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Ottawa se retire du programme d'assurance médicaments, posant un problème d'équité

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1536af7140f1e0fed2c66895a527f43e2ea9497e834c6bf0e59df214412ebb29.jpg Les défenseurs de la santé se disent choqués d'apprendre que le gouvernement fédéral pourrait ne pas signer d'autres ententes de financement de l'assurance médicaments. Sur cette photo du 2 mai 2013, un pharmacien tient un contraceptif d'urgence générique à la pharmacie Health First de Boston, dans le Massachusetts. (Photo AP/Elise Amendola, archives) (Photo AP/Elise Amendola)

Les défenseurs de la santé reproductive affirment que l'incapacité du gouvernement fédéral à s'engager à financer l'assurance-médicaments dans toutes les provinces et tous les territoires laisse la population dans une grande incertitude et pourrait créer des inégalités partout au pays. 

«C'est vraiment décevant, honnêtement, a déclaré Liz Thompson, responsable de la défense des droits pour Cover Contraception. On dirait qu'ils ne savent pas vraiment ce qu'ils vont faire.»

La première phase de la Loi sur l'assurance-médicaments, adoptée l'automne dernier par les libéraux et le NPD, prévoit que le gouvernement fédéral finance le coût des contraceptifs et des médicaments contre le diabète pour les patients.

Elle demande également au gouvernement d'étudier la meilleure façon de créer un régime universel d'assurance-médicaments couvrant tous les médicaments.

Le gouvernement Trudeau a signé des ententes avec la Colombie-Britannique, l'Île-du-Prince-Édouard, le Yukon et le Manitoba pour couvrir le coût de certains médicaments pendant quatre ans.

Le gouvernement libéral a également prévu 1,5 milliard $ dans le dernier budget pour financer la première phase du programme, mais il ne s'engage pas à conclure d'accords avec les provinces restantes.

La semaine dernière, la ministre de la Santé, Marjorie Michel, a été interrogée sur l'absence de nouvelles négociations avec les provinces concernant l'assurance-médicaments. Elle ne s'est pas engagée à conclure les accords restants.

 

«C'est un nouveau gouvernement, et nous sommes dans un nouveau contexte, et nous devons discuter avec les provinces pour voir comment nous pouvons les soutenir», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Fredericton.

Pendant la campagne électorale du printemps, les libéraux se sont engagés dans leur plateforme à «protéger les soins dentaires et l'assurance-médicaments, deux services essentiels et des éléments clés d'un système de santé publique solide que le chef conservateur Pierre Poilievre supprimerait.»

Un porte-parole du premier ministre Mark Carney a indiqué, en réponse à des questions, que le chef libéral avait promis pendant la campagne «que nous ne supprimerions ni n'abolirions aucun des accords existants».

«C'est extrêmement décevant et cela démontre un manque fondamental de leadership sur cette question», a expliqué Teale Phelps Bondaroff, président et cofondateur de la campagne Access B.C., qui milite pour la couverture des contraceptifs sur ordonnance depuis 2017.

Phelps Bondaroff a affirmé que les libéraux ne semblent pas accorder la priorité à la santé, au bien-être, à l'équité et à l'égalité des citoyens, alors qu'ils se concentrent sur la menace des droits de douane américains.

«Le gouvernement est extrêmement concentré sur ces enjeux macroéconomiques, et je crains qu'il n'oublie les Canadiens ordinaires dans ce processus», a-t-il dit.

La Colombie-Britannique est devenue la première province à offrir une couverture contraceptive en 2023 et a été parmi les premières à signer un accord de financement fédéral.

Access B.C. compte désormais des organisations sœurs dans plusieurs autres provinces, dont Cover Contraception en Ontario.

Faire pression au niveau provincial et fédéral

La Dre Amanda Black, ancienne présidente de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, a indiqué que si le gouvernement ne signait pas de nouvelles ententes, ce serait un recul pour la santé des femmes au Canada.

«Je pense que nous devons faire pression tant au niveau provincial qu'au niveau fédéral», a-t-elle dit.

La Presse Canadienne a contacté Diabète Canada pour obtenir ses commentaires, mais n'a pas reçu de réponse.

Julie Veinot, directrice générale de South Shore Sexual Health en Nouvelle-Écosse, a expliqué que les citoyens de tout le pays devraient s'attendre à une couverture égale.

«Je suis tout à fait surprise qu'il soit même possible que certaines provinces n'obtiennent pas cette couverture», a-t-elle dit.

Mme Veinot a ajouté qu'elle s'attendait à ce que les libéraux maintiennent leur propre programme.

«Malheureusement, nous savons que le coût de la vie est extrêmement élevé en ce moment, alors nous ne voulons pas que les gens aient à choisir entre payer leur loyer et acheter des contraceptifs», a-t-elle ajouté.

Le Congrès du travail du Canada a célébré l'adoption de la Loi sur l'assurance-médicaments l'automne dernier, la qualifiant de victoire et de premier pas vers une solution que les syndicats préconisent depuis des années.

Elizabeth Kwan, chercheuse principale au Congrès, a déclaré que si le gouvernement ne parvient pas à conclure d'accords avec les provinces et territoires restants, il «rompt une promesse faite aux Canadiens».

«Le gouvernement doit comprendre que l'édification de la nation passe aussi par l'édification de la nation grâce aux programmes sociaux qui nous définissent en tant que Canadiens. Et je crois que c'est en partie ce qui fait de nous un pays souverain», a-t-elle dit.

Mme Kwan a ajouté que de nombreux Canadiens dépendent de la couverture des médicaments par leur régime d'assurance collective et que «beaucoup de gens au Canada perdent leur emploi ces jours-ci» — des milliers de personnes licenciées en raison de la fermeture de la Baie d'Hudson aux 10 000 emplois perdus dans les collèges de l'Ontario en raison des compressions et des annulations de programmes.

Les mises à pied et les pertes d'emplois devraient augmenter dans les secteurs exposés aux droits de douane, comme le secteur manufacturier et les industries liées à l'acier et à l'aluminium, a-t-elle déclaré.

«C'est pourquoi nous avons besoin d'un système public universel», a expliqué Mme Kwan.

— Avec des informations de Hannah Alberga, à Toronto