Début du contenu principal.
Ces batteries se détériorent plus facilement et peuvent devenir dangereuses dans certaines conditions.
L’incendie de batteries au lithium qui a provoqué un confinement à Montréal lundi soir a soulevé des inquiétudes dans la population. Mardi, une enquête était en cours sur la cause de l’incendie, qui était toujours indéterminée au moment d’écrire ces lignes.
Ce qui est certain, c’est qu’il est connu que le stockage de batteries au lithium représente un danger. On ne savait pas mardi à quoi étaient destinés les 15 000 kg de batteries au lithium qui ont brûlé à Montréal, mais le gouvernement du Canada, comme les autorités d’ailleurs dans le monde, préviennent que ces batteries comportent des risques de surchauffe, d’incendie ou encore d’explosion.
Ces batteries se détériorent plus facilement que les autres types de piles et peuvent devenir dangereuses dans certaines conditions… comme le stockage, lors duquel elles ne peuvent être laissées en milieu humide, entre autres. En outre, si elles sont endommagées, mal manipulées ou présentent des défauts de fabrication, elles peuvent s’enflammer et provoquer un incendie.
Les employés du port ont été évacués d'urgence au moment de l'incendie. Or, ce n'était pas le cas des résidents, qui ont été confinés. «On n'a jamais été au courant de quoi que ce soit. Il n'y avait aucune alarme ou sirène. On était dans l'ignorance», a confié une résidente à Noovo Info.
«L'alerte au confinement, je l'ai vu une heure après que ce soit arriver», a confié un homme.
En raison de l'important panache de fumée, certains Montréalais s'inquiètent pour leur santé et le futur.
«Mon petit bébé, qui ne peut pas mettre un masque, qu'est-ce qui se passe?» a demandé une grand-mère qui était avec son petit-fils pendant l'incendie. «C'est notre santé, nos vies. En plus, il y a deux stations d'essence.»
«On ne parle pas d'une batterie qui a brûlé, mais d'un conteneur», a déploré un homme, qui était pris avec son père de 80 ans. «Le port de Montréal n'a pas l'air d'être équipé pantoute avec ça. [...] Aujourd'hui, il se passe rien. On est dans le déni.»
Encore une fois, impossible au moment d’écrire ces lignes si la façon dont les batteries étaient stockées au Port de Montréal est reliée à l’incendie de lundi, mais des recherches de Transports Canada sur les risques liés au transport maritime des systèmes de stockage d’énergie ont conclu en août 2024 «que les espaces clos à cargaisons de la plupart des navires et des systèmes de sécurité propres à ces espaces à cargaisons n’ont pas été conçus pour faire face aux dangers particuliers posés par les systèmes de stockage d’énergie».
Les batteries qui ont brûlé lundi n’étaient pas chargées sur un bateau, mais voilà qui n’empêche pas Michel Alsayegh, président de l’Ordre des chimistes du Québec (OCQ), de tirer la sonnette d’alarme à l’heure où le Québec tente de prendre un virage vers l’électrification des transports, ce qui nécessite des batteries.
«L'incendie de batteries au lithium dans le secteur du Port de Montréal, qui a mobilisé une cinquantaine de pompiers à proximité de quartiers résidentiels, démontre pour une énième fois la nécessité de prendre au sérieux la manipulation, le transport et l'entreposage des matières dangereuses au Québec», a commenté M. Alsayegh dans un communiqué diffusé mardi.
À VOIR ÉGALEMENT | Hausse des incendies provoqués par des batteries au lithium jetées au recyclage
Il faut savoir que le Port de Montréal est une agence fédérale. Il faudra en savoir plus sur la cause de l’incendie pour déterminer qui en est imputable, mais l’OCQ recommande un meilleur encadrement réglementaire de la filière batterie et de la protection de l’environnement au Québec, notamment en prévoyant des sanctions plus sévères «pour les cas de contraventions graves aux lois et règlements en matière environnementale».
L’OCQ espère aussi que les consultations publiques sur la Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation du système professionnel et visant l’élargissement de certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux, qui se terminaient mardi, allaient se solder par des amendements qui permettraient de préciser le champ d’exercice des chimistes pour y inclure des activités réservées en lien avec l’encadrement de la manipulation, du transport, de l’entreposage et de la conservation des substances chimiques.
«Un geste simple d'amendement à son projet de loi permettrait de diminuer notablement les risques de préjudice pour le public», croit Michel Alsayegh, de l’OCQ.
Ce n’est pas la première fois que les batteries au lithium causent des problèmes au Québec. En juillet dernier, les employés du centre de tri VIA, situé dans l’arrondissement de Lachine, à Montréal, ont dû être évacués de l’établissement en raison d’un incendie dans une pile de matières recyclables. La coupable: une batterie au lithium ion qui a pris feu.
Les incidents impliquant des batteries au lithium – comme ce fut le cas au Port de Montréal – peuvent être compliqués à gérer, puisque celles-ci prennent feu très rapidement et que leur combustion est particulièrement «violente».
Avec des informations de Marie-Michelle Lauzon et la collaboration d'Émile Bérubé-Lupien pour Noovo Info.