Gérer ses émotions, en particulier la colère, a été un défi permanent pour Sara, 18 ans, dont le nom a été changé pour des raisons de confidentialité. La situation est devenue critique il y a six mois lorsqu'elle s'est retrouvée à l'hôpital.
«C'était le stress de l'école, de la vie sociale et d'une relation passée qui s'est en quelque sorte effondré d'un seul coup. Et je n'en pouvais plus», a-t-elle raconté. «J'ai fini par craquer et prendre une surdose de Tylenol, ce qui m'a amenée à l'hôpital.»
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Bien que le système de santé ait pu gérer son urgence et la mettre en contact avec un thérapeute, elle attend toujours de voir un psychiatre pouvant la traiter.
«Devoir attendre plus de deux mois est une très longue période, alors que nos pensées peuvent changer en quelques heures, voire quelques jours»
Les personnes qui travaillent dans le domaine de la santé mentale affirment que la demande pour leurs services a augmenté depuis la pandémie et que les délais d'attente pour consulter des spécialistes au Québec sont trop longs.
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Trop souvent, disent-elles, les personnes en détresse mentale se retrouvent aux urgences.
«Il y a également une augmentation des tentatives de suicide, et des tentatives graves qui nécessitent une hospitalisation», a expliqué Karine Gauthier, psychologue pour enfants et présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois (CPRPQ). «Mais ces adolescents auraient dû bénéficier de services parfois trois, quatre ans plus tôt.»
Selon Mme Gauthier, le temps d'attente pour consulter un psychologue dans le système public peut aller de six mois à deux ans.
Elle a affirmé qu'il n'y avait pas assez de psychologues pour répondre à la demande, un problème exacerbé par le fait que 40 % des psychologues quittent le système public pour le système privé au cours des cinq premières années de pratique.
Mais Corrie Sirota affirme que le secteur privé a également du mal à répondre à la demande.
La psychologue, basée à Dollard-des-Ormeaux, a déclaré avoir constaté une demande quatre fois plus importante pour ses services depuis la pandémie et avoir malheureusement dû refuser des clients.
«Ce qui se passe, c'est que les gens attendent des services. Ils ne peuvent pas accéder aux services. Ils ont donc besoin de la crise pour obtenir des services. Ce n'est pas un bon plan», a-t-elle déclaré.
Mme Sirota a déclaré que même ceux qui ont une assurance ont des difficultés à accéder à des soins suffisants.
«Je suis membre de deux ordres, donc je peux recevoir dans l'un ou l'autre [régime public ou privé] et donner aux gens un peu de répit sur certains des coûts associés. Cependant, quel est le plan [d'assurances]? 500 $. Cela ne couvre pas beaucoup de séances», a-t-elle déclaré.
Le ministre des Services sociaux du Québec, Lionel Carmant, a récemment déclaré que la province progressait dans la réduction des délais d'attente pour les services de santé mentale.
En janvier 2025, 12 976 personnes attendaient des services de santé mentale.
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Mais ce nombre ne représente probablement qu'une fraction des personnes ayant besoin de services de santé mentale, selon Marie-Josée Fleury, professeure à l'Université McGill et chercheuse au Centre de recherche Douglas.
«Nous savons que la prévalence des troubles mentaux est de 15%», a-t-elle déclaré. «Il y a très peu de professionnels qui travaillent dans les équipes de santé mentale.»
Mme Fleury a déclaré que les dépenses en matière de soins de santé mentale ne représentent que 8 % du budget du gouvernement, mais qu'elles devraient plutôt se situer entre 10 et 15 %.
Elle a ajouté que le nombre de visites aux urgences pour traiter des troubles mentaux est un baromètre qui montre que le système ne fonctionne pas bien.
Depuis sa crise, Sara a déclaré qu'elle avait pu s'ouvrir à ses amis, et certains ont partagé leurs difficultés. Même si elle doit attendre, elle a déclaré qu'elle était reconnaissante de recevoir l'aide dont elle a besoin.
Voici une liste de ressources en santé mentale au Québec
Si jamais vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à contacter : votre médecin de famille (si vous en avez un)
Appelez Info-Social 811 pour obtenir de l'aide ou des informations concernant votre santé mentale ou celle d'un membre de votre famille ou d'un ami.
Appelez le service d'urgence 911 si vous craignez pour votre sécurité ou celle d'un membre de votre famille ou d'un ami ou pour obtenir une assistance immédiate.
Appelez ou envoyez un texto au 988, la ligne d'assistance téléphonique en cas de crise suicidaire, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, gratuitement, en cas de crise ou si vous savez que quelqu'un est en crise.
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Trouvez un centre de crise près de chez vous pour obtenir des services gratuits d'intervention spécialisée en cas de crise pour vous ou un proche:
- AMI-Quebec: 514-486-1448
- Canadian Mental Health Association (CMHA): 1-866-277-3553 in Quebec (24/7)
- Dunham House: 450-263-3434
- Centre Interligne Inc.: (for issues related to sexual orientation): 514-866-0103 call or text
- Depressives Anonymous
- Groupe d’entraide pour un mieux-être: (GEME): 450-332-4463
- Quebec Obsessive Compulsive Disorder Foundation: 514-727-0012
- Société québécoise de la schizophrénie: 514 251-4125 | 1-866 888-2323
- Suicide Prevention Centre of Montreal: 1-866 277-3553 or text 535353
- Veterans Affairs Canada: 1 800 268-7708


