Nouvellement élu à la tête du Parti libéral du Québec (PLQ), Pablo Rodriguez ne compte pas se faire élire lors d’une élection partielle afin d’entrer rapidement à l’Assemblée nationale. Il souhaite plutôt sillonner le Québec dans les prochains mois pour rebâtir sa formation politique en vue du scrutin de 2026.
Une rumeur circulait depuis quelque temps laissant entendre que la députée libérale de Saint-Laurent, Marwah Rizqy – qui a déjà annoncé qu’elle ne se représenterait pas en 2026 – aurait pu céder son siège au nouveau chef.
Mme Rizqy a appuyé l’ancien ministre fédéral dans la course à la chefferie.
Or, en entrevue avec La Presse Canadienne, lundi, Pablo Rodriguez a assuré que cette option n’était pas envisagée. «D'ici les prochaines élections, je vais continuer à sillonner le Québec, à discuter avec les Québécois de toutes les régions. C'est ma priorité», a-t-il affirmé.
Rappelons que sur 19 députés, les libéraux en ont un seul hors de Montréal.
Les élections générales auront lieu dans moins d’un an et demi et le chef doit aussi recruter des candidats.
Du même souffle, il indique qu’il ira «régulièrement» faire des points de presse à l’Assemblée nationale pour parler avec les journalistes.
«Les gens disent que je ne suis pas le candidat de l'économie»
Le PLQ veut reprendre l’étiquette du parti de l’économie que la Coalition avenir Québec (CAQ) lui a volée.
Pablo Rodriguez devra toutefois prouver qu’il a de la crédibilité en la matière, lui qui a fait partie du gouvernement Trudeau qui a accumulé les déficits records dans les dernières années. Ses adversaires lui ont d’ailleurs envoyé des pointes à ce sujet durant la course à la chefferie.
«Les gens disent que je ne suis pas le candidat de l'économie. Jean Charest et Philippe Couillard ne l’étaient pas non plus. Ce qu’ils ont fait, c'est qu'ils ont assemblé une équipe économique forte. C'est exactement ce que j'ai fait avec Martin Coiteux, Frédéric Beauchemin et Jacques Nantel», explique-t-il.
«J'ai bon espoir que Charles Milliard et Karl Blackburn vont continuer avec nous. Ce sont deux hommes très forts dans le secteur économique», ajoute Pablo Rodriguez au sujet de ses rivaux qui ont respectivement terminé deuxième et troisième dans la course.
Le dernier budget du gouvernement Legault prévoit un déficit de 13,6 milliards $. L’ancien ministre fédéral ne s’avance pas sur une date de retour à l’équilibre budgétaire si le PLQ prend le pouvoir en 2026.
Le nouveau chef dit vouloir faire les choses de «façon responsable», sous-entendant qu’éliminer le déficit trop rapidement en coupant dans la santé et l’éducation appauvrirait la société québécoise.
Durant la course, il a dit qu’il voulait geler le nombre de fonctionnaires. Aujourd’hui, il ne ferme pas la porte à en réduire le nombre.
«Ce qui est exclu, c’est de couper au niveau des médecins, des professeurs et des infirmières. Ces gens-là donnent des services de première ligne, on en besoin de plus, pas de moins», indique-t-il.
«Prendre les Québécois en otages»
La semaine dernière, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a affirmé qu’elle voulait rendre le troisième lien de son gouvernement irréversible pour le protéger du résultat du prochain scrutin en faisant avancer le projet le plus rapidement possible.
«Je ne peux pas croire que le gouvernement de François Legault va vouloir prendre les Québécois en otages de cette façon: lier les mains d'un prochain gouvernement avec un projet dont on connaît à peu près rien», a dit Pablo Rodriguez.
Pour sa part, le nouveau chef libéral est favorable à un tunnel pour le tramway entre Québec et Lévis que l’on retrouve dans le rapport de la Caisse de dépôt et placement publié l’an dernier.
Questionné à savoir s’il comptait pousser ce projet lors des prochaines élections, Pablo Rodriguez dit comprendre «très bien les enjeux de mobilité sur la Rive-Sud».
«Mais est-ce que la solution passe uniquement par un lien routier qui va coûter 15 milliards $ ? Moi, je suis convaincu que non. (...) Il faut voir quelle est la volonté de la population à la fois de la Rive-Sud et de Québec. Il faut voir ce qu'il est possible de faire dans le contexte», indique-t-il.
Éviter le «mur à mur»
Au chapitre de l’immigration, Pablo Rodriguez ne s’avance pas sur un chiffre, mais dit qu’il faut éviter l’«approche mur à mur».
«Il y a des régions qui sont prêtes et qui souhaitent accueillir plus, il y a des régions que c'est l'inverse. Mais lorsqu'on parle d'accueillir des immigrants en région, il ne faut pas juste s’assurer d'avoir des emplois, mais aussi l'accès à des services de santé, des places en garderie, des places à l'école» explique-t-il.
Durant la course, l’ancien ministre fédéral a dit qu’il fallait une diminution du nombre d’immigrants de «façon générale».
Il y a deux semaines, le gouvernement Legault a mis la table à une diminution de ses seuils d’immigration permanente. Le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, a proposé trois scénarios de baisse: 25 000, 35 000 et 45 000 immigrants par année.
Pablo Rodriguez a été élu samedi à la tête du PLQ après deux tours de scrutin. Il a obtenu 52,3 % des points. Charles Milliard a terminé en deuxième place avec 47,7 %.
Durant la course, il s’est présenté comme le candidat de l’expérience qui était capable de battre François Legault et le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, en 2026.
Un sondage Léger publié à la mi-mai indiquait que l’arrivée de Pablo Rodriguez à la tête des libéraux placerait le PLQ à 31 % des intentions de vote, un point devant le Parti québécois.
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