Bien qu'aucun projet de loi n'ait encore été déposé concernant une éventuelle interdiction du port de signes religieux par les éducatrices dans les services de garde subventionnés, la question préoccupe des syndicats qui représentent ces travailleuses.
Le comité Rousseau-Pelchat, mandaté pour étudier le respect de la Loi sur la laïcité de l'État, a formulé une recommandation à cet effet dans son rapport déposé mardi dernier.
Québec a indiqué, jeudi, qu'il déposerait éventuellement un projet de loi pour renforcer la laïcité, mais on ignore encore s'il se limitera à l'interdiction des prières de rue, ou bien s'il inclura le port de signes religieux par les travailleuses dans les services de garde subventionnés.
Au cours d'une entrevue vendredi, la présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance (FIPEQ), affiliée à la CSQ, Anne-Marie Bellerose, a exprimé ses préoccupations, bien qu'elle attende de voir ce que contiendra effectivement le projet de loi.
Elle rappelle que le réseau des services de garde dans son ensemble vit une pénurie de main-d'oeuvre et que les programmes de Techniques d'éducation à l'enfance, au cégep, ont enregistré une baisse des inscriptions.
«En contexte de pénurie de main-d'oeuvre, on se questionne beaucoup sur l'impact sur les emplois dans les CPE (Centres de la petite enfance)», mais tout dépendra de ce que le projet de loi inclura effectivement, a commenté Mme Bellerose.
Jusqu'ici, on a toutefois évoqué l'inclusion d'une clause de «droits acquis», qui protégerait celles qui sont en emploi et qui portent déjà un signe religieux.
Mme Bellerose souligne que, même si celles qui sont déjà en poste et portent des signes religieux venaient effectivement à bénéficier d'un droit acquis dans leur poste, «il y a beaucoup de roulement de personnel» dans les services de garde. «On embauche souvent.». Alors, «serait-ce suffisant?» demande-t-elle.
«On invite le gouvernement à bien réfléchir aux décisions qu'ils vont prendre, et, surtout, à s'assurer qu'en temps de pénurie de main-d'oeuvre, les décisions qui vont être prises n'auront pas de conséquences à long terme sur le réseau», a ajouté Mme Bellerose.
La FIPEQ représente plus de 12 000 travailleuses dans les différents services de garde.
La Fédération de la santé et des services sociaux, affiliée à la CSN, qui représente également de ces travailleuses, a fait savoir qu'elle émettrait des commentaires seulement lorsque le projet de loi sera déposé.

