Plus de 100 organisations caritatives et de défense des droits de la personne ont déclaré mercredi que le blocus israélien et l'offensive militaire en cours poussent les Palestiniens de la bande de Gaza vers la famine. Les frappes israéliennes ont fait 21 morts supplémentaires dans la nuit de mardi à mercredi, selon les autorités sanitaires locales.
L'envoyé spécial de l'administration Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, devait quant à lui rencontrer un haut responsable israélien au sujet des négociations de cessez-le-feu, signe que des négociations de moindre envergure, qui traînent depuis des semaines, pourraient être sur le point d'aboutir.
Les experts estiment que Gaza est menacée de famine en raison du blocus et de l'offensive d'Israël, lancés en réponse à l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
L'État hébreu affirme autoriser l'entrée d'une aide suffisante sur le territoire et critique les efforts d'acheminement des agences de l'Organisation des Nations unies (ONU), qui se disent entravées par les restrictions israéliennes et l'effondrement de la sécurité.
Le Hamas a déclaré qu'il ne libérera les 50 otages restants, dont une vingtaine seraient en vie, qu'en échange d'un cessez-le-feu durable et d'un retrait israélien. Israël s'est engagé à récupérer tous les prisonniers et à poursuivre la guerre jusqu'à la défaite ou le désarmement du Hamas.
«Chaos, famine et mort»
Dans une lettre ouverte, 115 organisations, dont d'importantes organisations humanitaires internationales comme Médecins sans frontières, Mercy Corps et Save the Children, ont déclaré voir leurs propres collègues, ainsi que les Palestiniens qu'elles aident, «dépérir».
«Les travailleurs humanitaires souffrent désormais de la faim aux côtés des personnes qu’ils tentent d’aider», a dénoncé Humanité & Inclusion Canada, cosignataire de la lettre, dans un communiqué envoyé par courriel.
La lettre a imputé la responsabilité de la situation aux restrictions israéliennes et aux «massacres» commis aux points de distribution d'aide.
Des témoins, des responsables de la santé et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) affirment que les forces israéliennes ont tiré à plusieurs reprises sur des foules en quête d'aide, tuant plus de 1000 personnes. Israël affirme que ses forces n'ont tiré que des coups de semonce et que le bilan des victimes est exagéré.
«Les restrictions, les retards et la fragmentation imposés par le gouvernement israélien en vertu de son siège total ont engendré le chaos, la famine et la mort», peut-on lire dans la lettre.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a rejeté ces critiques et accusé les groupes de «faire écho à la propagande du Hamas». Il a indiqué avoir autorisé l'entrée d'environ 4500 camions d'aide à Gaza depuis la levée du blocus total en mai, et que plus de 700 attendaient d'être récupérés et distribués par les Nations unies.
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Cela représente une moyenne d'environ 70 camions par jour, le rythme le plus bas de la guerre et bien en deçà des 500 à 600 camions par jour jugés nécessaires par l'ONU, et qui sont entrés lors d'un cessez-le-feu de six semaines plus tôt cette année.
L'ONU affirme avoir du mal à acheminer l'aide à Gaza en raison des restrictions militaires israéliennes, des combats en cours et de l'effondrement de l'ordre public. Un système alternatif mis en place par Israël et un sous-traitant américain a été entaché de violences et de controverses.
Un haut responsable israélien rencontrera l'envoyé américain à Rome
Un responsable au fait des négociations de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas a déclaré que Ron Dermer, principal conseiller du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, se rendrait à Rome jeudi pour rencontrer M. Witkoff afin de discuter de l'état d'avancement des négociations.
Ce responsable s'est exprimé mercredi sous couvert d'anonymat, n'étant pas autorisé à discuter de ces négociations sensibles.
Des responsables américains ont indiqué que M. Witkoff prévoyait de se rendre en Europe cette semaine. Le porte-parole du département d'État a indiqué qu'il se rendait au Moyen-Orient, signe que la dynamique vers un accord pourrait se renforcer.
L'accord, encore en cours d'élaboration, devrait inclure un cessez-le-feu de 60 jours, au cours duquel le Hamas libérerait 10 otages vivants et les dépouilles de 18 autres par étapes, en échange de Palestiniens emprisonnés par Israël. L'aide humanitaire serait renforcée et les deux parties négocieraient une trêve durable.
Au moins 21 morts dans des frappes nocturnes
Israël continue de mener des vagues de frappes aériennes quotidiennes contre ce qu'il présente comme des cibles militantes, mais qui tuent souvent des femmes et des enfants. Israël impute les pertes civiles au Hamas, car les combattants opèrent dans des zones densément peuplées.
Les frappes menées pendant la nuit et mercredi ont fait au moins 21 morts, dont plus de la moitié étaient des femmes et des enfants, selon les autorités sanitaires locales.
L'une des frappes a touché une maison dans la ville de Gaza, tuant au moins 12 personnes, selon l'hôpital Shifa, qui a accueilli les blessés. Parmi les victimes figuraient six enfants et deux femmes, selon le ministère de la Santé de Gaza. L'armée israélienne a déclaré avoir frappé un combattant du Jihad islamique et que l'incident était en cours d'examen en raison de rapports faisant état de victimes civiles.
Une autre frappe a touché un appartement dans le nord de la bande de Gaza, tuant au moins six personnes. Parmi les morts figuraient trois enfants et deux femmes, dont une enceinte. Huit autres personnes ont été blessées, a indiqué le ministère.
Une troisième frappe a touché une tente dans la ville de Gaza mardi soir, tuant trois enfants, a indiqué l'hôpital Shifa. L'armée n'a pas immédiatement commenté ces frappes.
Les combattants du Hamas ont enlevé 251 personnes lors de l'attaque du 7 octobre et en ont tué environ 1200 autres, principalement des civils.
Plus de 59 000 Palestiniens ont été tués pendant la guerre, selon le ministère de la Santé de Gaza. Ce décompte ne fait pas de distinction entre militants et civils, mais le ministère affirme que plus de la moitié des victimes sont des femmes et des enfants. L'ONU et d'autres organisations internationales le considèrent comme la source de données la plus fiable sur les victimes.


