.
Santé Canada a affirmé qu'il «continue de travailler en étroite collaboration avec les fabricants afin de maintenir un approvisionnement stable en lait maternisé pour nourrissons normalement disponible sur le marché canadien et jusqu'à ce que les perturbations du marché soient complètement résolues».
Il ajoute que «plus de 70 produits sont actuellement admissibles à l'importation temporaire en vertu de cette politique, et la liste est mise à jour régulièrement. De nouveaux produits continuent d'être ajoutés à la liste afin de renforcer l'approvisionnement là où cela est nécessaire».
