Le rapport de la commission d'enquête sur les relations de travail chez Postes Canada recommande l'élimination progressive de la livraison quotidienne du courrier à domicile aux adresses individuelles, tandis que la livraison quotidienne aux entreprises devrait être maintenue.
Il recommande également la levée des moratoires sur la fermeture des bureaux de poste ruraux et la conversion vers des boîtes postales communautaires.
«Mes recommandations sont fondées sur ma conclusion qu’il existe un moyen de préserver Postes Canada en tant qu’institution nationale vitale», a écrit le commissaire William Kaplan dans le rapport publié vendredi.
«Je les ai conçues pour répondre au problème actuel: arrêter puis inverser les pertes financières croissantes en mettant en place les changements structurels nécessaires, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des conventions collectives», poursuit-il.
Ce rapport découle d'une demande d'Ottawa pour mettre fin à une grève qui perturbait la livraison du courrier à l'approche des Fêtes, l'an dernier. Le gouvernement avait fait appel à la Commission fédérale des relations de travail et de l'emploi afin d'ordonner le retour des employés des postes au travail.
Le rapport examine la situation financière de Postes Canada en vue de conclure une convention collective.
Selon M. Kaplan, Postes Canada fait face à une crise existentielle. La société d'État est insolvable ou en faillite, mentionne-t-il.
«Sans changements réfléchis, mesurés, échelonnés, mais immédiats, sa situation financière continuera à se détériorer», affirme le commissaire.
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Le PDG de Postes Canada, Doug Ettinger, a commenté vendredi le rapport de M. Kaplan. Celui-ci offre à la société d'État, à ses employés et au Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) «une évaluation franche et directe» des défis auxquels le service postal est confronté, a affirmé le haut dirigeant de la société d'État.
M. Ettinger a salué les recommandations du rapport. Elles arrivent à un «moment crucial», selon lui, alors que le Canada cherche à renforcer son économie pour se protéger des menaces américaines.
Jusqu'à récemment, Postes Canada était en mesure de fonctionner de manière financièrement viable. La livraison du courrier à faible coût en milieu urbain et suburbain a subventionné la livraison à coût élevé dans les communautés rurales, éloignées et autochtones, soutient M. Kaplan.
«Ce modèle ne fonctionne plus, car les opérations traditionnelles — la distribution du courrier — ont fondamentalement changé: moins de lettres doivent désormais être distribuées à davantage d’adresses», précise-t-il.
Le syndicat «défend le statu quo»
M. Kaplan a déclaré que les deux parties «ont des points de vue et des évaluations diamétralement opposés», ce qui a entraîné des impasses à la table des négociations, mais il a imputé la responsabilité de l'échec à l'une d'elles en particulier.
«Les négociations ont largement échoué parce qu’une des parties, le STTP, défend le statu quo et veut l’améliorer, par exemple en renforçant la sécurité d’emploi et en améliorant la rémunération totale et les conditions d’emploi, qui sont les meilleures de leur catégorie», avance-t-il.
La nouvelle ministre fédérale de l'Emploi et des Familles, Patty Hajdu, a dit vendredi après-midi que le rapport «propose des suggestions judicieuses sur la manière de poursuivre les négociations de bonne foi».
«Il est temps que tout le monde mette de côté ses différences, se concentre sur des objectifs communs et garantisse un système postal fort aujourd'hui et à l'avenir», a-t-elle déclaré dans une publication sur le réseau social X.
Embaucher des employés à temps partiel
Parmi ses autres recommandations, il suggère que la société d'État ait la possibilité d'embaucher des employés à temps partiel pour livrer les colis la fin de semaine et pour contribuer à la gestion du volume de courrier pendant la semaine.
Le rapport évoque également que Postes Canada doit pouvoir modifier ses itinéraires quotidiennement pour tenir compte des volumes.
Tout au long des négociations, le STTP a repoussé les propositions qui obligeraient Postes Canada à embaucher des travailleurs à temps partiel pour combler les quarts de travail, soutenant que ces mesures pourraient compromettre la sécurité d'emploi des employés à temps plein.
Plus tôt cette semaine, Postes Canada a annoncé une pause des négociations avec le syndicat.
La société d'État avait expliqué qu'après des jours de discussions peu fructueuses, cette suspension devait lui permettre de revenir à la table des négociations avec des propositions qui reflètent la réalité financière du service postal.
Le syndicat a qualifié cela de «tactique» et a accusé l'employeur de refuser de négocier avec une «intention réelle».
Vendredi, M. Ettinger a indiqué que Postes Canada «collaborera avec nos agents négociateurs et notre actionnaire, le gouvernement du Canada, pour relever nos défis et trouver une voie durable».
Le STTP a confirmé avoir reçu le rapport du commissaire Kaplan, mais n'a pas commenté ses conclusions. Le syndicat a indiqué qu'il devait rencontrer la ministre Hajdu vendredi pour discuter du rapport et des négociations. Le syndicat n'a pas répondu à notre demande de commentaires vendredi.
